Les consonnes et semi-consonnes
[la description générale des consonnes utilise l'orthographe courante, certaines consonnes seront exprimées entre guillemets avec l'orthographe française ; la description particulière de chaque consonne utilise l'API ; les transcriptions en API sont entre crochets]
Les consonnes sont des bruits, qui évoquent des explosions ou des frottements, produits par le souffle heurtant divers organes dans la gorge ou la bouche. Elles ne peuvent pas constituer des syllabes à elles seules. Elle commencent ou terminent les syllabes, elles forment les charnières entre les syllabes. Même si on peut faire durer une partie d'entre elles (-sss...), dans l'articulation réelle, on ne les fait jamais durer.
On les distingue selon un certain nombre de critères :
1) Sourdes ou sonores
Elles sont sonores, ou voisées (phénomène de voisement), quand les cordes vocales participent à l'émission du son, et vibrent.
Ainsi, [b – d – v – z – g] sont sonores, ainsi que toutes les nasales en français actuel [m - n]. Il suffit de poser les doigts sur la pomme d'Adam pour le sentir. Attention : la consonne [b] ne doit pas être prononcée "bé", mais "b'...", sans voyelle, "s" doit être prononcée "sss..." et non "esse", etc.
Les autres consonnes sont sourdes, non voisées : [p – t – f – s – k]. On remarquera qu'il y a de manière presque systématique des "couples" de consonnes sourdes / sonores, avec la même articulation, sauf ce trait particulier : [p / b] [s / z]...
2) Nasales ou orales
Pour les consonnes nasales, même si la bouche est fermée, le souffle s'échappe par le nez, et les fosses nasales résonnent : [m – n].
Les autres consonnes sont orales (tout simplement, il n'y a rien à signaler sur ce plan).
3) Le mode d'articulation
Les consonnes occlusives : la fermeture complète et
l’ouverture brutale produisent un son de type explosif. On
appelle aussi ces consonnes explosives, ou momentanées (pas de durée) : [p – b –
t – d – k –g]
Les consonnes fricatives (ou constrictives, spirantes) : un rétrécissement des parois
produit un frottement, mais l’air passe, et ces consonnes peuvent
durer : [f – v – s – z], raison pour laquelle on les
appelle aussi continues. Dans l'articulation réelle, on ne les
fait pas durer. Note : en latin, fricare signifie
"frotter".
Les liquides, vibrantes, sifflantes, chuintantes sont des fricatives : ces termes sont utilisés en fonction de l'impression produite.
4) Le point d'articulation
C'est l'endroit où se situe l'obstacle : les lèvres / les dents / ou le dessous des dents : les alvéoles / le palais (la partie dure, centrale) / le voile du palais (le fond, la partie molle), voir le schéma sur la page Phonétique articulatoire.
Les consonnes ainsi obtenues sont dites : labiales [p – b – m] / dentales [t – d] / alvéolaires [l – s – z] / palatales ("ch" / "ge...") / vélaires [k – g]
En fait, la description
complète signale à la fois l'un des quatre obstacles
énumérés ci-dessus, et la partie de la
mâchoire inférieure qui se soulève pour participer
à l'obstacle : si on utilise l'apex, la pointe de la langue, les
consonnes sont apicales ; si c'est le dos de la langue, les consonnes
sont dorsales.
Ainsi, [p] est bilabiale, [k] est dorso-vélaire, [1] est apico-alvéolaire, [f] est labio-dentale, etc. Ceci en plus des autres caractéristiques : sourdes / sonores – nasales / orales – occlusives / fricatives...
Les semi-consonnes
Une semi-consonne (ou semi-voyelle) est en fait une consonne. Ce sont des fricatives sonores, mais leur articulation se situe au même endroit que certaines voyelles qui leur correspondent, ce qui justifie d'ailleurs qu'elles soient toutes sonores, et qui est marqué souvent par l'orthographe. Elles sont aussi brèves que les consonnes, et constituent comme elles la charnière entre les syllabes. Le français en compte 3 :
est la
semi-consonne appelée yod ressemblant à la
voyelle "i" : on la trouve dans des mots comme deuil, paille, payer
[ dœj / paj / peje ].
est proche de
la voyelle "u" [y], dont elle prend l'orthographe : la nuit.
est proche de
la voyelle "ou" [u] : oui, un kiwi, un watt [ wi / kiwi / wat ].
Description détaillée des consonnes
Consonne occlusive, bilabiale, sourde. Sa transcription phonétique est conforme à son orthographe, si l'on excepte bien sûr les consonnes finales muettes (un coup), et certains cas particuliers comme absurde [apsyRd], où le -b- est assourdi par la consonne sourde -s-.
Consonne occlusive, bilabiale, sonore, consonne "soeur" de la précédente dans le couple sourde / sonore, si l'on peut se permettre ces métaphores hardies. Sa transcription phonétique est conforme à son orthographe, sauf les cas signalés ci-dessus.
Consonne occlusive, apico-dentale, sourde. Sa transcription phonétique est conforme à son orthographe, avec les mêmes réserves.
Consonne occlusive, apico-dentale, sonore, "soeur" de la précédente. Mêmes remarques pour l'orthographe.
