Morphologie - Valeur des temps
- Valeur des modes
A – LA
MORPHOLOGIE DU VERBE
La forme pronominale
La forme
pronominale n'est pas une troisième " voix " ; le
rapport actif / passif est clair : sujet + verbe transitif
direct + COD > sujet (ancien COD) + verbe passif + complément
d'agent (ancien sujet) ; les deux voix sont intégralement
liées l'une à l'autre ; or, les verbes pronominaux, eux,
ont le plus souvent un sens actif, parfois un sens passif, ils
ont souvent un COD ou un COI, ils se conjuguent avec l'auxiliaire
être, mais suivent les règles d'accord de l'auxiliaire avoir
(voir ci-dessous)...
Il existe 4
types de verbes pronominaux :
Les verbes essentiellement
pronominaux : le pronom conjoint, dit " réfléchi
" parce que de la même personne que le sujet, ne joue plus
aucun rôle, il ne possède ni sens ni fonction, il n'est pas
analysable. Le verbe ne connaît pas d'autre forme, ni voix
active ni voix passive. Exemples : s'évanouir, se
suicider. Certains verbes connaissent un emploi
essentiellement pronominal, avec un sens particulier : il
s'agit de...
Les verbes pronominaux
réfléchis : le sujet effectue une action sur lui-même.
Le pronom conjoint possède un sens (il représente le sujet) et
une fonction, généralement COD : il se rase, il se
regarde dans le miroir.
Les verbes pronominaux
réciproques : les sujets (ou un sujet pluriel)
exercent la même action l'un sur l'autre. Il peut s'agir des mêmes
verbes que précédemment, ou d'autres verbes. Mêmes remarques
concernant le sens du pronom, et ses fonctions (COD, mais aussi
COI, ou COI 2nd) : Ils se sont regardés en
chiens de faïence / Ils se sont succédé / Elles se sont offert
des cadeaux.
Les verbes pronominaux
à sens passif : il s'agit d'une utilisation
particulière d'un verbe à sens actif, dans une tournure qui équivaut
à une tournure passive. On peut considérer que le pronom a un
sens et une fonction, mais c'est artificiel :
Les
truffes se sont achetées à prix d'or = Elles ont été achetées
= On les a achetées.
L'accord du participe passé
Ces verbes
suivent en fait les règles d'accord qui régissent les verbes
avec auxiliaire avoir. Quand le pronom conjoint a un sens
et une fonction, cette fonction (COD ou non) et sa place
obligatoire entraînent ou empêchent l'accord du participe. Dans
les autres cas, il faut se demander quand même : le pronom
est-il oui ou non dans une situation de COD ?
Ces règles
expliquent pourquoi on accorde, ci-dessus, regardés (se
= COD), mais pas succédé (se = COI) et offert
(se = COI 2nd). De même, Elle s'est suicidée
fonctionne comme si on avait Elle a suicidé elle-même.
Exemple de
transformation avec accord : les cadeaux qu'elles
se sont offerts (COD : qu').
B – LES VALEURS DES
TEMPS
LE PRÉSENT
- La
valeur de base est celle du présent véritable, ou présent
d'énonciation : ce
qui a lieu pendant que le locuteur (ou le narrateur) le
dit : Je te vois !
- Le présent
de vérité générale, ou présent permanent, c'est ce
qui est a priori toujours vrai (définitions,
proverbes, types d'hommes, coutumes, quand il ne s'agit
pas d'actions répétitives d'un personnage) : deux
et deux font quatre.
- Le présent
d'habitude marque une action répétitive d'un
personnage, souvent marquée par un adverbe ou un complément
de temps. Il peut se confondre avec ce qu’on appelle
le présent étendu, centré sur le point d’énonciation,
mais avec un champ plus large : la tapisserie est
abîmée.
- Le présent
peut remplacer un autre temps : le futur proche ou
le passé récent : Demain, j’arrête de
fumer ; le passé composé peut prendre une
valeur semblable.
- Le présent
de narration (présent historique) est particulier :
il remplace de manière volontaire un temps du passé, le
passé simple normalement, dans un récit ; un
auteur mettra ainsi un paragraphe, ou une phrase, ou une
partie de phrase au présent dans un récit au passé,
pour marquer ce passage comme temps fort, pour le rendre
plus vivant, plus présent à l'esprit. Un récit parlé
se met aussi facilement au présent. Les ouvrages
historiques utilisent à l'occasion ce présent, surtout
à la fin d'un récit ; on peut aussi utiliser
l'imparfait avec cette valeur.
LE PASSÉ SIMPLE
C'est le
temps de l'achevé.
- Le
temps du récit par excellence : chaque action est
précise (pas forcément brève !) ; plusieurs
actions au passé simple sont forcément successives,
elles se suivent dans l'ordre où elles sont exprimées
et ne peuvent se mêler.
- Le passé
simple peut être utilisé pour donner du recul, pour
marquer un passé révolu, sans lien avec le présent :
Ici vécut Chateaubriand.
L'IMPARFAIT
C'est a
priori le temps de l'inachevé.
- C'est
par excellence le temps de la description, au passé bien
sûr.
- Dans le
récit, il exprime l'action en cours (pas forcément
longue !), dont les limites (début, fin) ne sont
pas précisées, pas évoquées. Ou au moins l'une des
deux limites, car l'action en cours peut être
interrompue par une action précise au passé simple ;
elle n'est pas forcément interrompue, mais le passé
simple précis intervient pendant le déroulement de
l'action à l'imparfait.
