LES FONCTIONS |
Le
cours complet sur les fonctions ne figure désormais que sur le site TheBookEdition.com.
Le
présent cours donne cependant tous les éléments nécessaires
pour un étudiant de Licence jusqu'en 3ème année, et c'est
la base pour les concours.
Classement - Méthode
Fonctions
essentielles dans la phrase : sujet - complément
d'agent - complément d'objet - attribut
- complément de verbe adverbial
Compléments
de phrase
Fonctions secondaires : complément
du nom ou de l'adjectif - épithète - apposition
- Remarques finales
Définition : Une fonction est un rapport de dépendance à un autre élément, à l'intérieur d'une phrase. Par exemple, un sujet est forcément « sujet du verbe Untel ». En ce sens, l'apostrophe ne doit pas être considérée comme une fonction, malgré une longue tradition (héritée du vocatif latin).
1) Trois types de fonctions
La nature du mot ou du groupe analysé est liée au type de fonction : nature et fonction ne doivent pas être en contradiction. Par exemple, un adjectif ne peut pas être complément (pas de COD du verbe être ! pas d'adjectif complément de manière !) ; un adverbe ne peut être sujet ou complément d'objet (donc, rien n'est pas un adverbe, mais un pronom indéfini). On détermine ainsi trois ensembles de fonctions :
Les fonctions nominales : sujet, complément d'objet, complément du nom ou de l'adjectif (assumées par le groupe nominal, le nom propre, le pronom, mais aussi l'infinitif et,
dans la phrase complexe, les subordonnées conjonctives pures [avec que] ; les subordonnées interrogatives et infinitives sont uniquement COD,
bien qu'il existe quelques cas limites pour les interrogatives).
Les fonctions adjectivales : épithète, apposé, attribut (assumées par un adjectif qualificatif, ou un groupe à valeur adjectivale, mais aussi par la subordonnée relative). Tout élément dans cette situation joue un rôle adjectival : il sert à qualifier, caractériser un élément de la réalité.
Les fonctions adverbiales : les compléments circonstanciels, ou essentiels, de lieu, temps, manière, etc. (fonctions assumées par l'adverbe, mais aussi par un groupe nominal prépositionnel, ou un gérondif ; subordonnées : les conjonctives circonstancielles, et les participiales). Ce sont des fonctions où l'aspect sémantique est déterminant : elles apportent une modification ou une précision de sens à un autre élément, ou à la phrase. On
peut dire que l'aspect sémantique se fond avec l'aspect syntaxique. On notera pourtant que les compléments circonstanciels constituent un ensemble hétérogène.
2) Hiérarchie
Les fonctions dites primaires sont celles qui dépendent du verbe.
Les fonctions dites secondaires ne dépendent pas du verbe, mais se trouvent à l'intérieur du groupe, ex : le complément du nom.
L'analyse des fonctions requiert 5 critères :
1) La catégorie
2) La morphologie
3) Le contexte (la distribution)
4) Les relations syntaxiques
5) La sémantique
III - INVENTAIRE DES FONCTIONS
A - LES FONCTIONS ESSENTIELLES A L'INTÉRIEUR DE LA PHRASE
1) Le sujet
Catégorie
C'est la première des fonctions nominales,
car le minimum pour faire une phrase, c'est un verbe avec son sujet.
On y trouvera un groupe nominal, un nom propre, un pronom, un infinitif, ou
une conjonctive pure (généralement sujet réel d'un verbe
impersonnel).
Morphologie
Le sujet entraîne l'accord du verbe (personne, nombre, voire genre
du participe passé quand on a l'auxiliaire être).
Distribution et syntaxe
Il se trouve normalement devant le verbe, non détaché (pas de virgule). C'est
la plus essentielle des fonctions, puisque le minimum pour faire une phrase, c'est un sujet et un verbe. Le
sujet peut être inversé pour des raisons stylistiques, particulièrement
quand la phrase commence par un adverbe ou un complément adverbial (lieu
surtout) aisément reconnaissable. L'inversion n'est pas un déplacement
libre, elle obéit à des contraintes strictes, et il faut toujours
la justifier.
