page précédente

LA PHRASE : corrigé des exercices

Exercice IIIb – Approfondissement

Dans le texte suivant, relevez et analysez les subordonnées, en indiquant tous les éléments nécessaires à leur reconnaissance.

Au coeur du redoutable hiver de 1722, une rumeur se répandit dans la contrée : Elle était revenue... Un paysan avait aperçu un soir une ombre blanche se faufiler souplement entre la rivière et le petit bois. Nul ne peut connaître l'effroi qu'engendre la Vouivre s'il ne s'est trouvé un jour en sa présence. Les manants apeurés racontent dans les tavernes qu'elle a des yeux de braise et des serpents au bout des doigts, mais l'on se demande parfois qui parmi ces malheureux a déjà réellement vu la sorcière.

 

 une ombre blanche se faufiler souplement entre la rivière et le petit bois : subordonnée infinitive

place : la subordonnée infinitive se situe dans le contexte droit immédiat du verbe qui la régit, juste derrière le verbe apercevoir, non détachable (aucune ponctuation ne peut séparer cette subordonnée du verbe principal).

construction : le verbe se faufiler est à l'infinitif, et il a un sujet propre, qui est le syntagme nominal une ombre blanche. Le sujet n'est pas inversé ici, parce que le complément de lieu qui suit le verbe fait l'équilibre.

fonction : la subordonnée infinitive assume une unique fonction nominale : elle est COD du verbe de sa principale, le verbe apercevoir.

transformation : elle se transforme en phrase simple quand on conjugue le verbe à un mode personnel : une ombre blanche se faufila souplement entre la rivière et le petit bois.

contraintes : le verbe de la subordonnée est à l'infinitif, et passe à un mode personnel dans la transformation en phrase. La subordonnée infinitive se trouve nécessairement derrière un verbe de perception (ici visuelle).

 

 qu'engendre la Vouivre : subordonnée relative

 — a) le subordonnant : que (qu'), pronom relatif

morphologie : le pronom relatif est essentiellement variable en fonction (qui = sujet / que = COD, etc.), secondairement en sens (quoi correspond à un élément chose) ; ici, c'est une forme dite régime direct, c'est-à-dire le plus souvent COD, comme ici. Le pronom relatif peut transmettre un accord : celui du verbe s'il est sujet, celui du participe passé s'il est COD. Ici, le verbe au présent ne comporte pas de participe.

contexte : c'est une marque de subordination, un pur subordonnant, qui ne se trouve que dans une situation de subordination, en tête de la subordonnée relative qu'il est chargé d'introduire.

syntaxe : un pronom relatif assume une fonction nominale à l'intérieur de sa subordonnée ; ici, il est COD du verbe engendre.

sémantique : le pronom relatif est un pronom remplaçant anaphorique total : il remplace totalement son antécédent l'effroi, situé juste devant lui.

fonction : une subordonnée relative assume une fonction adjectivale par rapport à son antécédent ; celle-ci est épithète de son antécédent l'effroi, car elle n'en est pas détachée (pas apposée) ni reliée par un verbe (pas attribut). L'épithète est déterminative, c'est-à-dire qu'elle apporte un élément de reconnaissance précis pour le nom.

transformation : une subordonnée relative se transforme en phrase simple quand on remplace le pronom par son antécédent : La Vouivre engendre un effroi.

contraintes : pas de contrainte modale ici ; le texte étant au présent, il n'y a aucun effet de concordance des temps.

 s'il ne s'est trouvé un jour en sa présence : subordonnée conjonctive circonstancielle, dite adverbiale

morphologie : une conjonction de subordination est invariable.

contexte : c'est une marque de subordination, un pur subordonnant, elle se situe en tête de la subordonnée qu'elle est chargée d'introduire.

syntaxe : une conjonction n'a pas de fonction, elle permet à la subordonnée d'en avoir une.

sémantique : cette conjonction possède une valeur sémantique, puisqu'elle va conférer à sa subordonnée un sens hypothétique.

fonction : cette subordonnée assume une fonction adverbiale, celle de complément circonstanciel d'hypothèse, un complément de phrase.

transformation : elle se transforme en phrase simple par suppression de la conjonction, et l'on obtient : Il s'est (il ne s'est pas) trouvé en sa présence.

contraintes : la conjonction d'hypothèse si est suivie de l'indicatif, à la différence d'un certain nombre de conjonctions circonstancielles. Il n'y a donc pas de contrainte modale.

 

 qu'elle a des yeux de braise et des serpents au bout des doigts : proposition subordonnée conjonctive pure, dite complétive.

 morphologie : une conjonction de subordination est invariable, c'est le cas ici.

contexte : c'est une marque de subordination, c'est-à-dire un pur subordonnant, qui ne se trouve que dans une situation de subordination, en tête de la subordonnée conjonctive qu'elle est chargée d'introduire.

syntaxe : une conjonction n'a pas de fonction, elle permet à la subordonnée d'en avoir une.

sémantique : cette conjonction ne remplace rien (ce n'est pas un pronom), et elle ne possède aucun aspect sémantique (à la différence des conjonctions de temps, cause, etc.).

fonction : une subordonnée conjonctive pure assume une fonction nominale ; celle-ci assume la fonction la plus fréquente : COD du verbe de la principale, le verbe racontent.

transformation : elle se transforme en phrase simple par suppression de la conjonction, et l'on obtient : Elle a des yeux de braise et des serpents au bout des doigts (discours direct).

contraintes : le verbe de la principale étant déclaratif, il n'entraîne aucune contrainte modale ; le texte étant au présent, le verbe de la subordonnée est au présent comme celui de la principale.

qui parmi ces malheureux a déjà réellement vu la sorcière : subordonnée interrogative partielle

morphologie : le pronom interrogatif est essentiellement variable en sens (qui = humain / que, quoi = choses), secondairement en fonction (que est régime direct, quoi régime indirect) ; ici, c'est une forme correspondant à un élément humain.

contexte : le pronom interrogatif n'est pas un pur subordonnant, il n'est pas une marque de subordination, puisque, comme on le verra, il subsiste dans la transformation en phrase ; néanmoins, il est en tête de la subordonnée.

syntaxe : un pronom assume une fonction nominale ; ici, qui est sujet du verbe a vu.

sémantique : le pronom interrogatif est un pronom nominal, car il ne remplace rien ; il correspond à un élément humain inconnu, sur lequel on s'interroge.

fonction : la subordonnée interrogative assume une fonction nominale unique : COD de demander ou d'un verbe synonyme ; toutes les autres constructions peuvent passer pour être à la limite de la grammaticalité. Ici, la subordonnée est COD de se demande.

transformation : la subordonnée interrogative se transforme en phrase interrogative directe : « Qui parmi ces malheureux a déjà réellement vu la sorcière ? ». On constate que le pronom interrogatif subsiste. Si le pronom n'était pas sujet, il pourrait passer en fin de phrase en style familier. Entre l'interrogation directe et l'interrogation indirecte, seule l'intonation change, on garde exactement les mêmes mots dans le même ordre, ce qui n'est pas toujours le cas. Tout au plus pourrait-on renforcer le pronom dans une forme familière : Qui est-ce qui...?

contraintes : les contraintes modales sont rares dans les interrogatives, il n'y en a pas ici.

page précédente