- Plusieurs
actions à l'imparfait dans la même phrase : aucun
ordre n'est établi, les actions se mêlent ; on
n'est d'ailleurs pas loin de la description : un
tableau animé, comme un champ de bataille, se fera à
l'imparfait.
- L'imparfait
d'habitude : il exprime une répétition ; un
adverbe ou un complément de temps le renforce généralement.
- Dans
l'expression de l'hypothèse, on trouvera le présent en
liaison avec le futur (condition : si + présent
/ principale au futur) ; l'imparfait (si...) en
liaison avec le conditionnel présent ; le plus-que-parfait
en liaison avec le conditionnel passé.
- L'imparfait
de narration est un emploi particulier, stylistique, de
l'imparfait avec la valeur d'un passé simple, en
Histoire : Le 11 Novembre 1918, l’armistice
était signée. Très proche, l’imparfait de
perspective ou de rupture est utilisé pour marquer une
action qui intervient en forme de conclusion dans un
passage de récit : Deux jours plus tard, le
professeur rendait les rédactions corrigées.
- L'imparfait
de politesse a la même valeur que le conditionnel de
politesse (Je voulais savoir...). On parle aussi d’imparfait
hypocoristique, qui atténue
l’expression : N’était mignon, le
petit chien-chien !…
LE PASSÉ COMPOSÉ
- Par
rapport au présent, il marque une antériorité (voir ci-dessous,
temps composés).
- Dans
l'usage courant, il remplace le passé simple (actions précises,
successives).
- Une
valeur essentielle du passé composé est de marquer une
action passée qui a des prolongements dans le présent.
On l'utilisera donc justement dans un texte au présent,
particulièrement à la 1ère personne : J'ai
reçu une nouvelle dont je suis encore tout ébahi.
- Il peut
servir à marquer une vérité générale : Les
grands personnages ont toujours su profiter de la naïveté
du peuple.
- Comme
le présent, le passé composé peut être utilisé avec
une valeur temporelle, celle d'un futur antérieur proche :
on se situe mentalement dans le moment futur où l'action
sera achevée : J'ai fini dans cinq minutes.
LES TEMPS COMPOSÉS
Ils
expriment de manière générale une antériorité par rapport
aux temps simples correspondants, et utilisés dans la même
phrase : subordonnée temporelle au plus-que-parfait,
principale à l'imparfait ; ou passé antérieur + passé
simple ; futur antérieur + futur simple ; passé
composé + présent.
C – LES VALEURS DES
MODES
LE CONDITIONNEL
Utilisé
comme temps, dit " futur du passé
" : si une phrase au présent contient un futur, quand
on transpose le tout au passé, le futur est remplacé par le
conditionnel. Historiquement, le conditionnel s’est formé
en même temps et de la même manière que le futur simple.
Utilisé
comme mode :
- Il peut
exprimer une affirmation sous réserve (conditionnel dit
journalistique) : On aurait découvert…
- Il
s'utilisera dans l'expression de l'hypothèse (dans la
principale ; et parfois dans la subordonnée, selon
la conjonction).
- Il sert
à exprimer un sentiment, comme l'indignation, le désir,
etc. : je mangerais bien un petit quelque chose.
- Ou
l'atténuation de la politesse (je voudrais).
- Opinion
illusoire, éventualité, imaginaire… Les modalités
sont souvent du domaine du conditionnel.
LE SUBJONCTIF
Le
subjonctif est généralement le mode de l'interprétation.
- Dans
une subordonnée
conjonctive circonstancielle, on n'a pas le choix
du mode, qui est entraîné par la conjonction, en
liaison avec la fonction exprimée. On trouve le
subjonctif dans certaines subordonnées de temps, quand
l'action n'est pas encore faite (avant que, jusqu'à
ce que, en attendant que), dans les subordonnées de
but (pour que, afin que, de peur que, etc.), de
concession ou opposition (bien que, quoique, sans que,
quelque… que…, etc.), certaines subordonnées
d'hypothèse (à condition que) ; une cause
et une conséquence s'expriment à l'indicatif, sauf dans
le cas des causes négatives (non que., mais.) ou
de l'alternative entre 2 causes (soit que., soit que.).
- Dans
une conjonctive pure (que),
le subjonctif est entraîné par le sens du verbe de la
principale (interprétation, pensée, ou sentiment :
volonté, désir, doute, indignation.) ; ou la
tournure de la principale : interrogative ou négative.
- Dans
une relative, c'est le
sens du verbe principal, ou la tournure, un superlatif,
une formule d'insistance sur l'antécédent.
- Dans
une indépendante ou
une principale, le subjonctif peut
se trouver, pour exprimer un sentiment, surtout un
souhait (Fasse le ciel que... / Ainsi soit-il /
Puissiez-vous réussir), une supposition (soit un
triangle ABC…), une affirmation polémique (que
je sache).
- En style soutenu, le
subjonctif plus-que-parfait remplace le conditionnel passé,
particulièrement pour l'affirmation sous réserve (on
eût dit = on aurait dit) ; on le trouve aussi
derrière si, alors qu'on ne peut mettre un
conditionnel derrière si.
- Un ordre à la 3ème
personne se donne grâce à un subjonctif introduit par que :
Qu'il parte ! Que n'est pas une conjonction,
mais un introducteur du subjonctif dans une phrase
injonctive (cette tournure remplace un impératif qui
n'existe pas à la 3ème personne).