Sémantique
Sur le plan sémantique, il faut éviter de chercher celui qui fait l'action,
car tous les verbes ne sont pas des verbes d'action. Le sujet, dans la phrase simple et canonique, c'est ce (celui) dont on parle, et le reste de la phrase (verbe + fonctions essentielles), c'est ce qu'on en dit, qu'on appelle le
prédicat. Les relations sémantiques entre le sujet et le verbe sont impérieuses (ex : sujet abstrait / concret / humain...).
Il faut donc partir du sens du verbe, et se demander : que peut-on mettre
comme sujet pour ce verbe ? Qu'est-ce qui peut... ? ou Qui
est-ce qui peut... ? (c'est une question qui permet de trouver le sujet
- évidemment, celui-ci peut être remplacé par un pronom).
Mise en relief : C'est
Untel qui... Remplacement par un pronom personnel il (elle, ils, elles).
Problèmes :
— L'inversion du sujet, nous l'avons signalé, dans l'interrogation, mais aussi quand on place un groupe complément circonstanciel ou un adverbe en tête de phrase, ainsi que dans une subordonnée relative ou infinitive, assez souvent : Ainsi parla le chef de la tribu. L'histoire [que racontait mon grand-père].
— Le verbe parfois n'est pas conjugué, comme dans une subordonnée infinitive ou participiale :
Je regarde tomber la neige. La nuit tombant, nous dûmes rentrer.
Il existe aussi des phrases infinitives, comme pour l'infinitif de narration :
Et Napoléon alors de s'exclamer d'un air dédaigneux...
— Les verbes impersonnels : le pronom il (parfois ce, ça) ne remplace rien, c'est le sujet apparent, grammatical ; le sujet réel, logique, se trouve derrière le verbe : Il reste du café. Il est (c'est) facile de se tromper. = Du café reste. / Se tromper est facile. Pour les événements qui se produisent tout seuls, il n'y a pas de sujet réel : il pleut ; le pronom il est un sujet fantôme, car le verbe français ne peut pas se passer d'un terme en place de sujet (marqueur), sauf à l'impératif.
Le complément d'agent ne peut s'étudier qu'en liaison avec le sujet, puisque le sujet devient complément d'agent dans la transformation passive :
Les réparations ont été effectuées par un charlatan = (c'est) un charlatan (qui) a effectué les réparations.
Nous étions entourés d'ennemis = Des ennemis nous entouraient.
Catégorie
Le complément d'agent est un groupe nominal,
un nom propre ou un pronom.
Morphologie
Aucun accord n'est à signaler pour cette fonction
Distribution et syntaxe
Il se trouve juste derrière un verbe
à la voix passive, non détaché (pas de virgule), relié
au verbe par la préposition par (parfois de : Il est très
estimé de ses chefs). C'est une fonction essentielle, puisqu'elle
est liée au sujet. Quand on remet le verbe à la voix active, ce
groupe devient sujet, l'ancien sujet devient COD, et cette transformation est
caractéristique. Quand le complément d'agent est absent, c'est qu'il est
indéfini, inconnu, il correspond, à la voix active, à un sujet indéfini on :
Les travaux ont été effectuées = On a effectué les travaux.
Ne pas exprimer un complément d'agent, c'est une façon détournée
de se dispenser de mettre un sujet, qui est pourtant la plus essentielle des
fonctions.
Sémantique
Sur le plan sémantique, nous dirons que c'est
celui (l'élément) qui fait, généralement un humain,
mais pas toujours : Un arbre a été déraciné
par la tempête.
Pour un humain, on parlera de l'auteur de l'action ; sinon, ce sera simplement
l'élément déclencheur.
Ce complément a été longtemps très mal étudié, et classé à tort dans les circonstanciels par l'ancienne tradition (voir les programmes du début du XXème siècle), tout simplement parce qu'en latin il est à l'ablatif, et que la grammaire française a élé longtemps copiée sur la grammaire latine, elle-même mal comprise.
Catégorie
C'est une fonction nominale. On y trouvera un groupe
nominal, un nom propre, un pronom, un infinitif ; dans la phrase complexe, une
subordonnée conjonctive pure, une interrogative ou une infinitive.
