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Mandoline Électrique

 

Ma mandoline électrique unique au monde...

Additif août 2014 : le choix des cordes pour une mandoline électrique. A défaut de trouver un jeu de cordes en acier pour mandolines, on utilisera des cordes de guitare électrique achetées à la pièce. Personnellement, j'ai monté un jeu Ernie Ball Medium Gauge (n° 2320), en acier, tirants 10/14/24/36. Plus ou moins souples, à chacun de voir selon son jeu. Pour des cordes à la pièce, si la mando est prévue pour des cordes à boucle, il faudra casser la boule avec une pince, en la prenant par le côté. J'insiste : pas de cordes en bronze, elles ne conviennent pas pour un instrument électrique.

Cette page est consacrée à la construction d'une mandoline électrique, que je pourrais qualifier de mandoline du pauvre ou mandoline électrique de bricoleur, comme j'ai fait une guitare électrique de bricoleur. Attention, il ne s'agit pas ici de l'oeuvre d'un luthier, mais de celle, j'insiste, d'un bricoleur patient avec des outils standards. Le résultat reste certes un peu rustique, comme pour ma guitare. Pour un bel instrument, adressez-vous à un vrai luthier, il n'en manque pas en France. Outre les modèles électro-acoustiques (Ibanez, etc.), quelques marques fabriquent aussi de jolis modèles de mandolines complètement électriques, comme Fender avec sa Mandocaster, à 4 cordes au lieu de 8 ; ou surtout Bacorn, dont je me suis un peu inspiré, qui produit un superbe modèle en érable ondé, la Les Paul de la mando, si vous disposez de 1700 dollars...

A vrai dire, j'ai réellement reconstruit ma mandoline électrique, à partir de celle que j'avais payée, euh... 150 Francs, en euh... Bulgarie, vers 1975. Je n'ai conservé que le manche, que j'ai toutefois raboté (non : râpé) car il était épais, dont j'ai un peu limé les frettes, et que j'ai collé au corps. Le manche d'un instrument, si on veut en faire un, est la partie la plus difficile à réaliser, car il faut être ultra-précis, en commençant par prendre les mesures exactes sur une mandoline normale. Une bonne solution serait de récupérer une mandoline cassée et d'utiliser le manche pur construire une électrique.

Voici l'état de mon instrument vers 1980, déjà bricolé. Le corps de l'instrument est peu épais, recouvert d'une peinture rouge brillante, avec une plaque de plastique doré. J'ai enlevé la peinture noire qui couvrait le manche, touche comprise, et passé un vernis teinté sur ce bois blanc ; j'ai aminci ce manche trop épais et un peu retouché la forme de la tête sur le sommet ; le manche est vissé. J'ai remplacé les 2 micros d'origine par deux autres : en grave (manche) un micro de Fender Mustang, celui que j'ai conservé ; en aigu un vieux micro de Telecaster que m'avait revendu Michel Scamps, qui a aujourd'hui perdu toute sa puissance, I don't know why. A noter que les micros d'origine n'étaient pas mauvais, mais un peu sourds ; l'un d'eux se trouve actuellement... sur ma basse Fender Musicmaster. J'ai conservé la marque ORPHEUS, encore collée sur la tête.

Le choix du bois : à défaut de bois de lutherie, on trouvera des tablettes de pin dans un magasin de bricolage, pour faire le corps de l'instrument. Pour le manche, c'est une autre paire de manches, si j'ose dire. En acajou ou palissandre, touche en ébène, il ne faut pas rêver ; ce sont des bois précieux et chers, et si on rate son coup, on est dans la panade. Le bois dur du pauvre, c'est le chêne. J'ai fait ainsi ma guitare électrique en puisant le corps dans un bastaing de sapin, et le manche dans une belle barre de chêne. Le corps pourrait aussi être en chêne massif, mais il serait plus difficile à travailler. Le (sa)pin est un résineux qu'on creuse aisément, sans risque de casser la lame de la scie sauteuse, il est bon marché, facile à trouver, et procure une certaine résonance. J'ai donc utilisé une planche de pin de 30 cm de large et 2 cm d'épaisseur, dans laquelle j'ai taillé deux morceaux, ce que je vais expliquer.

Se faire un modèle : plus exactement, ce que les couturières appellent un patron.

Voici le patron, découpé dans une feuille de carton mince. Cliquez sur l'image pour l'agrandir. Ceci représente le morceau du dessus ; celui du dessous est identique, avec 1 cm de plus au niveau du manche. Dans chacun des deux morceaux, je peux creuser de part en part les trous nécessaires aux micros sur le n°1, au potentiomètre et à l'inverseur sur le n°2.
Je n'ai pas d'outils de luthier, comme la défonceuse, efficace mais dangereuse. Je creuse à la perceuse, je termine avec de petites meules, ou à la râpe, ou au ciseau.

