LA PHRASE : corrigé des exercices
Exercice IIIb – Approfondissement
Dans le texte suivant, relevez et analysez les subordonnées, en indiquant tous les éléments nécessaires à leur reconnaissance.
Quand le carillon tinta au-dessus de mon lit, l'aube naissait dans l'angle Est de ma chambre. Mais je savais malgré les apparences que c'était un artifice de la Société de Tourisme Subglaciaire, les ténèbres ayant depuis des lustres mangé le ciel de la planète. Néanmoins, cela me mit de bonne humeur. J'étais prêt à arpenter les longues galeries qui couraient sous la banquise universelle. Simplement, je ne savais pas si l'on allait m'offrir aujourd'hui, deux mille ans après le grand cataclysme, une forêt pétrifiée ou une mégalopole orgueilleuse figée dans son silence de mort. J'ai toujours admiré comme la technique moderne parvenait à reconstituer admirablement les époques révolues.
1) Quand le carillon tinta au-dessus de mon lit, l'aube naissait dans l'angle Est de ma chambre.
[l'aube naissait dans l'angle Est de ma chambre] : proposition principale
Quand le carillon tinta au-dessus de mon lit :
subordonnée conjonctive circonstancielle,
dite adverbiale
— a) le subordonnant : quand, conjonction de subordination
morphologie :
une conjonction de subordination est invariable.
contexte :
c'est une marque de subordination, un pur subordonnant, elle se
situe en tête de la subordonnée qu'elle est chargée
d'introduire.
syntaxe :
une conjonction n'a pas de fonction, elle permet à la subordonnée
d'en avoir une.
sémantique :
cette conjonction possède une valeur sémantique, puisqu'elle va
conférer à sa subordonnée un sens temporel.
— b) la subordonnée :
fonction :
cette subordonnée assure une fonction adverbiale, celle de complément
circonstanciel de temps, un complément de phrase.
transformation :
elle se transforme en phrase simple par suppression de la
conjonction, et l'on obtient : Le carillon tinta au-dessus de mon lit.
contraintes :
la conjonction quand n'entraîne pas de contrainte modale, contrairement
à celles derrière lesquelles s'expriment une action non encore
réalisée ou incertaine.
2) Mais je savais malgré les apparences que c'était un artifice de la Société de Tourisme Subglaciaire, les ténèbres ayant depuis des lustres mangé le ciel de la planète.
[Mais je savais malgré les apparences] : proposition principale.
que c'était
un artifice de la Société de Tourisme Subglaciaire : subordonnée
conjonctive pure (complétive)
— a) le subordonnant : que, conjonction de subordination
morphologie :
une conjonction de subordination est invariable.
contexte :
c'est une marque de subordination, c'est-à-dire un pur
subordonnant, qui ne se trouve que dans une situation de
subordination, en tête de la subordonnée conjonctive qu'elle
est chargée d'introduire.
syntaxe :
une conjonction n'a pas de fonction, elle permet à la subordonnée
d'en avoir une, ici une fonction nominale.
sémantique :
cette conjonction ne remplace rien (ce n'est pas un pronom), et
elle ne possède aucun aspect sémantique.
— b) la subordonnée :
fonction :
une subordonnée conjonctive pure assure une fonction nominale ;
celle-ci assume la fonction la plus fréquente : COD du
verbe de la principale, le verbe savais.
transformation :
elle se transforme en phrase simple par suppression de la
conjonction, et l'on obtient : C'était
un artifice de la Société de Tourisme Subglaciaire.
contraintes :
le verbe de la principale exprimant une certitude, une connaissance, il n'entraîne
aucune contrainte modale.
les ténèbres
ayant depuis des lustres mangé le ciel de la planète : subordonnée
participiale
— a) le subordonnant : il n'y en a pas.
— b) la subordonnée :
place :
la subordonnée participiale est toujours en position détachée,
comme ici, par une virgule ; ou entre deux virgules si elle
se situe à l'intérieur de sa principale, comme peut le faire un
complément circonstanciel. Elle pourrait être en tête, ici
elle est à la fin de la phrase.
construction :
le verbe manger (ayant mangé) est au participe, ici
participe passé — au sens rigoureux du terme, c'est-à-dire
un temps composé avec auxiliaire ; il a un
sujet propre, qui est les ténèbres.
fonction :
la subordonnée participiale assume des fonctions adverbiales,
circonstancielles ; elle est ici complément circonstanciel
de cause. Elle est donc grammaticalement supprimable ; la cause n'est pas
adverbialisable. Nous analysons comme une cause, car il s'agit bien de l'élément
qui explique pourquoi « je savais ». Evidemment, la cause
précède toujours l'effet, c'est même la base de n'importe
quelle étude scientifique, mais l'élément causal prime
sur l'élément temporel.
transformation :
elle se transforme en phrase simple quand on conjugue le verbe à un mode
personnel :
Les ténèbres
ont depuis des lustres mangé le ciel de la planète.
contraintes :
la contrainte est l'utilisation d'un participe au lieu d'un mode temporel dans
ce type de subordonnée. Rappelons que la subordonnée participiale est un héritage du latin.
3) Néanmoins, cela me mit de bonne humeur : cette phrase ne comporte qu'une proposition indépendante.
4) J'étais prêt à arpenter les longues galeries qui couraient sous la banquise universelle.
[J'étais prêt à arpenter les longues galeries] : proposition principale
qui couraient
sous la banquise universelle : subordonnée relative
— a) le subordonnant : qui, pronom relatif
morphologie :
le pronom relatif est essentiellement variable en fonction (qui
= sujet / que = COD, etc.), secondairement en sens (quoi
correspond à un élément chose) ; ici, c'est une forme
sujet.