Morphologie
Le seul accord à signaler est celui du participe
passé, qui s'accorde avec un COD placé devant le verbe quand ce
verbe est conjugué avec l'auxiliaire avoir ou qu'il est pronominal.
Aucun accord avec un COI.
Distribution et syntaxe
Il se trouve normalement juste derrière le verbe, non détaché (pas de virgule). C'est
une fonction essentielle, non déplaçable et non détachable
dans la phrase canonique (minimale). Les constructions particulières
sont examinées ci-après. Un C.O. est pronominalisable. Le verbe
qui possède un C.O. est dit transitif.
Sémantique
Sur le plan sémantique, il faut éviter
de dire que le C.O. est celui qui subit l'action du verbe, cela ne veut rien
dire. Il faut procéder comme pour le sujet : partant du sens du
verbe, que peut-on mettre comme COD ou comme COI ? Comme
nous sommes dans les fonctions nominales, on s'appuie ainsi logiquement sur
ce que les noms peuvent représenter. Le raisonnement sera tout
autre dans les fonctions adjectivales et adverbiales.
Le COD : sans préposition. Le verbe est dit transitif direct. A la voix passive, le COD devient sujet (le
sujet devient complément d'agent). Morphologiquement, il faut signaler l'accord du participe passé avec le COD placé devant le verbe, quand on a l'auxiliaire avoir, et pour les verbes pronominaux :
Cette voiture, il l'a achetée/ Il se l'est achetée.
Le COI : introduit par une préposition (à , de, mais aussi en, sur, parfois avec, après, dans : ces prépositions perdent alors tout leur sens circonstanciel). Le verbe est transitif indirect.
Gaston ne se souciait guère de ses ennuis. / Il croyait au destin. / Il croyait en son avenir. / Il comptait sur la chance. / Il attendait après Mademoiselle Jeanne. / Il discutait souvent avec elle.
La voix passive est impossible, sauf exceptionnellement pour des verbes qui furent transitifs directs, comme penser, réfléchir, et surtout obéir :
Vous serez obéi de tous. (V passif + c. d'agent)
La construction avec double objet : le verbe est doublement transitif, il est suivi d'un COD 1er (quelques cas de COI 1er : parler, discuter de qqch avec qqn) et d'un COI 2nd (appelé scolairement COS,
appellation à éviter), tous deux essentiels. Le sens du verbe est particulier, il exprime une relation, un transfert entre deux éléments de même type, souvent deux humains. C'est le cas des verbes de don (donner) et leurs contraires (ôter), ou des verbes de parole (dire), qui constituent la majorité des cas. La construction la plus fréquente est celle-ci :
L'enfant offrit un bouquet à sa grand-mère. / Nous leur annonçâmes que nous allions déménager.
(sujet humain + verbe de don ou de parole + COD 1er chose ou message verbal + COI 2nd humain)
Le COI 2nd subsiste dans la transformation passive, quand le 1er est un COD :
La nouvelle leur fut annoncée par un voisin.
La présence d'un COI 1er ou COI seul interdit la transformation passive.
Il
y a de très rares cas de verbes triplement transitifs, avec ce qu'il
faut bien appeler un complément d'objet 3ème :
Martin (sujet) échange des timbres (COD 1er)
contre des pièces (COI 2nd) avec Patrick
( COI 3ème). Idem, avec autres contraintes : Je
te parie une bouteille de champagne qu'on va gagner.
Le complément d'objet interne : cas très particulier, discutable,
où le complément (direct) n'exprime qu'une redondance ou une précision par rapport au sens du verbe ; la transformation passive est impossible :
vivre sa vie / pleurer toutes les larmes de son corps/ suer sang et eau / sentir la rose...
/ *Sa vie a été vécue par lui... / *La rose est sentie par ce parfum... (incorrects)
S'agit-il
vraiment d'un complément d'objet ? Ce complément se rapproche
fortement des compléments adverbiaux essentiels. On remarquera que
si on dit Ce savon sent la rose, on dit aussi Cette savonnette
sent bon, où bon est visiblement un adverbe. Il ne s'agit
donc pas là d'une fonction nominale.
