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LE NOM PROPRE

Il est placé à tort dans la même catégorie que le nom. En fait, il se comporte comme un syntagme complet, comme le pronom, mais pour d'autres raisons : le nom propre possède une référence absolue, alors que le pronom possède, si l'on peut dire, une référence par procuration.

Il est en principe porteur d'un genre et d'un nombre.

Les noms de villes ont un genre indéterminé : Paris est beau / Paris est belle

Quelques exceptions qui se discutent, en géographie : les Indes, les Amériques. S'agit-il du même sens ? D'un pluriel archaïque (poétique) ? (l'Inde, les Indes) Dit-on une Amérique ? Le singulier et le pluriel fonctionnent-ils de la même façon ? On s'aperçoit que les Indes désigne d'anciennes colonies, et non un pluriel de l'Inde.

Certains, correspondant à une confédération ou à un ensemble d'îles, sont toujours au pluriel : les Etats-Unis, les Nouvelles Hébrides.

A l'écrit, les noms propres se remarquent à la majuscule initiale.

La plupart ne sont jamais précédés d'un déterminant ; sinon, c'est qu'on les utilise comme noms communs (par antonomase) : Machin est une sorte de petit Napoléon dans son genre.

En géographie, certains noms sont toujours précédés d'un déterminant : les pays, les cours d'eau (la France, la Seine). C'est un article défini, rien d'autre. On peut dire qu'il est intégré au nom propre. Toute autre utilisation relève de la conversion, de l'antonomase : ma France.

Le nom propre est rarement accompagné d'une épithète ; il perd alors généralement son article : douce France / chère France (nombre limité d'adjectifs possibles). C'est encore plus difficile, voire incorrect, pour une relative épithète : *La France qui se trouve en Europe est un beau pays (y en a-t-il une autre ailleurs ?). Pour l'attribut et l'apposition, il n'y a pas de restriction, mais ces éléments ne sont pas intégrés au groupe nominal : La France est un beau pays / La France, ce beau pays,...

Remarque : le fait qu'il y ait conversion, antonomase, montre que le nom commun et le nom propre n'appartiennent pas à la même catégorie.

Le nom propre peut assurer globalement les mêmes fonctions que le nom commun, ou plutôt que le syntagme nominal.

Certaines fonctions sont difficilement possibles, ou en tout cas cela se discute beaucoup : ce sont celles qui sont adjectivales, comme l'attribut, et plus encore l'épithète, car le nom propre ne peut servir à qualifier, caractériser quelque chose, à moins d'un changement de nature (procédé de style). Le nom propre attribut ou apposé sert exclusivement à préciser l'identité.

 Un nom propre désigne un être unique, et il le désigne par convention (on aurait pu l'appeler, le « baptiser » autrement, c'est une question de décision collective ou individuelle).

On peut dire qu'il est complet par lui-même : il n'a pas besoin d'un complément du nom pour être précisé. C'est pourquoi il se passe si souvent d'éléments annexes.

Le nom propre ne possède pas de définition (on ne peut pas trouver dans le dictionnaire : un Napoléon, c'est un...).