Consonne occlusive, dorso-vélaire, sourde. Elle est en fait dorso-vélaire devant des voyelles d'arrière (postérieures) comme [O], et dorso-palatale devant des voyelles d'avant comme [i / e]. L'orthographe utilise -c- / -qu- / -k-, et quelques variantes (un chaos).
Consonne occlusive, dorso-vélaire, comme la précédente, mais sonore. L'orthographe utilise la même consonne, éventuellement suivie d'un -u- (devant -e / -i).
Consonne fricative labio-dentale (lèvre inférieure + dents supérieures), sourde. Orthographe généralement conforme.
Consonne fricative labio-dentale, comme la précédente, mais sonore. Orthographe toujours conforme à sa prononciation, puisque c'est une lettre créée artificiellement en au XVIème siècle pour transcrire un son nouveau en français.
Consonne fricative apico-alvéolaire sourde, appelée "sifflante" par imitation. Orthographes : -s- / -ss- / -c- (+ -e / -i) / -ç- / -sc- / -t- (+ -i : nation) / -x (dix, six).
Consonne fricative apico-alvéolaire comme la précédente, mais sonore. Orthographes : -z- / -s- (entre voyelles).
Consonne fricative dorso-palatale sourde (l'aspect dorsal est à nuancer, car il s'agit de l'avant de la langue, donc presque de l'apex), appelée "chuintante" par imitation. Orthographe : -ch-, parfois -sch- dans des mots germaniques.
Consonne fricative dorso-palatale comme la précédente, mais sonore. Orthographe : -j- / -g- (+ -e / -i).
Consonne fricative latérale apico-alvéolaire (la pointe de la langue pose sur les alvéoles, mais l'air passe par les côtés), sonore. Orthographe en principe conforme, avec un doublement possible de la consonne à l'écrit. Elle est qualifiée de "liquide" par métaphore.
Consonne fricative dite "vibrante", ce qui se conçoit aisément. Cette consonne est actuellement dorso-vélaire, dite "grasseyée", mais elle a été apico-alvéolaire au moins jusqu'au XVIIème siècle, et l'est encore parfois de manière régionale. Elle est normalement sonore, bien qu'elle puisse s'assourdir dans certaines situations. Orthographe conforme (rappelons que beaucoup de consonnes finales écrites peuvent être muettes à l'oral, comme dans la désinence -er de l'infinitif).
Consonne nasale, bilabiale, et sonore comme toutes les nasales. La particularité est que l'air est bloqué totalement par les lèvres fermées, mais s'échappe par les fosses nasales. Les termes occlusive et fricative sont donc inadaptés, puisque les nasales sont les deux en même temps, par des voies détournées... Orthographe conforme.
Consonne nasale, apico-alvéolaire ou apico-dentale, et sonore. L'air est bloqué dans la même position que pour le [d], mais s'échappe par les fosses nasales.
Consonne nasale, apico-alvéolaire, et sonore, comme la précédente, mais elle est en plus palatalisée, puisque son articulation se termine plus en arrière au niveau du palais. L'orthographe -gn- correspond systématiquement à ce phonème. Dans l'Histoire, d'autres orthographes ont été utilisées, comme -ign- (un oignon) ou -nh-.
Consonne nasale, apico-alvéolaire, et sonore, comme le [n], mais elle est en plus vélarisée, puisque son articulation se termine dans le fond de la gorge. En principe, elle correspond à l'orthographe -ng à la fin des mots d'origine anglaise, comme parking, pressing, etc. Néanmoins, dans le midi de la France, les nasale [n] finales prennent la coloration de ce phonème.
Cette consonne dite faussement "aspirée" alors qu'elle est expirée n'existe pas en principe en français. On la trouve pourtant plus ou moins au début de certains mots, de manière expressive, comme dans la haine, une hache (on parle aussi de "coup de glotte"). Le plus souvent, elle est au début d'une interjection comme Ha! La consonne écrite h- au début des mots n'a aucune réalisation phonétique si elle est d'origine latine, et si elle est d'origine germanique, elle a pour effet d'interdire la liaison ou l'élision (on ne dit pas *des-z-haricots / *il n'y a plus d'haricots...).
Les semi-consonnes
Le yod est une semi-consonne fricative dorso-palatale sonore. Son orthographe peut adopter soit la voyelle -i- (rosier [Rozje], soit des groupes (digrammes ou trigrammes) comme -il (un oeil [œj]), -ill- (fille [fij]), ou -y- (payer [peje].
C'est une semi-consonne fricative bilabiale sonore. Son orthographe utilise toujours la voyelle -u-, mais il est hors de question qu'elle puisse constituer une syllabe, même en poésie (pas de diérèse) : lui / nuit / fuir...
C'est une semi-consonne fricative dorso-vélaire et bilabiale sonore. Son orthographe utilise soit le digramme -ou- (généralement voyelle) dans les mots d'origine latine ou anciennement assimilés, soit, dans les mots d'origine germanique ou anglo-saxonne, la consonne -w-, qui, connue dès l'époque de Charlemagne, n'est pourtant entrée dans les dictionnaires comme une consonne française à part entière que dans la première édition du Robert : oui / ouistiti (mot "indigène" adopté par Buffon comme une onomatopée) / wallon / western...