PRINCIPALES FIGURES DE STYLE
I - Les tropes
Les tropes sont des figures par lesquelles on fait prendre à un mot une
signification qui n'est pas précisément la signification propre de ce mot.
Une catachrèse est une erreur ; elle peut se produire par exemple par paronymie : il faut mieux... (au lieu de il vaut mieux)
Certaines sont absorbées par l'usage, comme énerver, qui est passé du sens de « amollir » à celui d'« irriter » (utilisé ironiquement par antiphrase) ; ou (se) marrer avec le sens actuel au lieu du sens originel de marrir, être marri (chagriné).
Les principaux tropes sont d'abord ceux qui correspondent à des images : comparaisons et métaphores. On y trouvera aussi les symboles, ou représentations significatives (la balance, symbole de la justice) ; l'allégorie est une composition symbolique, formée de plusieurs éléments, comme l'allégorie de la mort ; une parabole est un récit allégorique.
Autre groupe important de tropes : métonymies (rapport direct : un bronze antique) et synecdoques (la partie et le tout : une voile à l'horizon). L'antonomase est une forme de métonymie, qui consiste à utiliser un nom propre comme nom commun (poubelle, diesel...).
Une périphrase est une locution descriptive qui remplace un mot : l'empereur à la barbe fleurie est Charlemagne ; le plus vieux métier du monde est la prostitution.
Un hypallage est un transfert syntaxique (adjectif surtout) : l'odeur neuve de ma robe (Valéry Larbaud)
II - Les figures de répétition et d'amplification
Il existe une série de termes savants qui correspondent à des répétitions, comme la palillogie, répétition sans conjonction de coordination : Hélas ! Hélas ! Hélas ! (De Gaulle, 23 avril 1961).
L'anaphore est une répétition en début de vers ou de phrase (Mon bras... cf. Corneille, Le Cid)
L'antanaclase reprend un mot dans une phrase en opposant 2 sens différents qu'il peut assumer : Après quelques propos sans propos et sans suite... (Mathurin Régnier)
L'épanalepse place un même mot en tête et en fin de phrase : Et rose elle a vécu ce que vivent les roses (Malherbe) / l'homme est un loup pour l'homme.
Les répétitions de sonorités : rime, assonance (voyelle seule), allitération...
La paronomase rapproche deux mots qui se ressemblent par le son : Qui vole un œuf vole un bœuf.
Dans les redondances, on a le pléonasme (une panacée universelle) ; la périssologie est un renforcement inutile (je l'ai vu de mes yeux) ; la tautologie est une définition répétitive (un sou, c'est un sou).
On a aussi des amplifications, des gradations : J'allais être influencée, remaniée, orientée par Anne (Françoise Sagan).
On parle de paraphrase pour une sorte de répétition explicative, amplificatrice.
III - Les figures de construction
Le chiasme est une figure de symétrie : Gourmand de tout, de tout insatiable (Ronsard).
L'antithèse joue sur les contrastes ; en particulier, l'oxymore est une alliance de mots contradictoires : un mort-vivant les froides chaleurs (Du Bellay), l'humide étincelle (Verlaine)...
IV - Les figures de mise en valeur
L'hyperbole est une exagération.
La litote est une atténuation, en disant le plus par le moins : je ne te hais point (Corneille).
L'euphémisme atténue le caractère désagréable d'un jugement, également par la négation de son contraire : Je ne suis pas complètement satisfait de votre travail.
V - Les ellipses
Une ellipse consiste à ne pas utiliser dans une phrase un élément qui
devrait y être.
L'asyndète omet les conjonctions de coordination (mais, car...) : Mais cette manie de lecture lui était odieuse, il ne savait pas lire lui-même. [car] (Stendhal)
L'anacoluthe est une rupture de construction : Le plus grand philosophe du monde, sur une planche plus large qu'il ne faut, s'il y a au-dessous un précipice, quoique sa raison le convainque de sa sûreté, son imagination prévaudra. (Pascal)
Le zeugme ou syllepse consiste à atteler à un même verbe deux compléments de nature sémantique différente : Tout jeune Napoléon était très maigre et officier d'artillerie Plus tard il devint empereur Alors il prit du ventre et beaucoup de pays (Prévert)
Il y a encore les figures de pensée, comme l'ironie, qui consiste
à exprimer ce qu'on pense en disant l'inverse ; le paradoxe formule une
pensée qui semble illogique, mais contient une vérité : selon Oscar Wilde, l'ambition
est le dernier refuge des ratés.