LES PARTIES DU DISCOURS
(natures, classes grammaticales, catégories)

Problèmes : classification - reconnaissance - méthode
nom commun - nom propre - adjectif qualificatif - verbe - adverbe - déterminant - pronom
préposition - conjonction de subordination - conjonction de coordination - présentatif (introducteur) - mot-phrase
Développement : natures et emplois de que

La tradition grammaticale traite des « natures de mots », expression dont la grammaire scolaire peut se contenter. Dans l'Antiquité déjà, on disait « parties du discours ».

Rappelons que le mot est une unité de la langue écrite, délimitée par deux espaces blancs. Grammaticalement, il ne s'agit pas forcément d'une unité. Ainsi, au et du équivalent chacun à deux parties du discours, puisqu'il s'agit de la contraction de à + le et de de + le. A l'inverse, parce que est une locution conjonctive, donc une conjonction, en deux mots, et au fur et à mesure de est une préposition en six mots. Le mot et la partie du discours ne se recouvrent donc pas forcément.

I – PROBLÈMES DE CLASSIFICATION

La grammaire dite traditionnelle, en fait la grammaire scolaire, en vigueur depuis le début du siècle (programmes de 1910) et encore dans les années 1970, reconnaît 9 parties du discours :

le nom / l'article / l'adjectif / le pronom / le verbe / l'adverbe / la préposition / la conjonction / l'interjection

Ce classement n'est pas sans problèmes ou contradictions.

— Le nombre : 9 parties du discours ; ce nombre est hérité du latin, et même plus ou moins du grec (les grecs considéraient que l'interjection se situait hors du discours, et ne comptaient donc que 8 parties) ; or, par exemple, l'article n'existait pas en latin. De manière générale, la langue française ne fonctionne pas comme la langue latine, il est donc illusoire de vouloir y retrouver le même nombre de parties du discours.
— le nom : le nom commun et le nom propre constituent-ils la même partie du discours ? L'analyse détaillée montrera que non, le nom propre se comportant comme un syntagme (groupe) nominal complet, de même que le pronom d'ailleurs.
— l'adjectif : s'agit-il de l'adjectif qualificatif, ou des multiples adjectifs déterminatifs (possessif, démonstratif, indéfini, etc.) qui sont des déterminants, comme l'article ? Ces catégories, qui se rapportent au nom, ne fonctionnent pas de la même façon.
— la conjonction : s'agit-il de la conjonction de coordination, ou de de subordination ? Même remarque : les deux catégories ont été longtemps mêlées, alors qu'elles n'ont pas du tout le même rôle.
— l'interjection : qu'est-ce que c'est réellement ? exemples : Ah ! / Hélas ! / Bravo ! Merci ! / Mille milliards de mille sabords !... Comment analyser valablement cette catégorie disparate ?
— dans le détail, des erreurs ou des oublis ont été commis dans ce classement : que faire de termes comme voici, voilà / il y a / quant à / oui... ?

— On distinguer le nom commun et le nom propre (les définitions sont différentes) ;
— On séparera l'adjectif qualificatif des déterminants : ceux-ci contiendront l'article et les adjectifs déterminatifs ;
— On séparera les conjonctions de coordination (qui établissent une égalité syntaxique) et les conjonctions de subordination (qui établissent une dépendance syntaxique) ;
— On validera une création : celle des mots-phrases, qui regrouperont des termes comme oui, non..., les interjections, etc.
— Autre création : les présentatifs ou introducteurs : quant à, c'est, il y a...

 Tous ces éléments seront analysés en détails dans la suite de ce cours.

II – PROBLÈMES DE RECONNAISSANCE

Chacun peut avoir à l'esprit des définitions standards : les noms représentent des choses, des humains, des abstractions ; les adjectifs, des qualités ; les verbes, des actions...

Voici les principales définitions problématiques, qui figuraient dans les anciennes éditions (d'avant 1986) du Bon Usage de Maurice Grevisse :

Ces définitions sont presque exclusivement sémantiques : elles se fondent sur le sens des mots, en oubliant pratiquement tous les autres aspects, c'est-à-dire leur rôle ou leur situation dans la phrase, comme si les mots étaient des entités isolées (comme dans le dictionnaire).

— Pour le nom, est oubliée au départ la distinction nécessaire entre nom commun et nom propre ; et la définition dit simplement que le nom désigne..., ce qui constitue un élément uniquement sémantique.
— Pour l'adjectif, on ne peut faire autrement que de dire que ce terme se joint à un nom, mais la définition dit ensuite simplement qu'il exprime une qualité. On est amené à une contradiction, ou au moins une disjonction : ou pour introduire... La définition, censée être unique, a bien du mal à établir la différence entre l'adjectif qualificatif et les déterminants.
— Le verbe est défini par rapport au sujet, et il exprime..., nous sommes toujours dans la sémantique La suite scinde ladite catégorie en trois, ce qui brise l'unicité de la définition, la division étant faite encore une fois selon le sens, avec une redondance entre verbes d'état et verbes qui servent à l'union de l'attribut. Un aspect fondamental est passé sous silence : les verbe se conjugue, et s'accorde avec son sujet !

Quand on réfléchit sur le sens des mots, on s'aperçoit par exemple que bon et la bonté expriment tous deux une qualité ; tuer et un meurtre expriment tous deux une action. Au XIIème siècle, le philosophe Abélard faisait remarquer que dolor (la souffrance) et dolere (souffrir) possédaient une signification voisine ; la différence est dans la manière dont cette signification s'exprime.