Le complément d'attribution est, globalement, l'ancienne appellation du COI 2nd. Cette appellation vieillotte liée au datif latin est à éviter. L'appellation COS aussi, car elle risque de faire croire que c'est un type de CO différent du COI.
Catégorie
C'est une fonction adjectivale On y trouvera
un adjectif qualificatif, un participe, un élément adjectivé
quelconque. Un élément nominal peut aussi être attribut,
en perdant son rôle nominal et en prenant un rôle adjectival (voir
l'aspect sémantique).
Morphologie
L'attribut s'accorde nécessairement avec
le sujet ou le COD dont il est attribut. Quand il s'agit d'un adjectif, l'accord
en genre et nombre se fait sans problème, même s'il y a des adjectifs
épicènes (même forme pour les deux genres). Quand c'est
un nom ou un GN, l'accord en nombre se fait généralement ;
mais le nom ayant un genre fixe, l'accord en genre ne peut être systématique.
Quand il s'agit d'un groupe nominal entier, surtout en utilisation métaphorique,
il peut arriver que l'accord soit impossible : Les yeux sont le miroir
de l'âme / Mes petits-enfants sont la prunelle de mes yeux.
Distribution et syntaxe
Il se trouve normalement juste derrière le verbe, non détaché (pas de virgule). C'est
une fonction essentielle, non déplaçable et non détachable
dans la phrase canonique (minimale). Il est relié au sujet ou au COD par un verbe, souvent un verbe d'état ou un synonyme
pour l'attribut du sujet, mais d'autres verbes sont possibles ; verbe de
jugement ou de transformation souvent pour l'attribut du COD. L'attribut du sujet se trouve derrière le verbe, non détaché ; l'attribut du COD se trouve derrière le verbe puis le COD, non détaché.
Les constructions particulières
sont examinées ci-après. Dans certains cas, le verbe utilise une
préposition, toujours la même (le plus souvent comme).
Sémantique
Sur le plan sémantique,
il joue pleinement son rôle adjectival. Il sert à caractériser, qualifier (dire quelque chose de) le sujet ou le COD.
Quand il s'agit d'un élément nominal, il ne sert pas à
exprimer un nouvel élément de la réalité, et perd
donc son rôle nominal ; il correspond au contraire au même
être ou à la même chose que le sujet ou le COD, et sert à
le caractériser. Cas limite : un nom propre attribut se contentera d'indiquer l'identité :
Je suis Fox Mulder, du FBI (et je montre ma carte).
Le verbe
sert à exprimer l'état du sujet ou du COD, avec toutes les variantes
(état / état apparent / changement d'état / permanence
d'un état). Dans certains cas, il s'agit d'un verbe quelconque, non attributif,
qui prend un sens attributif en plus, dans une
sorte de raccourci où l'on dit deux choses en même temps :
La Seine coulait verte (Hugo) = la Seine coulait + la Seine était
verte.
L'attribut du sujet :
— L'adjectif attribut est simplement relié au sujet ou au COD par un verbe, quel que soit le verbe :
Vous paraissez bien triste. Il est considéré comme honnête. Il rentra fatigué.
— Le groupe nominal (parfois l'infinitif) attribut, relié par un verbe d'état ou un synonyme, exprime la même chose ou la même personne que le sujet, en rajoutant un renseignement (= pour en dire quelque chose) :
Ma grand-mère était une bonne cuisinière. (ou passait pour, était considérée comme...)
/ Mon voisin est devenu conseiller municipal. (ou
a été élu)
/ La difficulté fut de trouver un compromis.
L'attribut du COD :
Certains verbes passifs, utilisés comme synonymes de verbes d'état, permettent de construire un attribut du COD quand on les remet à la voix active :
On la considérait comme (tenait pour) une bonne cuisinière (état
apparent du COD) / On a élu Victor conseiller municipal.
/ Le Président a nommé Victor ministre (changement
d'état) / Le Président a confirmé Victor comme
ministre (permanence d'un état).
La subordonnée relative peut être attribut du COD : J'ai
la rate qui se dilate / Elle a les yeux qui brillent
/ J'ai trouvé ma petite soeur qui pleurait.
Il existe un cas d'attribut du COI :
L'imprésario a fait de ce chanteur une vedette.
