AGRICULTURE : la culture du spaghetti
Avec l'aide d'Alphonse, garde-champêtre
Avant-propos : la conformité à l'étymologie
italienne du terme exigerait que l'on dise un spaghetto, des spaghetti,
comme on dirait un confetto, des confetti. Pour une meilleure compréhension,
nous nous conformerons cependant à l'usage franco-français :
un spaghetti, des spaghettis, conformément aux recommandations
du Haut Conseil de la Langue Française.
La culture du spaghetti remonte à l'Antiquité gréco-romaine,
et l'archéologie en retrouve les traces chez les assyriens et en Mésopotamie.
Cependant, elle ne fut introduite en France que vers 1860, avec l'arrivée
de colons italiens jusque dans le Pas-de-Calais.

Contrairement à ce que prétend la rumeur publique, le spaghetti
n'est pas constitué avec de la farine de blé. Il s'agit là
de pâles imitations, que le palais d'un gourmet dénoncera à
la première bouchée. Le véritable et authentique spaghetti
est une plante à part entière, de la famille des légumineuses
et non des céréales, malgré les apparences. Cette plante
est affligée d'une caractéristique particulière, que les
biologistes qualifient de phototropisme négatif relatif.
Phototropisme négatif, c'est-à-dire tendance à pousser
dans le sens opposé à l'ensoleillement. Et relatif, parce
que la plante pousse quand même vers le haut. Expliquons-nous. A l'inverse
des céréales, le spaghetti, à maturité, développe
sa graine dans le sol, et non au sommet de sa tige. La tige pousse en mode aérien,
mais en partant de la base, là où les cellules se multiplient.
La tige, entièrement constituée d'une matière comestible,
sert en quelque sorte d'appât, ce qui permet de protéger efficacement
les graines des attaques des prédateurs. Ainsi, les insectes, les oiseaux,
les humains aujourd'hui, comme dans la préhistoire les dinosaures, s'attaquent
directement à la tige savoureuse en ignorant complètement la graine
fragile cachée dans la terre. C'est de cette manière que
l'Evolution a su perpétuer l'espèce du spaghetti sauvage
(spacettus silvestris) depuis au moins 150 millions
d'années.
En gros plan, on
constate aisément que la tige du spaghetti n'a pas le moindre rapport
avec celle du blé et des céréales en général.
Aucun épi ne montre le bout de son nez au sommet. Les graines
sont totalement invisibles aux prédateurs. La tige est raide
et sèche, elle atteint 1 m à 1,50 m
de haut. Seule la base, constituée de cellules neuves, reste
flexible sur une dizaine de centimètres. La moisson réclame
d'infinies précautions pour ne pas briser les tiges, d'où
l'utilisation d'engins spécialisés à la place
des moissonneuses-batteuses habituelles. C'est cette difficulté
qui explique la rareté du spaghetti authentique dans nos
champs, et les imitations courantes à base de blé
dur. Tortembruche dispose à cet effet d'un cabinet d'agronomes
experts en spaghettologie.
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