III - LA MÉTHODE D'ANALYSE

Pour définir avec précision les parties du discours, on utilisera les éléments suivants, qui seront à considérer comme des critères de reconnaissance :

La variabilité d'un mot est en rapport avec sa nature. Ainsi, un nom est variable uniquement en nombre mais possède un genre fixe, un adjectif ou un déterminant varie en genre et nombre, un verbe se conjugue, etc. L'analyse exposera donc d'abord la variabilité générale du type de mot, puis on indiquera les aspects particuliers du mot analysé dans la phrase donnée.

Il y aura avantage à se défaire de certains souvenirs scolaires forcément limitatifs : la variabilité ne se limite pas au genre et au nombre. Il existe ainsi tout d'abord des formes neutres de certains pronoms, le neutre en français étant une sorte de 3ème genre et nombre, pour les pronoms dont le référent est du type «chose inconnue», abstraite particulièrement, ou pour les pronoms qui remplacent une phrase entière. D'autre part, il est évident que la variabilité du verbe ne peut se limiter au genre et au nombre, mais concerne aussi le mode, le temps, la voix, la personne. Certains pronoms aussi sont susceptibles d'indiquer bien d'autres éléments, ce que l'on doit considérer comme une variabilité particulière. Ainsi, le pronom personnel, le pronom relatif, voire le pronom interrogatif possèdent des formes liées à des fonctions, comme un reste de déclinaison.

En plus de la variabilité d'un mot, donc de sa capacité à subir un accord, il faut tenir compte de sa capacité à entraîner un accord. C'est le cas du nom commun pour le genre, du nom propre pour le genre et le nombre. On dira alors par exemple que le nom est porteur d'un genre.

Une partie du discours quelconque ne s'associe pas avec n'importe quelle autre partie du discours pour former un groupe ou participer à une phrase. Un adjectif par exemple se rapportera à un nom ; le nom sera précédé d'un déterminant et souvent accompagné d'adjectifs, ou suivi d'une subordonnée relative, etc. Tous ces éléments sont indicatifs de la nature de ces mots, et il faudra donc les signaler. Si un cas ne correspond pas à la généralité, pour des raisons stylistiques par exemple, on le précisera aussi.

La fonction d'un mot est une indication fondamentale pour sa nature. Ainsi, seul un adjectif peut être épithète ; mais le nom peut être sujet, complément, etc. ; si un mot est sujet ou COD, il ne peut en aucun cas être analysé comme adverbe (c'est pourquoi rien est un pronom, pas un adverbe). On donnera donc la fonction du mot dans la phrase comme preuve de sa nature, après avoir indiqué de manière globale quelles sont ses fonctions possibles.

Seuls le nom commun (le groupe nominal en fait, et ses remplaçants, le nom propre, le pronom), l'adjectif qualificatif et l'adverbe peuvent assumer des fonctions, ce qui entraîne une division entre 3 types de fonctions, nominales, adjectivales et adverbiales. Les mots qui ne peuvent assumer de fonction pour eux-mêmes jouent un rôle pour la fonction des autres. Ainsi, la préposition dans n'est pas complément de lieu, mais sans elle, le complément de lieu ne pourrait se constituer. De même, le verbe n'a pas de fonctions, mais il les donne.

Chaque catégorie a sa propre définition sémantique, ses propres éléments de sens. Attention : ce n'est pas le sens précis du mot qui est demandé, mais les éléments sémantiques qui correspondent à la catégorie entière. Ainsi, on ne définira pas un nom en donnant un synonyme, mais en disant à quoi servent les noms en général : à représenter ce qui existe. De même, un adjectif sert à décrire un élément de la réalité. Rien n'empêche bien sûr d'ajouter pour finir le sens précis du mot étudié, mais cela ne suffit jamais.

LE NOM COMMUN

(ou substantif)

Le nom est un mot qui est porteur d'un genre (le genre est fixe) et variable en nombre.

Certains considèrent qu'il est parfois variable en genre : ainsi, le nom enfant peut être masculin ou féminin, comme concierge ou élève ; on dit alors qu'il est épicène. On trouve aussi : un comédien, une comédienne, et un certain nombre de mots de ce genre, surtout dans les noms de métiers, ou les animaux : un chat, une chatte.

Pourtant, c'est sans doute abusif de parler de variabilité du nom, car par principe, ces noms désignent des êtres ; si on change de genre, on change d'être : un homme ne devient pas une femme ! Sinon, autant dire que homme est variable en genre, et que son féminin est femme ; de même pour étalon et jument, taureau et vache, etc. Il vaut mieux considérer que l'on a affaire à des mots de la même famille, quand c'est le cas, désignant le mâle et la femelle de l'espèce, ou du métier. Les noms épicènes sont utilisables dans les deux genres, ce qui n'est pas une variabilité.

De rares noms possèdent les deux genres, avec rigoureusement le même sens : un ou une après-midi ; orgue et amour sont masculins au singulier, féminin au pluriel : un orgue / les grandes orgues ; un amour / nos anciennes amours ; un adjectif est féminin devant gens, mais masculin derrière lui : de bonnes gens / des gens intéressants. Il s'agit là d'usages archaïques, figés par l'habitude, et qui peuvent disparaître. Le féminin peut apparaître comme plus joli, plus poétique. De toute façon, sauf distinction biologique, le genre des noms est arbitraire.

D'autre part, certains noms, qui désignent des êtres uniques, ne connaissent pas le pluriel, sauf emploi métaphorique ou étendu : la lune, le soleil / les lunes de Jupiter, des millions de soleils. Ils sont à la limite des noms propres, et en astronomie, ce sont des noms propres.

Certains noms sont toujours au pluriel : des mœurs, des épousailles, des funérailles. Les cieux est synonyme de le ciel. Il s'agit là encore de pluriels archaïques ou poétiques.

