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IV - LES FONCTIONS SECONDAIRES

C - L'APPOSITION

C. 2 – L’APPOSITION NOMINALE

Bien que ce soit une fonction adjectivale, il s'agit ici d'un constituant de type nominal, nom, groupe ou syntagme :

Les substituts habituels du syntagme nominal peuvent être apposés, sous certaines conditions. En fait, le nom propre, ne possédant a priori aucune valeur qualificative, peut rarement assumer cette fonction, de même que la plupart des pronoms :

L’infinitif pose sans doute moins de problèmes :

On notera la nécessité d’une tournure d’insistance pour que ces éléments puissent être apposés.

Peut-on dans certains cas analyser des conjonctives pures comme apposées ?

La subordonnée présente-t-elle vraiment une co-référence avec le nom crainte, ou ne s’agit-il pas plutôt de la crainte de…, c'est-à-dire d’un complément du nom, mis en relief ?

Un nom ou syntagme apposé ne portera le genre et le nombre du nom recteur que s'il y a consubstantialité, identité complète, comme pour l'attribut ; ceci exclut les accords dans les cas d'apposition métaphorique (fréquente en poésie) :

L’apposition se place dans le cadre du syntagme nominal.

Un élément nominal apposé se situe généralement dans le contexte droit immédiat du nom recteur, détaché par une ponctuation faible : virgules, parenthèses ou deux points. Les risques de confusion interdisent à un syntagme complet d’être antéposé, ce qui entraînerait une inversion des fonctions. Un groupe nominal, non déterminé donc, peut être antéposé à un sujet :

 Un syntagme apposé peut se trouver plus loin dans la phrase :

 On trouve apparemment des cas d'appositions sans pause, sur lesquels il faut s’interroger :

L’apposition a en principe pour rôle d’apporter une caractérisation : on peut se demander si c’est celui de mon ami, ou du syntagme le cordonnier.

D’autre part, l’apposition possède bien des points communs avec l’attribut ; or, il existe des cas de noms propres attributs, avec un pronom personnel nécessairement sujet, le nom propre servant à indiquer l’identité du sujet :

Il est donc difficile de trancher : l’apposition est-elle le roi, ou Henri IV ?

 On trouve de la même façon des appositions indirectes, reliées au nom par de, qui ne joue plus son rôle de préposition ; en particulier en géographie, avec un nom propre :

Si notre beau pays semble bien apporter une caractérisation à France, et peut être analysé comme apposition antéposée, on ne peut en dire autant de la ville, dont le nom propre donne l’identité. Le débat reste donc ouvert.

Ce n'est pas une fonction essentielle. Sa suppression ne rend en aucune façon la phrase agrammaticale, ni le syntagme.

L'apposition se transforme facilement en attribut par l'adjonction du verbe être, sans distorsion sémantique :

  L’apposition nominale se décrit sémantiquement de la même façon que l’apposition adjectivale : rôle de caractérisation (description, explication, etc.), non restrictif ; énoncé secondaire, prédicat concernant le nom recteur ; valeurs circonstancielles possibles.

  Comme pour l’attribut nominal, l’apposition nominale est nécessairement co-référente au nom recteur, il y a identité entre les deux éléments, ce que montre la transformation en attribut par adjonction du verbe être :

Évidemment, plus l’apposition est métaphorique, plus l’identité devient floue.

Un nom propre ou un pronom apposé se contente de préciser une identité, comme pour l’attribut, sans ajouter de caractérisation. C’est donc ainsi que nous analyserons Henri IV, Paris, ainsi que le cordonnier, dans les exemples précédents (au nom propre et au pronom, nous ajoutons un syntagme complet, quand il désigne un être suffisamment déterminé pour devenir unique). C’est d’une certaine façon un rôle de caractérisation minimale, qui revient à préciser de qui il s’agit.