IV - LES FONCTIONS SECONDAIRES
Les fonctions secondaires ne se situent plus dans le cadre de la phrase, mais dans celui du syntagme.
A - LES COMPLÉMENTS DITS DÉTERMINATIFS
On appelle souvent compléments déterminatifs le complément du nom, du pronom, ou de l'adjectif, voire de l’adverbe :
L'appellation complément déterminatif peut prêter à confusion : le public scolaire peut croire qu'il existe un rapport avec les déterminants ; on peut aussi discuter de son exactitude. D'autre part, le complément du nom est en fait complément d'un syntagme nominal. Toutes ces expressions ne sont pas plus satisfaisantes que celle de complément d'objet ; leur emploi n'est qu'une question d'habitude.
A. 1 - LE COMPLÉMENT DU NOM
1) Classe grammaticale :
Il s'agit à la base d'un constituant de type nominal. Il sera assumé par un nom, un groupe ou un syntagme nominal, un nom propre, certains pronoms, un infinitif, occasionnellement un adverbe à valeur nominale, une subordonnée conjonctive pure, ou d’autres éléments nominalisés :
La subordonnée relative était analysée traditionnellement comme complément de l'antécédent, soit comme un complément du nom ; il y a avantage au contraire à la considérer comme adjectivale.
2) Aspects morphologiques :
Aucun lien morphologique ne peut être relevé par rapport à un autre élément de la phrase.
3) Aspects distributionnels :
Ce complément se situe dans le contexte droit immédiat de la tête de syntagme, sans pause possible ; seuls certains pronoms (dont, en) seront nécessairement antéposés :
En français moderne, il est presque toujours prépositionnel ; c'est le plus souvent la préposition de qui le relie à son chef de syntagme, mais un grand nombre de prépositions sont utilisables. Ce complément ne dépend pas du verbe, mais uniquement d'un nom ou un équivalent, constituant non verbal :
Il existe des cas de construction directe, héritages de la construction médiévale sans préposition ; le nom propre complément se construit ainsi dans les locutions figées :
Un tel complément ne doit pas être pris pour une apposition, il n’exprime aucune co-référence, aucune caractérisation.
La construction directe d’un nom commun aboutit souvent à lui conférer une valeur d’épithète, ou correspond à la formation d’un nom composé.
4) Les relations syntaxiques :
Le complément du nom est syntaxiquement facultatif. Sa suppression ne rend en aucune façon la phrase agrammaticale. Toutefois, ce complément peut se révéler sémantiquement essentiel, ou essentiel dans le syntagme, pour le nom recteur :
5) Description sémantique :
Un long développement sur les aspects sémantiques du groupe nominal serait ici hors de propos. Nous indiquerons quelques voies importantes.
Le complément du nom adopte généralement un comportement restrictif : par la précision qu’il apporte, il restreint le champ d’application du nom tête de syntagme, ce qui explique que celui-ci soit souvent déterminé par un article défini. Ainsi, une voiture est vague, la voiture de mon père est précis.
Le caractère sémantiquement essentiel de certains compléments se concrétisera sur le plan syntaxique dans une paraphrase verbale :
On peut considérer que le nom recteur (tête de syntagme) possède une valeur verbale qui se manifeste dans cette paraphrase, où le complément se transforme en sujet. Dans certains cas ambigus, il peut se transformer en COD :
Un certain nombre de compléments du nom possèdent une valeur circonstancielle, d’autres une valeur adjectivale ; on évoquera une matière, une possession, un fonctionnement, etc. Là encore, des paraphrases feront apparaître toutes ces variantes. Il faut toutefois se garder de tomber dans les extrêmes de la tradition grammaticale, qui, au début du XXème siècle, assimilait quasiment certains compléments du nom à des circonstants, comme dans l’exemple suivant :
Remarque :
Dans certaines tournures, des éléments apparemment nominaux doivent être en fait considérés comme des déterminants, quantitatifs ou évaluatifs, et non comme des noms recteurs suivis d’un complément :