Le nom, dans une phrase, est en principe toujours précédé d'un déterminant (sauf dans certaines fonctions) qui lui permet de constituer un syntagme nominal et de s'intégrer dans une phrase. Un déterminant transforme même n'importe quel élément en nom commun : peser le pour et le contre / un petit rien / un tiens vaut mieux qu'un tu l'auras / deux r / le dessus du meuble...

Le nom est facultativement accompagné d'un adjectif épithète, suivi d'un complément du nom ou d'une subordonnée relative (dont il est l'antécédent), ces éléments étant en nombre non limité, et constituant l'expansion du nom.

Un nom est apte à être le noyau d'un syntagme nominal qui pourra assurer la quasi totalité des fonctions existantes : sujet, attribut, complément, apposition... Le nom assume en priorité les fonctions qui lui sont propres, les fonctions nominales (sujet, complément d'agent, complément d'objet, complément du nom ou de l'adjectif), mais est apte a assumer les fonctions des autres catégories, les fonctions adjectivales et adverbiales, moyennant un affaiblissement de son sens ou de son rôle, particulièrement dans les fonctions adjectivales.

Ce n'est pas le nom seul qui assure ces fonctions, mais le syntagme : un sujet ou un COD ont besoin d'un déterminant : *Père a acheté voiture. / Mon (ton, son, leur) père a acheté une voiture. Dans les proverbes, on trouve un style archaïque sans déterminants : pierre qui roule n'amasse pas mousse.

Certaines fonctions se passent de déterminant : l'attribut et l'apposition, qui sont des fonctions adjectivales ; le complément du nom, quand le déterminant serait indéfini ou partitif.

Le cas des noms épithètes se discute, pour certains noms accolés à d'autres sans déterminant, et servant à qualifier : un bénéfice record. Le nom épithète semble transformé presque entièrement en adjectif.

Le nom désigne tout ce qui possède, réellement ou par abstraction (il est concret ou abstrait), une existence distincte (il est. variable en nombre). Cet élément est reproductible, c'est-à-dire non unique. On peut rajouter qu'il possède une définition.

 On peut détailler l'étude sémantique du nom par des sous-catégories sémantiques : concret / abstrait ; animé (vivant) / non animé (/ humain / divin) ; noms individuels / collectifs (foule, orchestre, régiment). Cela sera utile pour l'étude des rapports entre la sémantique et la syntaxe (pou les fonctions essentielles).

LE NOM PROPRE

Il est placé à tort dans la même catégorie que le nom. En fait, il se comporte comme un syntagme complet, comme le pronom, mais pour d'autres raisons : le nom propre possède une référence absolue, alors que le pronom possède, si l'on peut dire, une référence par procuration.

Il est en principe porteur d'un genre et d'un nombre.

Les noms de villes ont un genre indéterminé : Paris est beau / Paris est belle

Quelques exceptions qui se discutent, en géographie : les Indes, les Amériques. S'agit-il du même sens ? D'un pluriel archaïque (poétique) ? (l'Inde, les Indes) Dit-on une Amérique ? Le singulier et le pluriel fonctionnent-ils de la même façon ? On s'aperçoit que les Indes désigne d'anciennes colonies, et non un pluriel de l'Inde.

Certains, correspondant à une confédération ou à un ensemble d'îles, sont toujours au pluriel : les Etats-Unis, les Nouvelles Hébrides.

A l'écrit, les noms propres se remarquent à la majuscule initiale, en français. C'est un code propre à la langue : en allemand, les noms commune portent aussi une majuscule. Il en est de même du premier mot d'une phrase, quel qu'il soit.

La plupart ne sont jamais précédés d'un déterminant ; sinon, c'est qu'on les utilise comme noms communs (par antonomase) : Machin est une sorte de petit Napoléon dans son genre.

En géographie, certains noms sont toujours précédés d'un déterminant : les pays, les cours d'eau (la France, la Seine). C'est un article défini, rien d'autre. On peut dire qu'il est intégré au nom propre. Toute autre utilisation relève de la conversion, de l'antonomase : ma France.

Le nom propre est rarement accompagné d'une épithète ; il perd alors généralement son article : douce France / chère France (nombre limité d'adjectifs possibles). C'est encore plus difficile, voire incorrect, pour une relative épithète : *La France qui se trouve en Europe est un beau pays (y en a-t-il une autre ailleurs ?). Pour l'attribut et l'apposition, il n'y a pas de restriction, mais ces éléments ne sont pas intégrés au groupe nominal : La France est un beau pays / La France, ce beau pays,...

Remarque : le fait qu'il y ait conversion, antonomase, montre que le nom commun et le nom propre n'appartiennent pas à la même catégorie.

Le nom propre peut assurer globalement les mêmes fonctions que le nom commun, ou plutôt que le syntagme nominal.

Certaines fonctions sont difficilement possibles, ou en tout cas cela se discute beaucoup : ce sont celles qui sont adjectivales, comme l'attribut, et plus encore l'épithète, car le nom propre ne peut servir à qualifier, caractériser quelque chose, à moins d'un changement de nature (procédé de style). Le nom propre attribut ou apposé sert exclusivement à préciser l'identité.

 Un nom propre désigne un être unique, et il le désigne par convention (on aurait pu l'appeler, le « baptiser » autrement, c'est une question de décision collective ou individuelle).

On peut dire qu'il est complet par lui-même : il n'a pas besoin d'un complément du nom pour être précisé. C'est pourquoi il se passe si souvent d'éléments annexes.

Le nom propre ne possède pas de définition (on ne peut pas trouver dans le dictionnaire : un Napoléon, c'est un...).

L'ADJECTIF QUALIFICATIF

C'est un mot qui varie en genre et en nombre, genre et nombre qu'il reçoit, par le phénomène de l'accord, du nom auquel il se rapporte.