5) Les compléments de verbe adverbiaux
Il existe une frange de compléments qui sont intuitivement perçus comme circonstanciels, à cause de leur sens (lieu, temps, mesure), mais qui sont des compléments de verbe, non supprimables, non détachables, en liaison étroite avec le sens du verbe. Ce ne sont pourtant pas des compléments d'objet : quand ils sont directs, ils ne participent pas à la transformation passive, et n'entraînent pas l'accord du participe passé ; ils s'ajoutent aux compléments d'objet ; on peut leur substituer des adverbes, ou les chercher par un questionnement adverbial. Ce sont donc des fonctions adverbiales.
On peut les appeler compléments essentiels de lieu, temps, mesure, etc. :
Il va (se rend, demeure...) à Paris. / Il vient de Paris. / Il habite Paris. (où ?)
Le cours d'histoire dure deux heures. (combien de temps ?)
Il mesure un mètre soixante et pèse cent vingt kilos. (combien ?)
Cet appareil coûte cent euros.
J'ai revendu ce tableau deux millions à un amateur japonais. (COD 1er + c. ess. mesure + COI 2nd)
Catégorie
C'est une fonction adverbiale. On y trouvera un adverbe,
ou un groupe
nominal, prépositionnel ou non.
Morphologie
Aucun accord n'est à signaler.
Distribution et syntaxe
Il se trouve normalement juste derrière le verbe, non détaché (pas de virgule). C'est
une fonction essentielle, non déplaçable et non détachable
dans la phrase canonique (minimale). Il est en principe adverbialisable, ne
serait-ce que dans le questionnement.
Sémantique
Sur le plan sémantique, ce type de complément
est spontanément reconnaissable, comme le complément circonstanciel,
mais il est exigé par le sens du verbe : on ne peut pas aller
ou se diriger sans aller ou se diriger quelque part ;
on habite forcément quelque part ; une séance
dure forcément un certain temps (2 heures / longtemps...) ;
un objet ne peut pas coûter sans coûter un certain
prix, etc.
On pourrait unifier ces compléments en considérant
qu'il s'agit souvent d'une donnée chiffrée, à l'exception
du lieu.
Un complément de lieu peut se révéler plus
ou moins essentiel, donc plus ou moins circonstanciel, et l'analyse reste difficilement
satisfaisante.
Les compléments circonstanciels sont par principe des compléments de phrase :
Catégorie
C'est une fonction adverbiale. Ils sont a priori adverbialisables : on peut leur substituer un adverbe, ou les trouver par un questionnement adverbial. On parle donc de compléments adverbiaux, ou de subordonnées adverbiales. Outre des adverbes, on trouvera donc des syntagmes nominaux, des pronoms, des infinitifs (avec prépositions le plus souvent), et dans la phrase complexe, des subordonnées conjonctives et participiales.
Morphologie
Aucun accord n'est à signaler.
Distribution et syntaxe
Un complément circonstanciel est mobile, détachable, supprimable ; il est généralement introduit par une préposition caractéristique :
Il étudiait l'astronomie pour se distraire (c. c. but) / Pour se distraire, il étudiait l'astronomie. / Il étudiait l'astronomie.
Sémantique
Un complément circonstanciel possède une autonomie sémantique ; isolé, détaché, il est encore reconnaissable comme tel. Cela est dû à la liaison entre le sens de la préposition et le sens du syntagme qui suit (ex. : la préposition sur prend un sens locatif si elle est suivie d'un GN concret, correspondant à une surface). Le sens du complément se définit par rapport au reste de la phrase, et non par rapport au verbe seul.
La phrase correspond systématiquement à un événement.
On reconnaît généralement : temps, lieu, les modèles même des circonstances (décor, cadre, de n'importe quelle action ou situation) / les modalités de l'action : manière, moyen / rapports logiques entre deux événements : cause, conséquence, concession (ou opposition), but (ou intérêt), hypothèse + comparaison (analyse problématique). L'existence d'un prétendu complément circonstanciel d'accompagnement est une illusion, malgré l'ablatif latin (cum) : il s'agit en français d'un COI introduit par avec.
