
Tortembruche-sur-Escaut
est une petite commune tranquille du Pas-de-Calais, sise sur la rive gauche
de la rivière qui figure dans son nom. La notion de gauche
s'applique au cours descendant de l'Escaut, car si vous vous envisagez le cours
montant, la gauche devient la droite, et réciproquement. Cependant, a-t-on
jamais vu une rivière au cours montant ? Les lois de la gravitation
ne permettent pas de telles fantaisies, à Tortembruche ni ailleurs.
Les exégètes
et spécialistes de tout poil se sont déchirés
sur l'origine du nom Tortembruche. D'aucuns ont allégué
la présence en nombre dans les cultures d'un insecte appelé
le bruche, de la famille des Bruchidés, du latin bruchus
et du grec broukhos, petit coléoptère dont les larves vivent
dans les graines des légumineuses. L'élément Torte
est visiblement un féminin archaïque de l'adjectif tors,
torse, qui signifie « tordu, difforme » ; il
ferait référence à des distorsions engendrées dans
les graines par la présence de ladite larve.

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Cette hypothèse serait
corroborée par la présence dans l'environnement tortembruchois
de nombreux champs de spaghettis, qui ondoient sur les collines tels des blés d'or sous
la brise artésienne, comme le montre cette photo (voir à
ce sujet la page Agriculture).
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Néanmoins, cette théorie est remise
en cause par ceux qui font remarquer à juste titre que la bruche n'a
été identifiée qu'en 1775, et que la culture du spaghetti,
issue de l'Italie méridionale, ne remonte pas au-delà du XIXème
siècle. Or, Tortembruche est d'origine gallo-romaine, comme en attestent
les restes archéologiques. L'étymologie de bruche remonterait
donc plutôt au latin populaire bruscia, qui a donné broce
ou broisse en ancien français, avec le sens de « broussaille,
bouquet d'arbres », l'articulation picardisante du terme faisant
le reste. Nous nous retrouvons ainsi dans les bois et les broussailles, ce qu'en
d'autres provinces on appelle le maquis, et l'on sait que Tortembruche
fut un haut lieu de la résistance à l'envahisseur romain, qui
considérait la région comme sacrément « tordue »
pour les légions.
Des documents parcellaires
attestent en outre que les anciens tortembruchois celtes entretenaient d'étroites
relations commerciales, politiques et familiales avec une tribu gothique peu
connue, celle des lumbagoths, issue de la courbure du Bas-Rhin,
tribu dont on sait aujourd'hui qu'eux aussi ils étaient particulièrement
tors, tordus. Vous trouverez toute la documentation archéologique
concernant les lumbagoths sur
le site de son découvreur. Le texte
de cette page est repris, un peu corrigé et remis en forme, dans
le document pdf que vous ouvrirez en
cliquant ici.
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La discrète commune
de Tortembruche-sur-Escaut a connu une célébrité mondiale au moment
où un auteur français y a situé l'action d'une de ses pièces
de théâtre, intitulée Le Cambrioleur récalcitrant,
dont vous trouverez le texte sur
la page de l'auteur. Rappelons que le
même auteur avait rendu célèbre la commune proche de Trolencourt
en y situant l'action de son premier roman, La Planète dans le bocal,
dont vous trouverez le texte sur la même page.

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Le
château de M. le Comte Antoine de Saint-Bernard, maire de
Tortembruche ; cet édifice est connu pour avoir servi
de modèle au château de Moulinsart, selon d'éminents tintinologues(1). Les vastes sous-sols creusés
dans la roche abritent des laboratoires d'analyse occupés
par les spaghettologues municipaux. L'étude du spaghetti
agraire nécessite en effet obscurité et fraîcheur,
en raison du phototropisme particulier de la plante (voir la page
Agriculture). C'est là que l'auteur aurait placé
le laboratoire de Tournesol, mais aucun risque d'explosion n'est
à craindre dans l'étude du spaghetti, contrairement
à ce qui se passe dans l'album de Tintin. (1)
On consultera à ce sujet : Moulinsart, un autre
regard, par Hippolyte de Trolencourt, suivi de Dupond-Dupont,
gémellité bidon, de Tintin, la
houppe ou la moumoute?, de Tryphon le typhon,
ou encore Tournesol, chapeaux ronds et idées carrées
(liste non exhaustive).
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