Les adjectifs dont la marque du genre n'est pas visible sont appelés épicènes : ce sont ceux qui se terminent naturellement par un e : facile, possible... Certains, d'autre part, ne portent pas la marque du nombre parce que, comme certains noms, ils se terminent par un s ou un x : gros, vieux...

Certains adjectifs sont invariables parce qu'ils ont été l'objet d'une dérivation impropre : leur nature originelle était différente : marron, chocolat....

L'adjectif se joint à un nom, parfois devant lui, souvent derrière lui, le plus souvent tout près de lui (sauf pour l'attribut : le verbe s'intercale entre le sujet et l'adjectif). On dit traditionnellement qu'il se rapporte à un nom, ou à l'un de ses substituts. N'importe quel élément utilisé en situation d'adjectif se transforme en adjectif, souvent invariable. Il faut pourtant reconnaître que les possibilités de dérivation impropre sont plus limitées que pour le nom.

La majorité des adjectifs sont susceptibles d'être modifiés par un adverbe et de porter les marques du degré : comparatif ou superlatif. Exceptions : ceux qui déterminent fortement le nom, à la manière d'un complément du nom : le voyage présidentiel (= le voyage du président) ; une dignité sacerdotale ; une encyclique papale... Il n'y a pas de voyage plus présidentiel qu'un autre !

Les adjectifs bon, mauvais, petit possèdent des comparatifs synthétiques : meilleur, pire, moindre.

Les adjectifs peuvent être coordonnés à d'autres éléments qui jouent le même rôle qu'eux : un complément du nom, une subordonnée relative.

Certains adjectifs peuvent être suivis d'une expansion, d'un complément de l'adjectif : il est fier de son succès.

Un adjectif n'a que trois fonctions possibles : un adjectif est apte à servir d'épithète, d'apposition ou d'attribut à un nom (ou un de ses substituts).

Rappels : l'épithète est juste à côté du nom, dans son syntagme ; l'apposition est à côté, mais détachée ; l'attribut est relié au nom par un verbe (souvent d'état, pas seulement), et fait partie du syntagme verbal.

L'adjectif sert à caractériser, décrire un élément de la réalité représenté par le nom, apporter un renseignement concret ou abstrait ; on dit traditionnellement : qualifier ; on dit aussi qu'il exprime une manière d'être : cette expression risque d'entraîner une confusion avec le complément de manière, qui concerne l'adverbe.

Exemples d'éléments utilisés comme adjectifs :

1) Jeanne d’Arc : nom propre, normalement :

Elle fait très Jeanne d’Arc : l'expression, qui reste invariable (nature d'origine oblige) est utilisée comme attribut du sujet (faire = avoir l'air, paraître) ; elle est modifiée, renforcée par un adverbe de degré ; elle sert à caractériser le sujet, sans exprimer une identité avec lui : c'est une utilisation d'un nom propre comme adjectif.

2) schtroumpf : mot passe-partout, ayant toutes les natures qu'on veut, merci Peyo :

Il est très schtroumpf. (attribut + degré)
Le plus schtroumpf des deux n'est pas celui qu'on pense. (superlatif)

LE VERBE

C'est un mot qui se conjugue (cas extrême et unique de variabilité) : en mode, temps, voix, personne, nombre ; voire en genre au participe (passé surtout : en particulier derrière l'auxiliaire être). Le verbe tient les désinences de personne, nombre et genre de son sujet, avec lequel il s'accorde.

Par exemple : (avant qu'elle) eût été changée est au subjonctif plus-que-parfait passif, 3ème personne su singulier, féminin.

(il est artificiel de séparer les deux pour le verbe)

Le verbe est le pivot de la phrase, précédé de son sujet, suivi des autres fonctions essentielles, éventuellement accompagné de compléments circonstanciels.

Le verbe est le noyau du syntagme verbal : quand le verbe se réalise dans une phrase, il est le plus souvent suivi de compléments essentiels (CO), ou d'un attribut. Il peut être aussi accompagné de compléments facultatifs (circonstanciels, adverbes) qui ne font pas partie du syntagme verbal ; le syntagme verbal peut aussi se réduire au verbe seul.

Le syntagme verbal est l'un des deux éléments essentiels de la phrase, le premier étant le sujet, du moins dans la phrase normalement construite. Sujet et syntagme verbal entretiennent entre eux des relations de nécessité et de réciprocité : il n'y a pas de sujet sans verbe, ni de verbe sans sujet ; c'est la base de la phrase.

Les fonctions primaires dépendent du verbe, quand celui-ci se réalise dans une phrase. Dans d'autres cas, le verbe, à l'infinitif et au participe, est considéré comme nominalisé ou adjectivé : il peut être sujet, COD / épithète... ; mais il conserve la capacité d'être suivi d'un complément verbal : infinitif + COD / participe passé + complément d'agent.

On dit traditionnellement que le verbe exprime une action, faite ou subie, ou un état. Ce n'est pas suffisamment significatif, ni déterminant, et ce genre de définition manque d'unité.

Le verbe exprime ce qu'on appelle un procès : c'est-à-dire quelque chose qui se déroule ou se situe dans le temps (cf. processus). Par comparaison, le nom est statique. Si le nom était une photographie, le verbe serait un film. Le verbe a, dit-on, une capacité à exprimer le temps mille fois (?) supérieure à celle du nom. Tous les verbes ont cette capacité.

Selon un autre point de vue, qui reste lié à la syntaxe, le verbe est l'élément essentiel du prédicat : une phrase est constituée de quelque chose dont on parle, qui est le sujet, et de ce qu'on en dit, le commentaire qu'on en fait, qui est en principe centré sur le verbe, et qu'on appelle donc prédicat. Il y a aussi des phrases non verbales où le prédicat ne contient pas de verbe, parce que c'est un verbe faible qui est sous-entendu :

On peut compléter l'étude sémantique du verbe en réfléchissant sur les notions traditionnelles d'action, état, existence... On aboutit à des classements sémantiques utiles pour l'étude des fonctions.

