1) Morphologie
La variabilité du pronom, quand on considère l'ensemble de cette catégorie, est très importante : genre et nombre (y compris le neutre), mais aussi personne, fonction, voire place, et sens. Cela s'explique en bonne partie par le caractère de remplaçant de ce mot. On peut dire que certains pronoms, comme les pronoms personnels, possèdent des formes qui correspondent à des cas, comme dans les déclinaisons : nominatif, accusatif, datif. Exemples de variabilité :
— genre et nombre : celui-là, ceux-là, celles-là (démonstratifs) ; neutre : ce, ceci, cela, rien, quelque chose, tout... ;
— personne : je, tu, eux... (personnels), le mien, le leur... (possessifs) ;
— fonction : il / le / lui (pronoms personnels sujet / COD / COI) ; y / en (personnels ou adverbiaux compléments introduits par à ou de) ; qui / que / quoi (relatifs sujet / COD / COI, ainsi que les interrogatifs que / quoi) ;
— place : me / moi / le / lui (personnels ; liaison avec la fonction, mais pas uniquement : on a des formes toniques, disjointes, indépendantes du verbe, et des formes clitiques, atones, conjointes devant le verbe) ;
— sens : Qui avez-vous vu ? Que voulait-il ? (interrogatifs exprimant soit des personnes soit des choses) ; il se regarde / ils se regardent (sens réfléchi ou réciproque). Les pronoms personnels de 1ère et 2ème personne réfèrent à des humains. Dans les indéfinis, certains réfèrent à des humains (personne, qu'elqu'un), d'autres à des choses (rien, quelque chose, tout). Evidemment, beaucoup de pronoms ne sont pas ainsi spécialisés.
2) Contexte
Par rapport au nom, dont il faut le distinguer à cause de leur usage similaire, le pronom n'est pas précédé d'un déterminant, et n'en a pas besoin.
Certains pronoms contiennent en eux-mêmes un déterminant, qui ne joue pas son rôle, et qu'on ne peut pas changer : le mien (et non ce mien, etc.) ; les indéfinis aussi, qui posent des problèmes : un autre, l'autre ; quand on dit cet autre, tous les autres (mais pas mon autre, chaque autre), le pronom se comporte un peu comme un nom.
La plupart des pronoms n'ont pas d'expansion, et ne peuvent pas en avoir. Pourtant, certains peuvent ou doivent être suivis d'un complément du pronom ou d'une subordonnée relative, et quelques uns même peuvent être suivis d'un adjectif introduit par de, délicat à analyser, mais qu'on peut valablement considérer comme épithète du pronom. En voici quelques exemples :
3) Syntaxe
Un pronom est apte à assurer l'ensemble des fonctions qui sont celles du nom, c'est-à-dire la totalité des fonctions possibles, sauf celle d'épithète, mais en priorité les fonctions nominales. En fait, il s'agit des fonctions du syntagme nominal (entier), ce qui explique que dans les fonctions adjectivales, l'épithète soit impossible, et que l'attribut ou l'apposition ne servent qu'à indiquer ou confirmer l'identité. Les fonctions adverbiales sont également limitées pour le pronom.
Un pronom peut remplacer un syntagme nominal, mais aussi
parfois un adjectif, et être alors attribut (malade, je l'étais / malade que
j'étais), parfois un adverbe (là où nous
allions), un infinitif (c'est manger qu'il nous
faut / partir, c'est mourir un peu), et aussi une
proposition, une phrase, un discours entier (je vous
l'avais bien dit).
4) Sémantique
Le pronom est un représentant, au sens large, c'est-à-dire un substitut du syntagme nominal.
Sous-catégories :
— personnels : les pronoms de base, reconnaissables à leur personne (1ère, 2ème, 3ème) ; ceux de la 3ème personne se contentent de remplacer, sans rien modifier sur le plan sémantique, ce sont des remplaçants anaphoriques totaux. Exemples de pronoms personnels : je, tu, il, on / en, y /+ bibi, mézigue, ma pomme, Toto... sont des pronoms personnels argotiques. Le pronom je représente le locuteur, celui qui parle, le pronom tu représente l'allocutaire, celui à qui je parle. Le pronom on est d'abord personnel, mais aussi indéfini. Le pronom personnel connaît le maximum de variabilité (tous les éléments indiqués en morphologie).
— possessifs : ils expriment un lien, un rapport à une personne (à moi / toi / lui...) : le mien... / le nôtre...
— démonstratifs : ils désignent, par le geste ou la pensée (de manière déictique ou anaphorique) : cela, celui-ci...
— relatifs : ils se situent en tête d'une subordonnée relative qu'ils introduisent : qui, que, quoi, dont, où, lequel ; un pronom relatif est un remplaçant anaphorique total.
— interrogatifs : ils servent à poser une question : qui, que, quoi, lequel... ? (où... ? = adverbe) ; qui correspond à un élément humain, que et quoi à un élément "chose", avec secondairement une variation en fonction.
— indéfinis : exprimant généralement une notion de quantité vague, sous toutes ses formes : tout, rien, chacun, un autre, quelque chose, quelques uns...
— pronoms numéraux : quantitatifs indiquant un nombre précis : on peut considérer que des adjectifs numéraux utilisés sans noms deviennent des pronoms : trois sont venus / j'ai vu le deuxième
Il n'y a pas
de pronom exclamatif.