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UNITÉS LINGUISTIQUES

l'écrit - l'oral - autres unités - problèmes - les morphèmes

N'importe quel discours (texte ou paroles), pour être étudié, doit être décomposé en unités. Celles-ci s'enchaînent, s'emboîtent selon un ordre et une hiérarchie.

L'ordre, cela peut paraître une banalité, c'est celui qui va d'avant en arrière. En fait, ce n'est pas une banalité : c'est une caractéristique fondamentale du langage articulé, et surtout des langues semblables au français. Les langues orientales, idéographiques, ne fonctionnent pas complètement ainsi à l'écrit, car un idéogramme représente une idée ; mais les idéogrammes se suivent. A l'oral, le chinois fonctionne d'avant en arrière comme les autres langues. En français, l'ordre des mots est important ; il l'est beaucoup moins en latin, mais on doit se fier aux désinences, qui établissent les rapports, ce qui est quand même un ordre.

Dans les autres modes de communication, l'ordre ne joue en général aucun rôle : on peut mettre un panneau de limitation de vitesse à côté d'un panneau d'interdiction de doubler, ou au-dessus, en-dessous... De même pour les symboles sur une carte routière, etc.

Le langage, pour l'essentiel, suit l'ordre du temps, ce qui se manifeste à l'écrit par un ordre de gauche à droite (l'inverse en arabe ou en hébreu). Les mots prononcés ne se rattrapent pas.

La hiérarchie, c'est l'organisation interne du discours, une structure qui ne consiste pas en une simple succession, une simple addition, de même qu'un organisme n'est pas une simple adition d'organes, ni un organe une simple addition de cellules.

A l'écrit et à l'oral, les unités ne sont pas les mêmes :

 

I – L'ÉCRIT

Les unités que nous allons ici reconnaître se retrouvent dans la la grammaire traditionnelle ; ce sont celles qui, par habitude scolaire, viendront le plus facilement à l'esprit.

La lettre est le signe écrit minimal, sans signification. Ce n'est qu'un outil de la langue écrite telle que nous la connaissons : rappelons que certaines langues ont connu des alphabets syllabiques, beaucoup moins pratiques. Le fait qu'exceptionnellement un mot puisse correspondre à une seule lettre (a [avoir], y) ne remet pas en question ce caractère.
Une analyse plus poussée, plus moderne, particulièrement dans la comparaison entre l'écrit et l'oral, s'appuiera de préférence sur le graphème : une
unité écrite pourvue d'une valeur quelconque. Cette définition volontairement floue permet de ne pas séparer les éléments constitutifs des groupes tels que ou / au / en / on, etc., qui constituent ce qu'on appelle des digrammes, soit deux lettres pour un phonème ; il en est de même pour eau / ain / ein, etc., qui constituent des trigrammes, soit trois lettres pour un phonème. Un graphème peut correspondre à un phonème, il est alors phonologique ; mais il peut aussi être muet, et jouer un autre rôle, par exemple morpholexical. Ces points sont développés dans les pages sur les systèmes orthographiques.

C'est une unité de forme et de signification : un mot signifie quelque chose de suffisamment compréhensible : cheval / malade... mais pas les préfixes et suffixes comme in- ou -able ; ou bien il joue un rôle pour la compréhension d'un énoncé (par exemple, une préposition). Les mots sont séparés par des espaces blancs (un mot est un segment de discours compris entre deux espaces blancs). Cette unité est donc établie pour la lisibilité d'un texte écrit.

Imaginer :

lepetitchaperonrougevavoirsagrandmère
lasoeurdemonamiepaulettesappellejulie

Détachement des mots, ponctuation, majuscules, signes typographiques divers, tout cela s'est établi (progressivement) pour la lisibilité.

Autres exemples :

pommedeterre / aufuretamesureque // chemindefer / detellesorteque

Pourquoi détacher les mots en écrivant ? Après tout, on écrit lendemain et non l'en demain ; lorsque, et non lors que (les enfants, et parfois les étudiants, écrivent : parceque [ pasque ?] quelquechose / entrain de...). C'est l'usage qui a fixé l'orthographe, laquelle évolue lentement. On garde des mots séparés quand la fusion risque de poser un problème de lisibilité. Mais la dernière réforme de l'orthographe recommande de souder les mots composés quand c'est possible.

L'unité que constitue le mot pose des problèmes, que nous envisagerons plus loin.

La phrase est une unité de discours, une unité complexe ; c'est en principe un énoncé : un message suffisamment complet, compréhensible, une unité de communication, quelle que soit sa longueur :

La phrase est délimitée par la ponctuation, en principe une ponctuation forte, le point.

La reconnaissance de la phrase pose des problèmes, que nous envisagerons plus loin.

C'est tout ce qui est écrit.

On distinguera pourtant au moins deux formes de discours, qui se distinguent grâce à la ponctuation :

On distinguera les paroles (le discours direct) du récit. Le discours indirect intègre les paroles dans le récit. Voir à ce sujet les pages sur l'énonciation.

 

II – L'ORAL

Les linguistes établissent une hiérarchie différente sans se soucier de l'écrit, qui n'est a priori qu'une transcription de l'oral.

C'est le son minimal, dépourvu de signification.

Nous l'avons déjà précisé, un phonème peut s'écrire avec plusieurs lettres ; ex : au [o] constitue un digramme, eau [o] constitue un trigramme ; une lettre peut correspondre, exceptionnellement, à deux phonèmes comme le x [ks / gz] ; une lettre peut avoir aussi plusieurs prononciations différentes. La langue française est phonologique, mais pas phonétique : la correspondance n'est pas complète entre lettres et phonèmes.

En phonologie, la délimitation des phonèmes est propre à chaque langue.

Le groupe se discerne à l'oral, non par une pause, mais par la ligne mélodique (ou un accent tonique dans une autre langue). L’oral ne détache pas les mots ; au contraire, il établit des liaisons. Tout ceci apparaît dans les transcriptions phonétiques.

Elle est marquée par une pause de la voix, et c'est un énoncé signifiant, un message. Sa délimitation peut poser des problèmes (il suffit d'écouter les personnes interviewées !).

Comme à l'écrit, c'est tout ce qui est dit, et il y a des types de discours différents qui peuvent s'entrecroiser.

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