On peut détailler l'étude en envisageant ses différentes constructions, ce qui relève de la syntaxe, mais entraîne des aspects sémantiques : verbes transitifs, intransitifs, attributifs ; verbes impersonnels ; auxiliaires, et semi-auxiliaires, verbes qui fonctionnent pratiquement comme tels, et servent à introduire un infinitif, comme devoir, vouloir, pouvoir, et plus encore aller (futur proche) et venir de (passé récent), etc.

L'ADVERBE

C'est un mot invariable.

Certaines exceptions s'expliquent par un usage archaïque : en ancien français, l'adverbe et l'adjectif étaient un peu confondus, et on accordait parfois l'adverbe. Ex : des fleurs fraîches écloses ; elles sont toutes joyeuses (adverbe qui s'accorde pour des raisons euphoniques devant un adjectif féminin commençant par une consonne) ; des portes grandes ouvertes.

Certains adverbes sont en corrélation : ne... que / ne... pas (restriction  / les négations).

On distingue l'adverbe de mot et l'adverbe de phrase.

Le premier se joint à un autre mot, avec une place fixe, le plus souvent devant lui (sauf pour le verbe) : il se joint surtout à un verbe, un adjectif, un autre adverbe : il parle bien / très beau / très lentement ; mais aussi quelquefois à des mots de liaison, comme une préposition, une conjonction de subordination : bien avant la nuit / bien avant que la nuit tombe ; certains adverbes s'ajoutent à une conjonction de coordination, toujours derrière elle  : et ensuite / ou alors / mais encore ; à un introducteur : voici déjà la nuit ; à un mot phrase : oui certes / merci bien ; on peut pratiquement dire qu'il se joint à n'importe quelle autre partie du discours, sauf en principe au nom, mais on trouve au moins un adverbe qui peut précéder le syntagme nominal dans certaines fonctions, le sujet particulièrement : même mon frère, même Paul était absent.

L'adverbe peut être aussi, et c'est fréquent, adverbe de phrase. Quand on dit qu'il se joint à un verbe ou à un introducteur de sens verbal, c'est plutôt à la phrase entière qu'il s'ajoute la plupart du temps, et d'autant plus nettement qu'il est mobile, ce qui est la caractéristique d'un complément de phrase. Une exception est pourtant à relever : la négation est un adverbe de phrase, mais n'est pas mobile, sans doute en raison de sa forme corrélative qui la place de part et d'autre du verbe : Il ne rit jamais.

Certains adverbes peuvent, ou doivent être suivis d'une expansion, d'un complément de l'adverbe : Conformément à notre décision,... Parallèlement à cette action...

Certains adverbes jouent un rôle de coordonnants, particulièrement dans l'articulation logique : pourtant, néanmoins, en outre... Ils restent adverbes dans la mesure où ils n'ont pas une place fixe.

En principe, l'adverbe n'assume pas une fonction essentielle. Il est supprimable. Il assume une fonction de type profondément sémantique, telle une fonction circonstancielle pour un adverbe de phrase. On ne peut pas définir précisément de fonction (cataloguée) pour un adverbe de mot.

Certains adverbes sont pourtant difficilement supprimables, sous peine de modification importante du message ; ceux qui sont intégrés sémantiquement au groupe verbal ne le sont pas du tout : vouloir bien (= accepter). Il y a en effet des fonctions adverbiales essentielles : dans Il chante faux, l'adverbe ne paraît pas vraiment supprimable ; certes Il chante est correct, mais le prédicat comporte plus l'idée de la fausseté que l'idée du chant.

Les aspects sémantiques de l'adverbe sont multiples. L'adverbe a fondamentalement pour rôle de modifier sémantiquement un autre élément.

On trouve pour les adverbes de phrases les circonstances de base comme le temps (hier, aujourd'hui, demain, tout à l'heure...), le lieu (ici, là, çà et là ...), la manière (vite, doucement...), l'opposition (pourtant, cependant, néanmoins)... Certaines circonstances ne sont pas adverbialisables parce qu'elles correspondent à une réalité ou à un fait précis, exprimé sous forme phrastique, ou nominale.

Les adverbes de mots expriment surtout le degré, l'intensité ou la quantité : bien, plus, très, tout...

LE DÉTERMINANT

C'est un mot qui varie en genre et en nombre, et l'adjectif possessif varie aussi en personne. Il tient ces marques morphologiques du nom qu'il détermine (et, pour la personne, du lien établi à une personne.

Rappelons que certains déterminants ont des formes élidées ou contractées : l'eau / le bouquet du (de le) vin ; ou bien sont en deux mots : de l'eau (article partitif).

Il se joint à un nom pour l'introduire dans le discours et lui permettre de se réaliser en syntagme dans une phrase. Le déterminant se situe immédiatement à gauche du nom, sans pause ; il ne peut en être séparé que par un adjectif épithète.

Un déterminant en exclut un autre : on ne peut trouver deux déterminants, identiques ou différents, pour le même nom : *ce mon cahier.

Exceptions : les quantitatifs, tels certains indéfinis : tous les jours / tous mes amis / l'autre jour / un autre jour / mon autre voiture ; on dit que l'indéfini tout se trouve en situation de prédéterminant ; avec autre, c'est le premier déterminant qui est en situation de prédéterminant. Mais pour tout, cet indéfini s'utilise toujours avec un autre déterminant, dans ce sens de totalité (sinon, il a le sens de chaque) ; on peut considérer que l'on a affaire à une sorte de déterminant composé, ou de locution déterminative. On peut remarquer aussi que certains indéfinis ont une tendance à se comporter comme des qualificatifs, et sont parfois analysés comme tels : le problème est autre.