Découpe : le premier morceau est conforme à l'image ci-dessus, avec un petit prolongement qui m'a été rogné par le scanner du côté du manche, mais il suffit de continuer l'arrondi ; 30 cm en longueur, 21,5 cm dans la plus grande largeur. Le trait au milieu permet de respecter la symétrie, particulièrement pour placer le manche. J'ai creusé des avant-trous à la perceuse, et découpé à la scie sauteuse. Ce sera le morceau du dessus. Celui du dessous est identique, avec 1 cm de plus dans le prolongement du manche. Après fin des découpes et affinage, les deux morceaux seront collés l'un sur l'autre. L'épaisseur de la caisse sera donc de 4 cm, moins les miettes du ponçage.
Dans le morceau du dessus, je découpe soigneusement l'emplacement du manche, qui va donc entrer là sur l'épaisseur de 2 cm, et posera sur la pièce du dessous. J'ai découpé aussi complètement la forme du micro grave (Fender), avec avant-trous et scie sauteuse. Pour mon 2ème micro, plus plat, j'ai simplement creusé au ciseau à bois sur 1,5 cm, mais c'est propre à ce type de micro qui est un peu plus plat que l'autre. Malgré les avant-trous, il n'est pas facile de travailler proprement avec le ciseau, et j'ai dû corriger à la pâte à bois.
Le pointillé autour des potentiomètres marque la forme qui est découpée entièrement sur la pièce inférieure, et seulement creusée par-dessous dans la pièce supérieure, sur plus d'un centimètre et demi ; creusement au ciseau avec avant-trous à la perceuse, et finition à la fraise. Deux trous pour le potentiomètre de volume et le sélecteur de micros, je me suis dispensé du potentiomètre de tonalité que je n'utilise jamais. Le dessin à gauche correspond au cordier qui sera vissé là.

Assemblage :

Voici les pièces détachées. Les bords vont être affinés à la râpe à bois, puis poncés. Quand les deux morceaux seront ajustés l'un à l'autre, ils seront collés à la colle à bois, tenus par des serre-joints. Ici, la pièce du dessous n'est pas encore évidée à l'emplacement des potentiomètres. Une petite plaque de bois cachera ensuite cet emplacement en-dessous. Le manche sera collé, reposant complètement sur la pièce du dessous qui, on le voit, comporte un prolongement d'un centimètre, de même largeur que le manche. J'arrondirai ensuite ce petit morceau par l'arrière, à la râpe à bois.

Ici, les deux pièces ont été collées. Je finis l'ajustement des bords à la râpe à bois, puis avec la ponceuse, feuille à gros matériau d'abord, puis grain de plus en plus fin. Comme ce n'est jamais parfait, et pour éviter qu'on voie qu'il s'agit de deux pièces assemblées, je passe un enduit sur tout le côté, une pâte à bois de ma fabrication : sciure de bois pulvérisée (au moulin à café !) mélangée à de la colle à bois, reponcée après séchage. Deux couches successives. De sapin pour les gros trous, d'un bois plus foncé pour le côté, de chêne foncé autour du manche et du micro aigu. Pour que ce soit propre et droit, je pose du ruban collant comme celui qu'on utilise pour peindre sans tacher la tapisserie.

Le potentiomètre de volume, le sélecteur et les boutons ont été achetés en magasin (Milonga). J'ai acheté également un jeu de mécaniques pour guitare électrique (3 gauches + 3 droites). Problème : il n'y en a que six. J'ai d'abord fouillé dans mes pièces de récupération pour en trouver deux autres, mais j'ai fini par racheter un jeu en juin 2012 (mécaniques Fender à 13 € chez Euroguitar), ce qui m'en laisse 4 inutilisées. Le chevalet est de la récupération aussi. Coût des pièces : 45 €.

Le micro en position grave (manche) vient d'une Fender Mustang que j'ai possédée autrefois (vous savez, le son des années 60), et où j'avais mis des Di Marzio de remplacement pour avoir plus de pêche. Le micro aigu (chevalet) provient d'une basse bon marché sur laquelle j'avais mis aussi un Di Marzio ; très quelconque en basse, il passe pourtant bien les aigües sur la mandoline, et il est puissant. Le 2ème micro de cette basse se trouve sur ma guitare électrique, dans la même position. Il me semble que les micros qui conviennent le mieux sont les Fender ou leurs imitations. Un luthier peut revendre des micros d'occasion, mais il y a aussi de bons micros Seymour Duncan ou Di Marzio.

Il ne faut pas oublier de faire le contact entre l'ensemble cordes + cordier et la masse, pour éviter les bruits parasites. Pour cela, un trou dans le bois creusé en biais sous le cordier m'a permis de passer un fil jusqu'à la partie évidée, fil relié à la masse au niveau du jack. Celui-ci a été fixé sur le côté, et il faut donc penser à évider le bois à ce niveau avant d'assembler. Le trou du jack sera fait après collage.

Une petite barre vissée sur la tête appuie sur les cordes pour qu'elles ne frisent pas au niveau du sillet. Je l'ai découpée dans un morceau d'aluminium. Pour les décorations, j'ai d'abord mis bêtement des sticks, n'ayant pas trouvé d'éléments en nacrine à incruster. En juin 2012, j'ai fait un dessin à ma façon avec un tube de Cern'couleurs Vitrail Or de Lefranc & Bourgeois ; après avoir repeint la tête en noir (acrylique mat) ; et j'ai passé un vernis incolore brillant sur toute la tête.

J'ai utilisé un vernis chêne clair sur le corps, et palissandre sur le manche. Un dégradé sur la caisse eût été plus joli, mais j'ai craint de le rater. Plus un petit liseré à la peinture rouge sur le bord pour souligner.