Exercices sur l'histoire de l'orthographe
Voici quelques extraits de textes du XVIème ou du XVIIème siècle, à commenter. La question consiste à relever tout ce qui n'est pas conforme à l'orthographe actuelle, et à expliquer pourquoi l'on écrivait les mots ainsi à l'époque.
E. Jodelle, 1558 :
Si iamais rochers et bois
Ma force dans soy sentirent
Si
sous ma vois, sous mes dois
S'arrachans ils me suiuirent
Suiués
rochers, et auecq'vostre Orphee
Admirés moy d'vn grand Roy le
Trophee.
L'académicien Mézeray, fin XVIIème :
La Compagnie declare qu'elle desire suiure l'ancienne orthographe qui distingue les gents de lettres davec les ignorants et les simples femmes, et qu'il faut la maintenir par tout, hormis dans les mots ou un long et constant usage en aura introduit une contraire.
(Ces deux textes n'ont pas été donnés à l'examen)
Rabelais (Gargantua, chapitre XVI) :
[Gargantua, sur sa jument géante, traverse une forêt
infestée de frelons, ce qui énerve l’animal, qui abat tous les arbres avec sa
queue pour tuer les insectes…]
Ainsi joyeusement passerent leur grand
chemin, et tousjours grand chere, jusques au dessus de Orleans. Au quel lieu
estoit une ample forest de la longueur de trente et cinq lieues (…). A tord, a
trauers, de ça, de la, par cy, par la, de long, de large, dessus, dessoubz,
abatoit boys comme un fauscheur faict d’herbes, en sorte que depuis n’y eut ne
boys ne freslons, mais feust tout le pays reduict en campaigne. Quoy voyant,
Gargantua y print plaisir bien grand sans aultrement s’en uanter, et dist a ses
gens : « Je trouve beau ce », dont fut depuis appelle ce pays la
Beauce.
[frelon : une forme forsleone est attestée au VIIIème
siècle]
Du Bellay :
Quant le roy Desier entendit le bruyt des gensdarmes fut moult esbahy et ne scauoit que ce uouloit dire, si monta sur les murailles de la ville et ua appeler ung des chevalliers du roy et luy dist « gentil chevalier que ie parle auecques vous... »
Pourquoy m'offense tu, qui ne t'ay faict offense...?
(...)
Qui
t'ha, chien envieux, sur moy tant animé...?
Cestui-cy
me degouste, & ne pouvant rien faire
Qui
luy plaise, il me fait egalement desplaire
Tout
ce qu'il fait luymesme, & tout ce que je fais.
Du
Bellay :
(les uns diront que...) Les aultres, que ie n'ay pas gardé l'ordre : nommant quelques ungs les derniers, qui méritoient bien estre au premier ranc.
Phrases
du XVème siècle (Ogier le Danois) :
Idem :
Quant Charlemaigne entendit le grant bruyt des Francois qui retournoient si asprement si fut moult esbahy et demanda qu'ilz (= ce qu'ils) avoient (...) et lui fut dit par ung chevalier francois comme ilz avoient rencontre le filz du roy Corsuble...
Dans le texte de Du Bellay suivant, relevez les plus intéressantes graphies qui ne correspondent pas à l'orthographe moderne et expliquez-les (en évitant de vous répéter) :
Pourquoy
me gronde tu, vieux mastin affamé,
Comme
si Dubellay n'avoit point de defense ?
Pourquoy
m'offense-tu, qui ne t'ay faict offense,
Sinon
de t'avoir trop quelquefois estimé ?
Qui
t'ha, chien envieux, sur moy tant animé,
Sur
moy, qui suis absent ? croy tu que ma vangeance
Ne
puisse bien d'icy darder jusques en France
Un traict, plus que le tien, de rage envenimé ?
Dans l'extrait suivant de Du Bellay, repérez les mots dont l'orthographe n'est pas conforme à l'orthographe moderne, et dites pourquoi ils s'écrivaient ainsi au XVIème siècle (regroupez les réponses similaires) :
Donc l'eternelle nuict a ta clarté ravie,
Et je ne t'ai suiui parmi ces obscurs lieux ?
Toy qui m'a plus aymé que ta vie & tes yeux,
Toy, que j'ay plus aymé que mes yeux & ma
vie ?
Helas, cher compaignon, que ne puis-je estre encor... ?
(poème à propos de la mort d'un ami)