Les adjectifs numéraux suivent souvent aussi un autre déterminant, sans lequel ils prennent un sens indéfini (une quantité précise, mais d'éléments non précisés) ; on comparera : deux enfants / mes deux enfants.

Un déterminant n'a pas de fonction, sinon celle de déterminer, mais il a un rôle syntaxique important (c'est ce que signifie déterminer). Il transforme n'importe quel élément en nom, et lui permet donc de constituer un syntagme nominal apte à jouer un rôle syntaxique dans une phrase, d'y assumer une fonction.

Le déterminant actualise le nom, c'est-à-dire lui permet de prendre un sens précis et d'entrer dans un contexte compréhensible : le nom voiture a un sens, mais qui reste abstrait ; ma voiture / cette voiture : cela signifie quelque chose de précis et compréhensible.

Dans l'analyse sémantique d'un déterminant, on précisera ensuite le sens de la sous-catégorie.

Elles correspondent globalement à celles des pronoms.

LE PRONOM

La variabilité du pronom, quand on considère l'ensemble de cette catégorie, est très importante : genre et nombre (y compris le neutre), mais aussi personne, fonction, voire place, et sens. Cela s'explique en bonne partie par le caractère de remplaçant de ce mot. On peut dire que certains pronoms, comme les pronoms personnels, possèdent des formes qui correspondent à des cas, comme dans les déclinaisons : nominatif, accusatif, datif. Exemples de variabilité :

— genre et nombre : celui-là, ceux-là, celles-là (démonstratifs) ; neutre : ce, ceci, cela, rien, quelque chose, tout... ;
— personne : je, tu, eux... (personnels), le mien, le leur... (possessifs) ;
— fonction : il / le / lui (pronoms personnels sujet / COD / COI) ; y / en (personnels ou adverbiaux compléments introduits par à ou de) ; qui / que / quoi (relatifs sujet / COD / COI, ainsi que les interrogatifs que / quoi) ;
— place : me / moi / le / lui (personnels ; liaison avec la fonction, mais pas uniquement : on a des formes toniques, disjointes, indépendantes du verbe, et des formes clitiques, atones, conjointes devant le verbe) ;
— sens : Qui avez-vous vu ? Que voulait-il ? (interrogatifs exprimant soit des personnes soit des choses) ; il se regarde / ils se regardent (sens réfléchi ou réciproque). Les pronoms personnels de 1ère et 2ème personne réfèrent à des humains. Dans les indéfinis, certains réfèrent à des humains (personne, qu'elqu'un), d'autres à des choses (rien, quelque chose, tout). Evidemment, beaucoup de pronoms ne sont pas ainsi spécialisés.

Par rapport au nom, dont il faut le distinguer à cause de leur usage similaire, le pronom n'est pas précédé d'un déterminant, et n'en a pas besoin.

Certains pronoms contiennent en eux-mêmes un déterminant, qui ne joue pas son rôle, et qu'on ne peut pas changer : le mien (et non ce mien, etc.) ; les indéfinis aussi, qui posent des problèmes : un autre, l'autre ; quand on dit cet autre, tous les autres (mais pas mon autre, chaque autre), le pronom se comporte un peu comme un nom.

La plupart des pronoms n'ont pas d'expansion, et ne peuvent pas en avoir. Pourtant, certains peuvent ou doivent être suivis d'un complément du pronom ou d'une subordonnée relative, et quelques uns même peuvent être suivis d'un adjectif introduit par de, délicat à analyser, mais qu'on peut valablement considérer comme épithète du pronom. En voici quelques exemples :

Un pronom est apte à assurer l'ensemble des fonctions qui sont celles du nom, c'est-à-dire la totalité des fonctions possibles, sauf celle d'épithète, mais en priorité les fonctions nominales. En fait, il s'agit des fonctions du syntagme nominal (entier), ce qui explique que dans les fonctions adjectivales, l'épithète soit impossible, et que l'attribut ou l'apposition ne servent qu'à indiquer ou confirmer l'identité. Les fonctions adverbiales sont également limitées pour le pronom.

Un pronom peut remplacer un syntagme nominal, mais aussi parfois un adjectif, et être alors attribut (malade, je l'étais / malade que j'étais), parfois un adverbe ( nous allions), un infinitif (c'est manger qu'il nous faut / partir, c'est mourir un peu), et aussi une proposition, une phrase, un discours entier (je vous l'avais bien dit).

Le pronom est un représentant, au sens large, c'est-à-dire un substitut du syntagme nominal.

LA PRÉPOSITION

C'est un mot invariable. On peut la trouver sous forme de locution : au lieu de / grâce à / au fur et à mesure de...

Elle a une place fixe, obligatoire : en tête du syntagme qu'elle est chargée d'introduire ; selon la fonction du syntagme, elle peut aussi se situer derrière l'élément dont dépend ce syntagme (ex : COI derrière son verbe, complément du nom derrière le nom), sauf pour les compléments circonstanciels, qui ont leur indépendance sur ce plan.

La préposition sert à constituer un syntagme prépositionnel qui pourra assurer la fonction de complément. Pour désigner par un terme général l'élément qui est régi par la préposition, on parle du régime de cette préposition. Il pourra s'agir d'un syntagme nominal (ou d'un nom propre, d'un pronom), ou d'un infinitif.

On notera aussi qu'il existe des attributs introduits par des prépositions, avec les verbes passer pour (+ attribut du sujet), tenir pour, considérer comme, maintenir comme (+ attribut du COD), voire changer en, etc.

Certaines prépositions sont presque vides de sens, et servent à introduire le COI : à et de. Elles sont dites «incolores», ce qui peut se discuter. Celles qui introduisent les compléments circonstanciels sont au contraire très chargées de sens : dans, au milieu de, malgré...

