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Celtes et Gaulois

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I - Les Celtes

 Si l'histoire des peuples celtes est aussi difficile à connaître, c'est que leur origine remonte à la préhistoire, c'est-à-dire avant l'utilisation de l'écriture. Il ne reste donc aucune trace écrite de ce que furent les siècles ou les millénaires qui précédèrent le premier contact des Celtes avec le monde grec, au VIème siècle av. J.-C.

Le nom « Celte » apparaît vers 600 av. J.-C., au moment de la fondation de la colonie grecque de Massalia, future Marseille. Les grecs phocéens appellent alors Keltoi les peuples autochtones qui vivent au nord de leur colonie. Peut-être s'agit-il alors du nom d'une peuplade locale. Les grecs de l'époque ne connaissent probablement rien de l'ensemble des populations celtes vivant à l'intérieur de l'Europe. Leur connaissance date du Vème siècle av. J.-C., au moment où les Celtes font irruption dans le nord de l'Italie, avec leurs familles et leurs bagages, poussés vers le sud par un refroidissement général du climat au nord des Alpes. Les Étrusques ont à l'époque un alphabet inspiré de l'alphabet grec, qui permettra de transcrire les premiers mots celtes. Quelques rares inscriptions permettent de montrer l'existence d'un vaste ensemble de langues indo-européennes apparentées entre elles, dans une bonne partie de l'Europe, les langues celtes, appelées aussi galates.

Les envahisseurs celtes passent alors pour des barbares aux yeux des auteurs classiques méditerranéens, d'autant que ce sont de féroces guerriers qui, n'ayant pas peur de la mort, chevauchent nus et casqués leurs petits chevaux, avec à la main une longue épée de 80 cm. Au début du IVème siècle, une armée traverse les Apennins, conduite par Brennos. En 387 av. J.-C.,, celui-ci, avec ses 60 000 hommes, prendra Rome (là se situe l'épisode des oies du Capitole). Les Celtes pousseront ensuite jusqu'aux portes de l'empire d'Alexandre le Grand. Après des revers, ils fonderont le royaume de Galatie.

Malgré leur réputation, malgré les traces archéologiques qui attestent de grandes batailles (20 000 restes humains datés de 260 av. J.-C. sur le plateau picard de Ribemont-sur-Ancre) ou de sacrifices humains (des criminels probablement), les Celtes étaient loin d'être les barbares qu'on imagine. N'oublions pas en effet qu'il s'agit là d'un jugement porté par leurs adversaires et futurs vainqueurs. C'est en fait une civilisation brillante, avec une religion complexe (verser le sang n'est normalement pas permis, la guerre est un acte autorisé par les dieux, et qui permet d'atteindre l'immortalité). Les villes et les routes sont nombreuses, les échanges commerciaux sont abondants, les techniques sont évoluées. On a par exemple trouvé les restes d'une gigantesque mine de sel de l'âge du bronze, mine qui a d'ailleurs ravagé l'environnement de sa région, au point de provoquer sa propre perte, par épuisement le l'argile utilisée pour les moules en terre cuite. Mais le portrait que nous en connaissons a été dressé par leurs conquérants, c'est donc un portrait très simplifié et volontiers caricatural. En particulier, il ne faut surtout pas se fier aux descriptions de César.

II - La Gaule

De même qu'il n'y a pas un peuple celte (un empire?!), mais une multitude de peuples certes apparentés, mais se comprenant sans doute difficilement entre eux, et possédant des coutumes différentes, de même il ne faut surtout pas s'imaginer la Gaule à l'image de la France actuelle.

César disait lui-même, avant de se lancer dans sa conquête : « Ceux qui, dans leur propre langue, s'appellent Celtes, nous les appelons Gaulois. » Il s'agissait donc jusque là des peuples qui occupaient l'Europe, de l'Ouest atlantique jusqu'à la Hongrie. Puis, César le conquérant change de langage : « J'appelle la Gaule l'espace que je viens de conquérir. Et, de l'autre côté, ce n'est plus la Gaule, c'est la Germanie. » Il s'agit donc là d'une division arbitraire de César, alors que la civilisation est la même des deux côtés du Rhin. La Gaule est une création de César, qu'on prend pour un historien alors qu'il est un brillant propagandiste. Par la suite, on s'appuiera bien plus sur la légende que sur la réalité pour accentuer les divisions ou susciter l'unité nationale. En outre, le singulier Gaule est impropre, puisque dans l'espace ainsi défini vivent une soixantaine de peuples celtes, et César racontera d'ailleurs sa Guerre des Gaules.

Bien avant la conquête de César, la Gaule, comme les régions celtiques voisines de la prétendue Germanie, est riche, civilisée, les échanges commerciaux sont nombreux avec l'Italie (par exemple, Rome fournit du vin, contre... des esclaves). Les armées romaines seront d'ailleurs accompagnées par les grands négociants d'Italie, qui s'enrichiront beaucoup, comme César lui-même, grâce au commerce et à l'esclavage. Elles progresseront facilement en empruntant les grands axes routiers celtes, qui seront rebaptisés... voies romaines.

A l'âge du fer, les Gaulois développent une métallurgie poussée, au point qu'on n'a pas encore retrouvé par quel procédé ils obtenaient un fer aussi pur. Leur société comprend des agriculteurs, des artisans, des commerçants, et bien sûr des guerriers, avec une noblesse à cheval, ceux qu'on appelle donc les chevaliers, noblesse qui préfigure la future féodalité. Il n'en reste pas moins que les Celtes sont de redoutables combattants, grands et athlétiques, qui ne craignent pas la mort et ne fuient jamais devant le danger, raison pour laquelle ils étaient très recherchés comme mercenaires.

Quelques détails qui contredisent les idées toutes faites (lire à ce sujet Par Toutatis! de Christian Goudineau [professeur au Collège de France], Seuil, mars 2002, ouvrage dont s'inspirent une bonne partie de ces lignes) :

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