Histoire d'un des tout premiers groupes Folk de la région Nord,
1971-1977 et au-delà

Rédaction Bernard Bouillon à partir de la documentation de François Robert
et autres documents fournis par les musiciens du groupe

1ère partie : LES ORIGINES, 1971-1972

On sait que le premier âge de l'Univers est qualifié d'âge obscur. La densité de l'énergie et des corpuscules était telle en effet que les photons ne parvenaient pas à traverser, et aucune image ne peut en être disponible même avec les plus puissants télescopes. Pour La Grande Folque, il en est de même : on ne dispose d'aucune photo de cette période à la fois lumineuse et sombre. Lumineuse, parce qu'elle fut créatrice des fondements musicaux, et sombre parce le smartphone et le selfie n'avaient point encore été inventés ; on sortait alors tout juste des plaques d'étain de Nicéphore Niépce et Louis Daguerre, à peu de choses près, et la vision des taureaux était en noir et blanc face à la cape rouge du toréador. On va dire, pour les taureaux, rien n'a changé, mais nous sortons du sujet.

Le groupe La Grande Folque est né de la rencontre de deux musiciens en septembre 1971 : Jean-Jacques Troclet et Bernard Bouillon, tous deux jeunes profs tout neufs au Collège Michelet de Lens, le premier en mathématiques et le second en français. Il est des rencontres de ce genre qui vous scellent un destin, comme celles de John Lennon et Paul McCartney, de Starsky et Hutch, de Wallace et Gromit, de Tintin et du capitaine Haddock.

 

Jean-Jacques était le plus avancé dans le style qui sera le leur. Il portait encore l'infini regret de n'avoir pu apprendre la trompette dans son enfance, ayant dû se contenter, piètre consolation, d'une flûte à bec offerte pour sa communion. Pour se venger, adolescent, il apprit la guitare, nettement plus efficace que la trompette pour séduire les filles. Au moment de la rencontre décisive, il jouait déjà du picking sur une guitare folk Yamaki, et du banjo sur un Fender : c'était là le fruit d'un premier stage à Carcassonne en août 1971, stage encadré par le franco-américain Steve Waring (mais si, souvenez-vous, « Jean Petit il danse », « la baleine bleue », « le matou revient »... Ah ! Vous voyez bien !).

Photo 1975

Bernard avait démarré sa formation musicale à l'âge de 7 ans, avec 7 ans de solfège et de saxo – instrument qui lui laissa un souvenir impérissable. Au moment de la rencontre, il jouait de la guitare depuis 7 ans, et on aura alors une pensée émue pour Blanche Neige et ses 7 mains fort utiles pour les instruments à cordes. Il accompagnait ses propres chansons ou celles de ses vedettes préférées (Hugues Aufray, Georges Moustaki...) sur ce qu'il appellera lui-même des « casseroles en contreplaqué ». Il avait appris les bases de l'instrument en hypokhâgne au Lycée Faidherbe de Lille, comme quoi l'internat peut aussi avoir des côtés positifs. Les bases, c'est-à-dire les accords simples et des rythmiques.

Photo 1974

Cette année-là, fin 1971, Jean-Jacques initie Bernard au picking folk. Bernard achète sa première guitare folk, une Epiphone à petite caisse et manche fin, plus facile à utiliser qu'une dreadnought pour un débutant. Tous deux intègrent aussi la chorale A Cœur Joie du Foyer Albert Camus de Lens, à l'instigation d'une collègue. Ils composent également un trio chantant avec une jeune collègue, Liliane Ravel. Cette initiation au chant choral jouera plus tard un rôle non négligeable dans l'évolution et l'histoire du groupe.

Jean-Jacques était bon guitariste. Il interprétait des compositions personnelles complétées parfois par la deuxième guitare d'un comparse rencontré lors du stage de Carcassonne, Jean-François Tavernier, de Saint-Quentin. Cette première année musicale fut très marquée par le folk américain alors en plein boom : Joan Baez, Peter, Paul and Mary, Buffy Sainte-Marie, Judy Collins... Des chants en anglais à deux guitares et deux voix, voire trois avec Liliane.

Pour le banjo, laissons parler l'intéressé, que notre reporter est parvenu à interviewer au péril de sa vie sur les pentes alpines où règne le féroce Dahu :
« Le banjo, je l’ai découvert lors de mon premier voyage aux States.
J’avais un peu le son Bluegrass dans l’oreille (radio ??) mais c’est lors d’une visite à Greenwich Village à New-York que j’ai vu et entendu un groupe de bluegrass et que j’ai surtout découvert le banjo et ce qui faisait la particularité de son jeu (la cinquième corde).
J’ai acheté mon premier banjo (un Fender) à mon retour, chez Paul Beuscher à Paris. Il n’était pas très bon et j’ai eu rapidement des soucis avec la clé de cinquième corde.
Je n’ai pas souvenir d’avoir sérieusement travaillé le frailing.
J’ai par contre été très vite attiré par le style de Scruggs, des Dillards, … »

Mais ne brûlons pas les étapes.
Car le nouvel événement déterminant, ce fut...

LE STAGE A CARCASSONNE EN AOUT 1972 !

Pour découvrir le secret de ce stage, tournez vite la page en cliquant sur la guitare :

Notes :


 © Bernard Bouillon 2018