Problèmes :

La préposition est parfois utilisée pour des fonctions qui se passent d'ordinaire de préposition, ou bien elle n'est plus analysable : on parle alors de « préposition vide » : rien de nouveau (adj. épithète d'un pronom indéfini) / la ville d'Arras (apposition ?) / peu à peu (locution adverbiale)...

LA CONJONCTION DE SUBORDINATION

C'est un mot invariable.

Elle a une place fixe, obligatoire : en tête de la subordonnée conjonctive qu'elle est chargée d'introduire ; également derrière l'élément dont dépend cette subordonnée, sauf pour les compléments circonstanciels, qui ont leur indépendance. La conjonction est une marque de subordination : elle prouve qu'on a affaire à une subordonnée.

La conjonction n'a elle-même aucune fonction, mais elle sert à constituer une subordonnée conjonctive qui pourra assumer une fonction, généralement de complément (à noter qu'elle peut exceptionnellement être complément d'un nom ou d'un adjectif), mais parfois sujet ou attribut (derrière que).

Une conjonction ne remplace rien, ce n'est pas un pronom. La conjonction que est vide de sens, et sert à introduire une subordonnée COD, avec une variante pour le COI : à ce que / de ce que. Celles qui introduisent les compléments circonstanciels sont au contraire très chargées de sens : quand / parce que / bien que...

On distinguera :

LA CONJONCTION DE COORDINATION

C'est un mot invariable.

Liste : mais / ou / et / or / ni / car + puis / voire / c'est-à-dire / c'est pourquoi / à savoir / soit... soit... (corrélation) ; donc est en fait un adverbe.

Elle a une place fixe, obligatoire : strictement entre les deux éléments coordonnés ; ce qui montre que donc, mobile, est bien un adverbe. On peut d'ailleurs ajouter un adverbe à une conjonction : il sera forcément derrière elle, voire dans la proposition ou le syntagme qui suit : et parfois

Elle relie deux éléments de même statut, qui se valent syntaxiquement : même nature, ou natures équivalentes (N.C. / N.P. / pronom, ou indépendante / principale), et même fonction. Légère exception : on trouve parfois deux compléments circonstanciels différents, mais forcément circonstanciels : parce qu'il avait froid, et pour se réchauffer (sub. conj. cc cause + SVinf cc but)

un cheval superbe, de grande classe, et qui avait gagné de nombreuses courses : adjectif + c du nom + sub. rel.

Elle exprime un certain nombre de sens, avec des nuances souvent plus riches que dans la subordination : addition (et), alternative (ou), opposition (mais, or), suite temporelle (puis), cause, explication (car, c'est-à-dire), conséquence (c'est pourquoi)...

LE PRÉSENTATIF OU INTRODUCTEUR

C'est un mot généralement invariable. Ceux qui sont à base verbale connaissent une variation relative : en temps, parfois en nombre, jamais en personne : c'est (formule d'insistance, de mise en relief) / il y a.

Leur rôle est simplement d'introduire un élément dans le discours : voici, voilà, quant à... / ô ma nuit étoilée (Péguy) / au feu ! à la soupe !... / qu'il entre ! (introducteur du subjonctif dans une phrase injonctive)

Derrière le présentatif, l'élément qu'il introduit sera à considérer comme le régime du présentatif. Les présentatifs, introducteurs verbaux donnent l'illusion d'entraîner un COD, ce que confirme la forme des pronoms (le voici), mais cet élément ne répond à aucune autre caractéristique des COD, telle la transformation passive.

Les valeurs sont variées : existence, mise en relief, admiration, invitation...

LE MOT-PHRASE

C'est un mot invariable.

Il est seul dans sa phrase. Mais il peut être suivi d'une autre phrase.

Il n'a pas de fonction, puisque ce terme s'analyse comme l'équivalent d'une phrase.

Les aspects sémantiques sont très variés, et fondamentaux, puisque le mot ou la locution exprime un message entier : oui = «je suis d'accord avec ce que vous me dites» / bravo = «je vous félicite de...»

Les exclamations, interjections, expriment un sentiment que les mots ne parviennent pas à exprimer, et l'intonation joue un rôle capital (Ah ! / Eh !)

Exemples : Oh ! / Hélas / Feu ! / Gare ! / Fi donc ! / Fichtre ! / Fouette cocher ! / Ventre-saint-Gris ! / Morbleu ! Bonjour / Merci / OK / S'il vous plaît / pardon / oui / non / si...

NATURES ET EMPLOIS DE QUE

I - PRONOM

Morphologie : contrairement à une idée reçue, le pronom relatif n'est pas invariable, il est variable essentiellement en fonction, et secondairement en sens ; qui est une forme sujet, que une forme faible, régime direct (COD, sujet réel ou attribut), quoi une forme régime indirect (préposition + complément), dont équivaut à de + complément (COI, complément du nom, complément d'agent...), exprime le lieu ou le temps, et lequel sert à tous les usages ; qui correspond à un élément humain quand il est introduit par une préposition, quoi toujours à un élément " chose ". Le pronom relatif ne porte pas lui-même de marques du genre, du nombre (sauf lequel) ou de la personne, mais il peut les transmettre, selon sa fonction : qui transmet l'accord comme un sujet ordinaire, que transmet éventuellement l'accord du participe passé avec un COD placé devant le verbe de la subordonnée.

Contexte : ce pronom introduit une subordonnée relative, et se trouve donc en tête de celle-ci. C'est une marque de subordination (il n'existe pas en dehors de cette situation de subordination).

