DES ANNEES CHARGÉES : de l'automne 1973 au printemps 1976
1973-1974
Nous parlons toujours en saisons, ou années scolaires, je vous le rappelle. Je vous l'ai déjà dit, mais vous ne faites pas attention. Que se passe-t-il donc dans le microcosme folk cette saison-là ?
Dans
la région Nord, le groupe Mabidon assure des bals folks, La Cour des
Miracles développe un folk original qu'on peut qualifier de
progressif (voir leur site: http://cdmiracles.free.fr/index.htm). Nos
musiciens entretiennent des rapports réguliers avec leurs confrères
régionaux, soit en se rendant chez eux à Lille, soit en les faisant
jouer au Foyer Albert Camus de Lens.
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Mabidon |
Bal folk avec Mabidon |
Pendant l'été 1973, nouveaux stages déterminants pour l'un ou l'autre. Ces stages sont organisés à l'époque par le Folk Club Quincampoix, un magasin de musique parisien, rue Quincampoix, dont les deux gérants, Luc et Gérard Charnoz, ne se contentent pas de vendre des instruments, mais sont aussi très actifs pour répandre la « bonne musique », c'est-à-dire le folk ; Luc est luthier, Gérard a inventé une méthode d'écriture musicale. Ils connaissent du monde dans le milieu musical, tous les musiciens folk et bluegrass de la région parisienne ou lyonnaise font partie de leurs relations. Au premier plan, le célèbre guitariste Marcel Dadi, d'abord vendeur dans le magasin, et qui fondera son propre magasin quand il sera devenu célèbre.
Ce
mois d'août 1973, Bernard et François partent bravement pour Poitiers
(sans Jean-Jacques). François y apprend le banjo frailing avec François
Vercambre ; il apprend vite, mais il n'aura pas l'occasion de le pratiquer
par la suite.
Pour Bernard, c'est la guitare picking avec Gary Peterson, et c'est aussi l'initiation à la mandoline, avec
Laurent Vercambre : membre du groupe Malicorne, excellent guitariste
et violoniste par ailleurs, touche-à-tout talentueux et plein
d'humour. A la mandoline, les petits morceaux folk, la Quenouillée (bourrée
berrichonne),
un Andro breton, des Branles de Bourgogne, ça fait partie du
« facile », comme disent les bluegrasseux avec une pointe
de mépris – ça fait partie aussi du répertoire de La Grande
Folque. Mais Laurent initie Bernard à des ragtimes qui swinguent, et
surtout au jeu de la mandoline bluegrass. Avant le stage, Bernard s'est acheté
une mandoline japonaise en forme de poire ; les prestigieuses Gibson planant
pour l'instant à des hauteurs inaccessibles dans les nuages de ses rêves,
il en a décoré la tête d'un sigle « Gibeçon »
découpé en papier doré.
Bernard et François auront
l'occasion de voir l'excellent guitariste Gary Peterson se produire à
Hénin-Beaumont. Ils constateront qu'il a fait réparer le trou
dans sa vieille Martin, mais pas l'inscription au stylo à bille sur la
table : « De tout mon cœur (dessin), Lucienne Boyer ».
Dans
ce même stage, c'est François Vercambre, le frère du précédent,
qui officie au banjo, tous styles. Quarante-cinq ans plus tard, il anime encore avec persévérance
des stages de formation.
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Devant, Laurent
Vercambre à la guitare à gauche, son frère
François au banjo, |
Malicorne, Laurent Vercambre au violon |
François Vercambre, |
De nouvelles relations se nouent avec d'autres stagiaires. En particulier, un certain Sten (Claude Steenhoute), banjoïste barbu, dessinateur de talent. Sten a dessiné entre autres des pochettes de disques, ainsi que l'auto-collant en forme de camembert du Folk-Club Quincampoix « 38% matière bluegrass » (au n°38 de la rue) qui orne nombre de caisses d'instruments chez les clients folkeux. De son côté, Jean-Jacques profite d'un voyage aux Etats-Unis pendant l'été pour s'acheter un nouveau banjo, à Atlanta. C'est un Gibson RB 100, sur lequel il jouera désormais. Il raconte, goguenard, le regard soupçonneux d'un douanier au retour, quand il lui demande : « Qu'est-ce que c'est que cet apparrrreil ? » |
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Fin
mars début avril, nos musiciens se retrouvent invités pour un
week-end chez Sten.
Une maison au calme, en bordure d'une forêt dans l'Oise ; le décor
idéal pour laisser crépiter des rafales de banjo et des montées
chromatiques meurtrières.
Là, le 2 avril 1974, ils apprennent la mort du président Georges
Pompidou, qui ne jouait pas de Bluegrass. François se souvient encore
de ce voisin célibataire, surnommé Le
Poubelleux,
qui vient annoncer cette nouvelle inattendue. Personne ne veut le croire, au
point qu'on lui dit en substance : « Si tu voulais boire un
coup, tu pouvais venir, sans justifier ta venue par une énormité... ».
Là,
plus important pour la marche du monde, Bernard voit un mandoliniste interpréter « Daybreak in
Dixie », qui paraissait une montagne pour un débutant, et
Jean-Jacques lui glisse : « Tu vois, que c'est faisable ».
Sitôt dit, bientôt fait. Le répertoire de La Grande Folque va
prendre un tour décisif. D'autant que...
D'autant que quoi ? Pour le savoir, tournez vite la page en cliquant sur la guitare :
Photos :
http://archivesdufolk59-62.blogspot.fr/2009/10/la-cour-des-miracles.html
http://archivesdufolk59-62.blogspot.fr/2014/11/mabidon-40-ans.html
Malicorne :
http://mangemesdix.blogspot.fr/2014/12/1974-par-12-40-ans-deja-deuxieme-partie.html
François
Vercambre : http://folkobourg61.monsite-orange.fr/stagebanjoguitare/index.html