UNITÉS LINGUISTIQUES
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V – LES MORPHÈMES
Le morphème est l'unité minimale porteuse de sens, l'association minimale d'une forme et d'un sens. On isole les morphèmes par segmentation : injustement est constitué par le préfixe in-, le radical juste (adjectif), et le suffixe adverbial -ment. Par contre, on ne peut pas segmenter moustique, vapeur, dilapider, aucun des éléments ne correspond pour nous à un sens. Ce mot constitue donc un seul morphème, comme tous les mots simples de la langue française, et ils sont nombreux.
Les morphèmes peuvent être libres
(mots à part entière) ou liés
(éléments d'un mot).
Bien sûr, cela est à envisager en fonction de la langue actuelle, on conservera un point de vue synchronique, car certains mots correspondent à [préfixe + radical] en latin, sans que nous en ayons conscience : intéressant vient de inter + est (verbe être) + désinence de participe. Si ce n'est plus sensible, nous n'en tiendrons pas compte.
[dilapider < dilapidare = 1) joncher de pierres 2) disperser comme des pierres, gaspiller ; mais ceci n’est pas de la lexicologie moderne, et on n’a pas à faire le rapprochement avec lapider, lapidation]
Forme et sens : pour utiliser un vocabulaire plus linguistique,
on peut parler de l'association d'un signifiant
et d'un signifié.
Bien sûr, entre les morphèmes et le mot qu'ils constituent, il doit toujours rester un rapport de sens direct. Ainsi, ce serait artificiel de dissocier vapeur en va + peur (aucun rapport !).
Pour reprendre quelques termes et notions évoqués précédemment,
on utilise aussi bien la notion d'allomorphes pour les morphèmes que
pour les mots, pour désigner les variantes.
Les désinences
sont des morphèmes : le -s du pluriel est un morphème. Tous les
morphèmes qui contribuent à l'organisation grammaticale de la phrase sont appelés
morphèmes grammaticaux.
C'est le cas des désinences (pluriel, féminin, terminaisons verbales), mais
aussi des mots-outils,
qui marquent les relations entre les mots ou les groupes dans la structure de
la phrase : les prépositions, conjonctions ; les pronoms aussi,
qui n'ont de valeur sémantique que comme représentants ; les déterminants,
qui servent à actualiser les noms. Les morphèmes grammaticaux sont généralement
courts (parfois réduits à une lettre !). Ils sont supprimables dans un
style télégraphique (arrivons soirée vol Air France STOP préparer dossier
résultats vente). Ils sont en nombre limité, et en liste close : on
n'en crée pas de nouveaux, et une modification dans ce domaine apporterait un
bouleversement de la langue. Ex : l'introduction d'une 7ème personne
de conjugaison, ou d'un 3ème genre ! L'apparition d'une nouvelle préposition
ou d'une nouvelle conjonction n'est quasiment pas perceptible dans le cadre
d'une vie humaine.
On appelle morphèmes
lexicaux tous les autres éléments, qui sont porteurs
de sens, qui sont en liste ouverte, avec des créations et des disparitions.
Ce sont les mots simples, et les radicaux d'abord, qui constituent le lexique
(noms, verbes, adjectifs, adverbes).
Les préfixes
et suffixes sont un peu à part : ils sont porteurs de sens, mais
leur sens ne se manifeste que par rapport aux radicaux. Ils constituent une
liste qui n'est pas fermée, mais qui évolue peu. Le fait d'en rajouter ne bouleverserait
absolument pas la langue, et on en a rajouté un certain nombre dans l'histoire
du français, comme quand on a commencé à utiliser des mots grecs comme préfixes
(super, archi…). On peut imaginer que la langue évolue par adjonction
d'éléments anglais (ou autres). Ces morphèmes ne sont donc pas grammaticaux,
contrairement au point de vue de certains auteurs. On les qualifie d'affixes
lexicaux (ils s'associent aux morphèmes lexicaux).
[un affixe = un préfixe ou un suffixe]
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