Syntaxe : il assume une fonction nominale dans la subordonnée (que est COD, parfois sujet réel ou attribut). Il confère à la subordonnée une fonction de type adjectival (la subordonnée est épithète, apposée ou attribut de l'antécédent).

Sémantique : que est un représentant anaphorique total ; il possède un référent (contenu) exprimé : son antécédent situé juste devant lui dans la principale, élément nominal en principe.

Transformation : la subordonnée relative devient phrase si on remplace le pronom relatif par son antécédent.

Morphologie : le pronom interrogatif est variable en sémantique (qui = humain) et secondairement en fonction ; que est une forme faible, régime direct, et représentant une chose (concrète ou abstraite), voire un animal. Que ne transmet pas de marques morphologiques.

Contexte : ce pronom est en tête de phrase, comme tous les mots interrogatifs, mais ce n'est pas un subordonnant, ni une marque de subordination. Que se trouve dans l'interrogation directe (forme renforcée : qu'est-ce que) ; il est remplacé par ce que dans l'interrogation indirecte, mais reste parfois tel quel : je ne sais que faire. En tête d'une subordonnée interrogative indirecte, ce que n'est pourtant pas une marque de subordination, ce n'est pas un pur subordonnant.

Syntaxe : il assume normalement une fonction nominale dans sa phrase (ou ce que dans sa subordonnée) : COD, ou sujet réel, parfois attribut.

Sémantique : que est un représentant au sens large, comme tous les pronoms, mais pas un remplaçant ; il possède un référent non exprimé, inconnu : c'est donc un nominal, représentant une chose. On peut le paraphraser par quelle chose...? La question posée porte sur lui, sur son contenu.

II - CONJONCTION

Morphologie : invariable.

Contexte : elle introduit une subordonnée conjonctive, et se trouve donc en tête de celle-ci. C'est une marque de subordination.

Syntaxe : elle n'assume aucune fonction. Elle confère à la subordonnée une fonction nominale.

Sémantique : elle ne possède aucun référent, et n'a pas de valeur sémantique.

Transformation : on transforme la conjonctive en phrase en supprimant simplement la conjonction. S'il y a une contrainte modale, celle-ci disparaît.

Variante : la forme ce que fait partie d'une locution conjonctive prépositionnelle (à ce que, de ce que, sur ce que...) et la subordonnée est COI, ou parfois complément d'un adjectif. Exemples :

Il veille à ce que tout soit prêt / Il se plaint de ce que tout ne soit pas prêt / Il est fier de ce que tout soit prêt.

Même analyse d'ensemble ; en morphologie, on précisera que ce n'est que l'élément final d'une locution conjonctive ; en syntaxe, on parlera de fonction circonstancielle pour la subordonnée, qu'il faudra préciser en sémantique (ex : temps, cause...) ; exemples : avant que, aussitôt que, au fur et à mesure que, parce que, si bien que, bien que...

Même analyse que dans le paragraphe 2.

Exemple : Viens ici que je t'embrasse ! (que = pour que)

Lorsque deux conjonctives sont coordonnées, que remplace la conjonction précédente, quelle qu'elle soit. Même analyse que précédemment, en précisant qu'il s'agit de coordination.

Exemple : Si le ciel nous tombe sur la tête et que nous n'ayons pas de casque...

III - ADVERBE

Morphologie : invariable.

Contexte : ce n'est pas un subordonnant. Il n'est pas mobile.

Syntaxe : il n'assume pas une fonction essentielle, mais circonstancielle ; il est supprimable.

Sémantique : il ne possède aucun référent. Sa valeur sémantique est forte (à préciser).

Il est en tête de phrase (contexte) ; il s'analyse par rapport au verbe, à un adjectif, à un autre adverbe, ou à la phrase entière (syntaxe) ; il correspond à un degré, une intensité, (sémantique), et donne la tonalité exclamative de la phrase. Variantes : ce que...! ou qu'est-ce que...!

Exemple : Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! (= très joli, très beau)

Il est en tête de phrase (contexte) et a un sens circonstanciel (ex : que = pourquoi).

Exemple : Que ne lui avez-vous répondu plus tôt ?!

C'est une corrélation adverbiale (morphologie) de restriction (sémantique). C'est l'équivalent de seulement.

Cette corrélation (morphologie) introduit un complément du comparatif (contexte).

Son analyse prête à discussion, car on peut l'analyser aussi comme une conjonction, avec une subordonnée elliptique (plus grand que son frère = plus grand que son frère n'est grand).

IV - CAS PARTICULIERS

ex : Qu'il entre !

Morphologie : invariable.

Contexte : ce n'est pas un subordonnant ; il n'est pas mobile. Il se trouve en tête d'une phrase injonctive (impérative) ou optative (souhait).

Syntaxe : il n'assume aucune fonction et n'en confère pas.

Sémantique : il ne possède aucun référent. Il confère à la phrase une valeur injonctive ou optative. Son utilisation, avec celle du subjonctif, permet de construire une tournure qui correspond à une 3ème personne de l'impératif, forme qui n'existe pas en Français.

ex : Que d'erreurs dans vos copies !

Morphologie : invariable (origine adverbiale).

Contexte et syntaxe : ce n'est pas un subordonnant ; il n'est pas mobile. Comme tous les mots exclamatifs, il se situe en tête de phrase. Son rôle est de déterminer le nom qu'il précède, de lui permettre de se réaliser dans une phrase (généralement elliptique d'un verbe faible sémantiquement : il y a) et d'y assumer une fonction.

Sémantique : il actualise le nom. Comme les indéfinis, il exprime une notion de quantité, et donne en outre la tournure exclamative de la phrase. Variante : Combien de...!

ex : Oh! que non! / peut-être que... / heureusement que... / Si j'étais que de vous...

Il est inutile, et renforce simplement l'expression. Aucune analyse grammaticale.