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LES PEUPLES INDO-EUROPÉENS

peuples - langue - sanskrit - gaulois

L'existence d'un peuple parlant la langue indo-européenne remonte au néolithique (rappel : néolithique = "pierre nouvelle" ; paléolithique = "pierre ancienne").

I - Théorie traditionnelle

Le schéma classique a été particulièrement développé par l'anthropologue français Georges Dumézil et l'archéologue Marija Gimbutas.

Le hittite est l'une des premières langues identifiées, vers 2000 avant Jésus-Christ, suivi à l'Est par l'indo-iranien, qui a engendré le persan et l'hindi. A l'ouest, on trouve le grec dès l'époque mycénienne (au XVème siècle av. J.-C.). On situe avant l'âge du fer (VIIIème siècle) la séparation des langues italiques (latin, sabin, etc.) et des langues celtiques. Ce schéma classique correspond à la théorie de la migration d'un peuple. Il s'appuie sur la découverte d'une culture homogène, celle d'un peuple issu des steppes de l'Asie centrale, dont on a des traces au VIème avant J.-C.

La région d'origine s'étendrait entre l'Oural, la mer Caspienne et la mer Noire, dans un site dit des kourganes, qui a donné son nom à la culture qui lui est liée : un kourgane (mot russe d'origine turque) est un tumulus funéraire, une sépulture collective, contenant parfois des centaines de corps. De ce site seraient parties 3 vagues successives d'envahisseurs, vers l'Inde et l'Europe.

Il s'agirait des peuples guerriers, semi-nomades, dans une société très hiérarchisée dominée par le chef de famille (le pater familias en latin). Ces peuples vont “rencontrer” les peuples dits de la “vieille Europe” entre 4000 et 3000 avant JC. Rencontrer, cela signifie affronter, mais pas seulement ; ils vont apporter une nouvelle culture, les deux cultures vont plus ou moins fusionner, par exemple en ce qui concerne leurs mythologies. On peut opposer ces deux cultures par le tableau suivant dû à l'archéologue Marija Gimbutas :

 

Culture de la vieille Europe

Culture des Kourganes

Économie

Économie

agricole (sans le cheval), sédentaire

pastorale (avec le cheval)

Habitat

Habitat

agglomérations vastes, villages et villes

petits villages, avec maisons semi-souterraines

Structure sociale

Structure sociale

société égalitaire, matrilinéaire

société patriarcale, patrilocale

Idéologie

Idéologie

pacifique, artiste, femme créatrice, déesse-mère

guerrière, homme créateur

Carte : les déplacements supposés des peuples des Kourganes

En ce qui concerne la Gaule, l'installation des Celtes se serait faite au 1er millénaire avant JC (achevée vers -500).

Carte : L'Europe linguistique à l'aube de l'Histoire

Carte : Les branches de la famille indo-européenne en Europe


II - Théorie nouvelle

D'autres chercheurs, comme l'orientaliste John Brough, contestent fortement le schéma classique, en s'appuyant sur d'autres données archéologiques. John Brough a même tourné en dérision le travail de Georges Dumézil en montrant que les prétendues valeurs originales de la civilisation indo-européenne se retrouvaient par exemple dans la Bible. Or, ce dernier texte appartient à une tout autre civilisation, la civilisation sémitique, liée à une autre famille de langues (hébreu, arabe).

De nombreuses données archéologiques semblent infirmer la thèse d'une migration d'un peuple depuis l'Asie centrale. Selon Colin Renfrew, de l'Université de Cambridge, le foyer des langues indo-européennes ne se situerait pas au-dessus, mais en-dessous de la Mer Noire, à l'est de la Turquie actuelle, et ce dès l'époque néolithique, vers 9000 av. J.-C. Le "moteur" de l'expansion serait l'invention de l'agriculture et de l'élevage, dans ce qu'on appelle le Croissant fertile. On sait en effet que le passage de l'état de chasseurs-cueilleurs à celui d'agriculteurs-éleveurs a permis aux populations d'accroître fortement leurs effectifs. Cela aurait donc engendré une très lente extension (quelques kilomètres à chaque génération), vers l'est et vers l'ouest. L'Europe aurait été atteinte vers 7000 av. J.-C., les indo-européens déplaçant ou assimilant les peuples non indo-européens (de chasseurs-cueilleurs). L'extension et la diversification des langues indo-européennes suivrait ainsi l'extension de l'agriculture et de l'élevage : 6000 av. J.-C. dans l'ouest méditerranéen, 5400 en Europe centrale, 3000 en Europe de l'Ouest et du Nord.

Autre remise en question par voie de conséquence : celle du peuplement celte, situé vers 500 av. J.-C. en Gaule dans la théorie classique. Ce peuplement serait en fait bien antérieur. On observe en effet des traces d'une culture pré-celtique homogène vers 2500 av. J.-C. dans une large zone qui va de la Bretagne à l'Europe centrale. Elle se caractérise par une forme très particulière de poteries, ce qu'on appelle les vases campaniformes, et ce aussi bien en Irlande qu'aux Pays-Bas, en Espagne ou en Hongrie. La toponymie (les noms de lieux) confirme aussi cette hypothèse. Les Proto-Celtes semblent bien avoir évolué tout seuls, sans qu'il soit question de migration ou d'invasion. Vers 2500 av. J.-C., c'est l'âge du cuivre qui se généralise (alors que l'image traditionnelle des Celtes est liée à celle du fer), on invente la roue à rayons, on utilise le cheval comme animal de trait et comme symbole du pouvoir, les réseaux d'échanges se développent. A l'époque du bronze moyen (1600 av. J.-C.), des entités territoriales se dessinent nettement, les réseaux d'échanges se font beaucoup plus larges, dans un grand complexe culturel nord-alpin. Au VIIIème siècle av. J.-C., c'est l'âge du fer, et les Celtes redeviennent plus conformes à l'image que nous en avions.

On remarquera que dans cette hypothèse, la culture des mégalithes (Carnac, Stonehenge...) est liée à celle des Proto-Celtes. La Bretagne peut se satisfaire de voir son histoire renouer avec sa préhistoire.

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