LE DÉTERMINANT
1) Morphologie
C'est un mot qui varie en genre et en nombre, et l'adjectif possessif varie aussi en personne. Il tient ces marques morphologiques du nom qu'il détermine (et, pour la personne, du lien établi à une personne.
Rappelons que certains déterminants ont des formes élidées ou contractées : l'eau / le bouquet du (de le) vin ; ou bien sont en deux mots : de l'eau (article partitif).
2) Contexte
Il se joint à un nom pour l'introduire dans le discours et lui permettre de se réaliser en syntagme dans une phrase. Le déterminant se situe immédiatement à gauche du nom, sans pause ; il ne peut en être séparé que par un adjectif épithète.
Un déterminant en exclut un autre : on ne peut trouver deux déterminants, identiques ou différents, pour le même nom : *ce mon cahier.
Exceptions : les quantitatifs, tels certains indéfinis : tous les jours / tous mes amis / l'autre jour / un autre jour / mon autre voiture ; on dit que l'indéfini tout se trouve en situation de prédéterminant ; avec autre, c'est le premier déterminant qui est en situation de prédéterminant. Mais pour tout, cet indéfini s'utilise toujours avec un autre déterminant, dans ce sens de totalité (sinon, il a le sens de chaque) ; on peut considérer que l'on a affaire à une sorte de déterminant composé, ou de locution déterminative. On peut remarquer aussi que certains indéfinis ont une tendance à se comporter comme des qualificatifs, et sont parfois analysés comme tels : le problème est autre.
Les adjectifs numéraux suivent souvent aussi un autre déterminant, sans lequel ils prennent un sens indéfini (une quantité précise, mais d'éléments non précisés) ; on comparera : deux enfants / mes deux enfants.
3) Syntaxe
Un déterminant n'a pas de fonction, sinon celle de déterminer, mais il a un rôle syntaxique important (c'est ce que signifie déterminer). Il transforme n'importe quel élément en nom, et lui permet donc de constituer un syntagme nominal apte à jouer un rôle syntaxique dans une phrase, d'y assumer une fonction.
4) Sémantique
Le déterminant actualise le nom, c'est-à-dire lui permet de prendre un sens précis et d'entrer dans un contexte compréhensible : le nom voiture a un sens, mais qui reste abstrait ; ma voiture / cette voiture : cela signifie quelque chose de précis et compréhensible.
Dans l'analyse sémantique d'un déterminant, on précisera ensuite le sens de la sous-catégorie.
Sous-catégories :
Elles correspondent globalement à celles des pronoms.
— articles : déterminant de base, à valeur sémantique très faible, comme les pronoms personnels de 3ème personne chez les pronoms. On distingue 3 articles : défini, indéfini, partitif : le pain / un pain / du pain. Le nom précédé d'un article défini correspond à un élément précis, à un élément non précis avec un article indéfini, à une quantité non dénombrable avec un article partitif. Avec ce dernier, le nom est au singulier ou au pluriel, mais les deux ne sont pas possibles (du pain n'est pas le singulier de des pains, des pâtes n'est pas le pluriel de une pâte)
— adjectifs possessifs : il exprime unrapport à une personne (1ère, 2ème ou 3ème, du singulier ou du pluriel) : ma voiture...
— adjectifs démonstratifs : ils permettent désigner avec précision, par le geste (de façon déictique) ou la pensée (de façon anaphorique, un élément précédemment cité) : cette voiture...
— adjectifs indéfinis : généralement exprimant une notion de quantité vague, non chiffrée : tout, chaque, un autre..., plusieurs, quelques... (toujours devant un nom). Attention à des termes invariables comme beaucoup de..., tant de..., nombre de..., la plupart des..., quantité de..., etc., qui sont bien des déterminants, à classer dans les indéfinis, malgré leur origine adverbiale. Ils ont historiquement remplacé (au XVIIème siècle) d'authentiques déterminants considérés comme archaïques, comme maint ou moult.
— adjectifs numéraux : quantitatifs indiquant un nombre précis : un, deux, trois... (cardinaux) ; le premier... (ordinaux).
— adjectif interrogatif : il sert à poser une question : quel problème voyez-vous ? Comme précemment, il faut compter combien de...? comme déterminant à la fois interrogatif et quantitatif.
— adjectif exclamatif : il sert à s'exclamer : quel fichu problème ! Comme précemment, il faut compter que de...! comme déterminant à la fois exclamatif et quantitatif.
— adjectif relatif : il se situe en tête d'une subordonnée relative qu'il introduit, et sert à reprendre le nom antécédent ou un synonyme : un suspect, lequel suspect déclara... / sa voiture, lequel véhicule antédiluvien...