Le pronom relatif peut transmettre un accord : celui du
verbe s'il est sujet, celui du participe passé s'il est COD. Ici, ce
pronom transmet à son verbe couraient l'accord au pluriel, puisque c'est le nombre de son antécédent les
longues galeries. Le genre n'est pas visible sur un verbe à l'imparfait.
contexte :
le pronom relatif est une marque de subordination, un pur subordonnant, qui ne se
trouve que dans une situation de subordination, en tête de la
subordonnée relative qu'il est chargée d'introduire.
syntaxe :
un pronom relatif assure une fonction nominale à l'intérieur de
sa subordonnée ; ici, il est sujet du verbe courir.
sémantique :
le pronom relatif est un pronom remplaçant anaphorique total :
il remplace totalement son antécédent les longues galeries,
situé juste devant lui.
— b) la subordonnée :
fonction :
une subordonnée relative assure une fonction adjectivale par
rapport à son antécédent ; celle-ci est épithète de
son
antécédent les longues galeries, dont elle n'est pas détachée,
et dont elle exprime une caractéristique essentielle, un élément
de reconnaissance déterminatif.
transformation :
une subordonnée relative se transforme en phrase simple quand on
remplace le pronom par son antécédent : Les
longues galeries couraient sous la banquise universelle. Comme cette relative
apporte un élément déterminatif, il vaut même mieux
déterminer davantage le nom : Ces longues galeries...
contraintes :
pas de contrainte modale ici, aucun élément susceptible d'entraîner
un subjonctif.
5) Simplement, je ne savais pas si l'on allait m'offrir aujourd'hui, deux mille ans après le grand cataclysme, une forêt pétrifiée ou une mégalopole orgueilleuse figée dans son silence de mort.
[Simplement, je ne savais pas] : proposition principale
si l'on allait m'offrir aujourd'hui, deux mille ans après
le grand cataclysme, une forêt pétrifiée ou une mégalopole
orgueilleuse figée dans son silence de mort : subordonnée conjonctive
interrogative totale
— a) le subordonnant : si, conjonction de subordination interrogative
morphologie :
une conjonction de subordination est invariable.
contexte :
c'est une marque de subordination, un pur subordonnant, qui ne se
trouve que dans une situation de subordination, en tête de la
subordonnée qu'elle est chargée d'introduire.
syntaxe :
une conjonction n'a pas de fonction, elle permet à la subordonnée
d'en avoir une, ici une fonction nominale.
sémantique :
cette conjonction ne remplace rien, et elle ne possède aucun
aspect sémantique autre que de montrer le sens interrogatif de
la subordonnée.
— b) la subordonnée
fonction :
la subordonnée interrogative assure la fonction nominale de COD
de savoir. Fonction
quasiment unique pour une subordonnée interrogative, les autres tournures
étant litigieuses.
transformation :
la subordonnée interrogative se transforme en phrase
interrogative directe : « Va-t-on
m'offrir aujourd'hui, deux mille ans après le grand cataclysme, une forêt
pétrifiée, ou une mégalopole orgueilleuse figée
dans son silence de mort ? ». On constate que la conjonction interrogative disparaît,
ce qui est le cas dans les interrogations totales, dont la réponse
est Oui ou Non.
Le verbe savoir accompagné d'une négation exprime
en effet un sens similaire à se demander. On n'est pas réellement
au niveau du discours direct, des paroles prononcées, mais à celui
des pensées.
contraintes :
on note simplement la disparition de la concordance des
temps.
6) J'ai toujours admiré comme la technique moderne parvenait à reconstituer admirablement les époques révolues.
[J'ai toujours admiré] : proposition principale
comme
la technique moderne parvenait à reconstituer admirablement les époques
révolues : subordonnée exclamative indirecte
— a) le subordonnant : comme est un adverbe en situation de subordonnant, ce n'est pas un vrai subordonnant. On fera la même remarque sur les adverbes de temps, par exemple, qui introduisent des subordonnées interrogatives (ex : quand).
morphologie :
un adverbe est invariable.
contexte :
ce n'est pas une marque de subordination, un pur subordonnant, car il se maintient
et reste inchangé dans le discours direct, à la même place
en tête de phrase. Un adverbe exclamatif se situe en tête de phrase.
syntaxe :
on ne peut pas réellement lui attribuer une fonction ; il sert à
intensifier l'adverbe admirablement, et la phrase entière en même
temps.
sémantique :
c'est un adverbe d'intensité, qui renforce la pensée et le sentiment
exprimés dans la phrase. Si on fait disparaître la tournure exclamative,
on obtient très admirablement ; où l'on voit que très
renforce l'adverbe admirablement, qui modifie lui-même le sens
du verbe, donc de la phrase entière.
— b) la subordonnée
fonction :
la subordonnée exclamative indirecte assure toujours la fonction nominale de COD,
ici COD du verbe admirer, qui est quasiment le seul à pouvoir
entraîner ce type de subordonnée.
transformation :
la subordonnée exclamative se transforme en phrase
exclamative directe : « Comme
la technique moderne parvient à reconstituer admirablement les époques
révolues ! ». On constate que l'adverbe
subsiste,
ce qui montre que ce n'est pas un vrai subordonnant. L'intensité est
exprimée par les mots utilisés, mais aussi par l'intonation, marquée
à l'écrit par le point d'exclamation. Evidemment, cette transformation
au discours direct est artificielle, car nous sommes au niveau des pensées,
pas des paroles.
contraintes :
on note simplement la disparition de la concordance des
temps. Il n'y a pas de contrainte modale.