page précédente

IV - LES FONCTIONS SECONDAIRES

C - L'APPOSITION

Nous sommes toujours dans le cadre du syntagme. L'apposition est une des fonctions qui concernent l'expansion du groupe nominal.

Deux points de vue s’opposent selon les ouvrages. La tradition scolaire analyse souvent comme apposition l’adjectif en position détachée. Au contraire, nombre d’auteurs (ex. : Grammaire du français, par Delphine Denis et al., Livre de Poche, coll. Les Usuels de Poche, Paris, 1994) préfèrent réserver ce terme aux éléments nominaux, qui sont co-référents au nom recteur, et utiliser pour l’adjectif l’expression « épithète détachée ». Les arguments sont aussi valables dans un sens que dans l’autre. Nous avons choisi de considérer que l’adjectif peut être apposé ; l’apposition, sous cet angle, est une fonction double : adjectivale, ou nominale, comme l’attribut : les deux fonctions partagent en effet nombre de caractéristiques.

Pour tenir compte des divergences, nous scinderons : l’apposition adjectivale, que l’on pourra appeler « épithète détachée », et l’apposition nominale.

C. 1 – L’APPOSITION ADJECTIVALE

Il s'agit d'un constituant de type adjectival : adjectif qualificatif, participe, syntagme à valeur adjectivale ; un adverbe peut plus difficilement se détacher en apposition :

La subordonnée relative en position détachée, sera considérée comme appositive :

Un adjectif apposé s'accorde en genre et nombre avec le nom recteur.

L’adjectif apposé se situe dans le contexte immédiat du nom recteur, détaché par la ponctuation (ou une pause orale) ; il se place indifféremment devant ou derrière le nom (dans ce dernier cas, il est entre deux virgules) :

Ce n'est pas une fonction essentielle. Sa suppression ne rend en aucune façon la phrase agrammaticale, ni le syntagme :

L’adjectif joue son rôle habituel de caractérisation ; pourtant, le fonctionnement de l’apposition n’est pas identique à celui de l’épithète :

L’apposition n’a pas un fonctionnement restrictif ; elle n’apporte qu’une précision supplémentaire, tout à fait facultative. Elle constitue une remarque, un élément de description, d’explication, etc., c'est-à-dire une sorte d’énoncé secondaire dans l’énoncé premier, un prédicat dont le thème est le nom recteur.

L’apposition ne s’utilise réellement qu’en langage soutenu, ce qui explique qu’on la trouve sous la plume des écrivains, très souvent sous celle des poètes, mais très peu dans le discours oral, où elle poserait des problèmes de compréhension ; elle nécessite une attention de l’interlocuteur ou du lecteur, attention que permet beaucoup plus facilement le discours écrit. Il ne faut jamais négliger l’aspect visuel de l’écrit, qui ne se contente pas de retranscrire les propos d’un locuteur : une apposition est détachée entre deux virgules, ou entre deux parenthèses, ou encore à l’aide des deux points ; cette forme graphique contribue fortement à la séparation des énoncés, qui se superposent, sur deux niveaux différents d’abstraction.

L’énoncé secondaire que constitue l’apposition se trouve lié par des rapports logiques à l’énoncé premier, ce qui lui confère bien souvent une valeur circonstancielle. Cette valeur sera mise en évidence par une transformation phrastique :