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Exercices sur l'orthographe

Systèmes orthographiques, analyse traditionnelle

Etymologies

III - D'où vient l'orthographe particulière du nom un loup ?

Le nom loup vient de lupus, à l'accusatif lupum. Mais l'évolution phonétique a abouti naturellement à la forme leu, qu'on trouve dans la Chanson de Roland, et encore aujourd'hui dans l'expression à la queue leu leu, qui signifie littéralement « l'un derrière l'autre, comme les loups chacun derrière la queue du précédent ». Cette forme survit en picard, ainsi que dans des noms de lieux, comme Saint-Leu-Taverny, près de Pontoise.

Parallèlement, le féminin lupa aboutissait naturellement à la forme louve que nous connaissons, la présence de la consonne v ayant empêché le passage du "ou" à "eu" (la désinence -a s'affaiblit mais ne chute pas comme le -um du masculin, la consonne p se sonorise et change d'articulation). On trouve de même le Louvre, du latin populaire lupara.

Le masculin leu a été refait sur le féminin louve, dont il a repris la voyelle. L'addition de la consonne p finale est d'ordre étymologique.
La forme lou se trouve occasionnellement fin XIème, et loup fin XIIème.

 

D'où vient l'orthographe particulière du nom un legs ?

 La forme originelle de ce nom est un lais, nom déverbal formé à partir du verbe laisser. Mais ce terme du vocabulaire juridique connaissait un trop grand nombre d'homophones, voire d'homonymes complets (lait / laid / laie / lai...). Il a donc été corrigé artificiellement au XVIème siècle : on lui a fait prendre, si on veut, l'orthographe d'une famille d'adoption, celle du verbe latin legare, qui a donné le verbe léguer, ainsi qu'un légat, une délégation, etc. Le s final a été conservé par rapport à l'orthographe originelle.
Avec le temps, on a pris l'habitude de prononcer le g final, ce qui évite les homophonies.

La situation est la même pour le nom un lys, où le y est purement esthétique, et où la consonne finale est prononcée pour éviter les homophonies.

D'où vient l'orthographe particulière du nom un poids ?

 Ce mot a subi une correction étymologique au XVIème siècle, mais cette correction reposa sur une erreur. Il a en effet été corrigé sur le latin pondus dont le sens était proche de celui (ceux) du mot français, alors que l'étymon véritable était pensum, qui exprimait le poids de laine qu'une esclave devait filer quotidiennement. C'est Louis Meigret qui a proposé cette correction, qui permettait de distinguer le poids du petit pois (issu de pisum, neutre) et de la poix (issu de pix, picem à l'accusatif) ; à ceux-ci, on peut d'ailleurs rajouter le poisson (issu de piscis, piscem), forme corrigée déjà au Moyen Age, et qui, sinon, aboutissait au même résultat peis, puis pois.
Au XVIème siècle, la science de l'étymologie était imparfaite, mais l'orthographe fautive a été conservée, parce qu'elle était distinctive, ainsi que morpho-lexicale.