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Exercices sur l'orthographe

Systèmes orthographiques, analyse traditionnelle

I - Commentez l'orthographe complète des mots soulignés suivants, en fonction de l'analyse traditionnelle (référence : Maurice Grevisse). Examinez tous les aspects, de manière méthodique.

Il a de l'or dans les doigts, ce garçon.

Aspect phonologique : ce qui se prononce. La consonne d est phonétique, l'aspect écrit correspond à l'aspect oral ; les voyelles oi sont phonologiques, mais pas phonétiques, puisqu'elles se prononcent [wa], ce qui ne pose pas de problème pour un français, par habitude, mais peut en poser pour un étranger qui déchiffre. Rappelons que oi n'est pas un digramme, puisqu'on a 2 phonèmes pour 2 lettres. Les consonnes gts ne sont pas phonologiques, puisqu'elles sont muettes.

Aspect historique : il s'agit d'une évolution naturelle liée à l'histoire du mot. La syllabe oi est historique, car son orthographe correspond à une prononciation ancienne. Au Moyen Age, en effet, on tâchait d'écrire comme on parlait, l'orthographe était à peu près phonétique. Au XIIème siècle, on écrivait "ei" et on prononçait cette syllabe "eï" (par exemple : le rei), et au XIIIème, on écrivait "oi" et on prononçait "oï" (le roi). Par la suite, la prononciation a continué à évoluer, mais l'évolution de l'orthographe s'est arrêtée là, car les textes écrits commençaient à devenir nombreux.

Aspect étymologique : il s'agit de corrections artificielles pour rapprocher les mots de leur étymologie latine, ce qui s'est fait au départ dans un souci de culture. Les consonnes gt sont étymologiques, elles servent à rapprocher le mot de son étymon latin digitus. En fait, le mot est issu du latin vulgaire dita, mais a été refait sur le latin classique digitus. On le trouve vers 1100 sous la forme dei.

Aspect morpho-lexical : il s'agit des consonnes muettes qui servent à faire le lien avec la famille de mots ; dans les mots de la famille, ces consonnes se prononcent. Les consonnes gt font ce lien, avec le nom le doigté (le t se prononce), l'adjectif digital ou le nom un prestidigitateur (le g et le t se prononcent).

Aspect morpho-syntaxique : il s'agit des désinences, qui marquent un accord, celles du pluriel ou du féminin, ou les désinences verbales. Ici, le s est une désinence du pluriel sur ce nom commun.

Aspect distinctif : il s'agit d'une orthographe particulière qui permet de faire la distinction entre les homophones. Ici, les consonnes gt permettent cette distinction, avec les formes du verbe devoir (je dois, il doit), mais aussi avec d'anciens mots comme un doi (ce que l'on doit, une dette), ou... un doi, son homonyme, qui désigne un petit cours d'eau, mot qu'on trouve par exemple chez La Fontaine.