Il existe de nombreuses subordonnées conjonctives de temps (avec quand, lorsque, dès que, avant que...), de cause (parce que, puisque...), de conséquence (de sorte que...), de concession (bien que, quoique...), d'hypothèse (si, au cas où...), etc. Il n'existe pas de subordonnées de lieu ni de moyen ; pour la manière, à la rigueur avec sans que, mais c'est plutôt l'opposition. Les rapports logiques s'expriment souvent avec des subordonnées.
Les fonctions secondaires ne se situent plus dans le cadre de la phrase, mais dans celui du syntagme, du groupe nominal.
1) Les compléments dits déterminatifs
Les compléments du nom, du pronom ou de l'adjectif se situent à l'intérieur du groupe. Il s'agit de fonctions nominales, prépositionnelles, non essentielles par rapport au verbe, mais non mobiles, non détachables, et dont la liaison sémantique est forte avec l'élément qui régit le groupe :
la voiture de mes parents : complément du nom voiture
/ celle de mes parents, quelques uns de mes amis : complément du pronom celle,
quelques uns
/ rouge de confusion : complément de l'adjectif rouge.
La
préposition dominante en français actuel est de, mais il
ne faut pas exclure à, encore fréquente en langage parlé
(la voiture à mon père), ou d'autres encore (un gilet
sans manches). L'ancienne langue utilisait des tournures sans prépositions,
qui existent encore en langue populaire et dans les noms de lieux.
C'est une fonction adjectivale : l'adjectif est placé à côté du nom, non détaché ; il s'accorde avec lui ; il n'est pas essentiel en principe. On peut trouver des équivalents à l'adjectif : certains compléments du nom, et la subordonnée relative, qui est à analyser avec des fonctions d'adjectif (épithète / apposée / attribut [du COD uniquement]) :
un grand personnage / un personnage intéressant / un personnage de grande envergure / un personnage qui a marqué son temps
L'épithète, adjectivale, sert normalement à caractériser, décrire ; des nuances sont parfois à apporter concernant l'importance de l'adjectif, ou le sens lié à la place (un grand homme / un homme grand). Surtout, il existe des adjectifs dits épithètes qui correspondent à un complément du nom, et sont difficilement supprimables : la lumière solaire = la lumière du soleil ; le voyage présidentiel = le voyage du président. L'analyse traditionnelle montre là ses limites, et l'étude du groupe nominal met à jour de nombreuses complexités.
C'est une fonction adjectivale, non essentielle, qui peut être assumée aussi par un groupe nominal. Elle est très comparable à l'attribut au niveau sémantique, mais pas du tout au niveau distributionnel ou syntaxique, puisqu'il ne s'agit pas d'une fonction essentielle. L'apposition est à côté d'un nom, en position détachée (le GN apposé est souvent derrière, à cause du risque de confusion). Elle sert à apporter un élément de sens accessoire, à but descriptif, voire circonstanciel (causal, concessif, ou hypothétique, sans être complément). Quand il s'agit d'un groupe nominal, il y a en outre identité avec l'élément dont il dépend, comme pour l'attribut : Rusé, le renard se méfie des appâts. (adjectif apposé àrenard) / Le maire, un paysan du village, connaissait bien ses administrés. (GN apposé à maire) / Ce renard, qui était rusé, ne se méfia pourtant point. (sub. relative appositive, à sens concessif)
1) certaines locutions dites
énonciatives
échappent à l'analyse, comme l'apostrophe, qui n'est pas
une fonction :
Toto, mange ta soupe !
ou comme certains adverbes :
Naturellement, il est encore en train de s'amuser !
L'adverbe, ici, ne fait que souligner l'opinion du locuteur. L'enfant ne s'amuse pas " d'une façon naturelle " ! Rappelons que la situation d'énonciation relève du je / ici / maintenant, c'est-à-dire de la position du locuteur.
2) La limite est parfois floue entre les fonctions, en particulier entre les compléments d'objet et les autres compléments de verbe, et entre ces derniers et les compléments circonstanciels ; un complément apparemment circonstanciel peut se révéler difficilement détachable ou supprimable. Nous ne sommes pas dans une science exacte. On peut, par comparaison, constater que les cloisons ne sont pas étanches, et qu'il y a des fuites...