Plan :
A – Les parties du discours
B – Natures et emplois de que
C – Quelques notions théoriques
(surtout sur les pronoms)

A – LES PARTIES DU DISCOURS

Les parties du discours sont les différentes " natures " de mots (ou locutions) ; on dit aussi classes grammaticales ou catégories grammaticales.

On les analyse suivant les critères suivants :

morphologie : un mot est variable ou invariable ; les prépositions, adverbes, conjonctions sont invariables ; si un mot est variable, il peut l'être en genre et nombre comme l'adjectif ou les déterminants, ou en nombre seul comme le nom commun, ou en genre, nombre, personne, fonction, place, sens... comme certains pronoms.

contexte : certains autres mots se trouvant dans l'environnement immédiat de celui qu'on analyse donnent des indications : la présence d'un déterminant à gauche prouve qu'on a affaire à un nom commun ; la place du mot est indicative : une préposition introduit un groupe, ce que ne fait pas l'adverbe ; une conjonction de coordination a une place fixe, au milieu, etc.

syntaxe : les fonctions que le mot peut assumer sont caractéristiques ; par exemple, un adjectif n'a que 3 fonctions, il n'est jamais complément ; le nom (groupe nominal) peut occuper la quasi totalité des fonctions ; un mot qui n'a pas de fonction propre permet à d'autres d'en avoir une.

sémantique : une catégorie particulière possède des éléments de sens particuliers : le nom désigne une réalité concrète ou abstraite, l'adjectif sert à décrire cette réalité, l'adverbe apporte une modification de sens à un autre élément, etc.

1) Le nom :

— le nom commun :

— le nom propre :

2) L'adjectif qualificatif :

3) Le déterminant :

Sous-catégories : article (défini, indéfini, partitif) ; adjectifs possessif (mon, sa...) / démonstratif (ce, cette...) / indéfini (chaque, aucun, quelques, tous les...) / numéral ; cardinal ou ordinal / interrogatif (quel...?) / exclamatif (quel...!) / relatif (lequel + nc, très rare).

4) Le pronom :

Sous-catégories : pronoms personnel (je, il, le, lui...) / possessif (le mien, les leurs...) / démonstratif (ce, celui...) / relatif (qui, que, quoi, dont, où, lequel) / interrogatif (qui? que..? quoi? lequel?) / indéfini (chacun, tous, quelque uns, rien, personne...) / numéral (deux, trois / le premier...).

5) Le verbe :

6) L'adverbe :

7) La préposition :

8) La conjonction de subordination :

9) La conjonction de coordination :

10) Le présentatif, ou introducteur :

11) Le mot-phrase :

Les deux dernières catégories posent des problèmes d'analyse et de reconnaissance. Par exemple, on ne sait pas toujours très bien comment analyser une interjection.

 

B – NATURES ET EMPLOIS DE QUE

I - PRONOM

1) Relatif

Morphologie : contrairement à une idée reçue, le pronom relatif n'est pas invariable, il est variable essentiellement en fonction, et secondairement en sens ; qui est une forme sujet, que une forme faible, régime direct (COD, sujet réel ou attribut), quoi une forme régime indirect (préposition + complément), dont équivaut à de + complément (COI, complément du nom, complément d'agent...), exprime le lieu ou le temps, et lequel sert à tous les usages ; qui correspond à un élément humain quand il est introduit par une préposition, quoi toujours à un élément " chose ". Le pronom relatif ne porte pas lui-même de marques du genre, du nombre (sauf lequel) ou de la personne, mais il peut les transmettre, selon sa fonction : qui transmet l'accord comme un sujet ordinaire, que transmet éventuellement l'accord du participe passé avec un COD placé devant le verbe de la subordonnée.

Contexte : ce pronom introduit une subordonnée relative, et se trouve donc en tête de celle-ci. C'est une marque de subordination (il n'existe pas en dehors de cette situation de subordination).

Syntaxe : il assume une fonction nominale dans la subordonnée (que est COD, parfois sujet réel ou attribut). Il confère à la subordonnée une fonction de type adjectival (la subordonnée est épithète, apposée ou attribut de l'antécédent).

Sémantique : que est un représentant anaphorique total ; il possède un référent (contenu) exprimé : son antécédent situé juste devant lui dans la principale, élément nominal en principe.

Transformation : la subordonnée relative devient phrase si on remplace le pronom relatif par son antécédent.

2) Interrogatif

Morphologie : le pronom interrogatif est variable en sémantique (qui = humain) et secondairement en fonction ; que est une forme faible, régime direct, et représentant une chose (concrète ou abstraite), voire un animal. Que ne transmet pas de marques morphologiques.

Contexte : ce pronom est en tête de phrase, comme tous les mots interrogatifs, mais ce n'est pas un subordonnant, ni une marque de subordination. Que se trouve dans l'interrogation directe (forme renforcée : qu'est-ce que) ; il est remplacé par ce que dans l'interrogation indirecte, mais reste parfois tel quel : je ne sais que faire. En tête d'une subordonnée interrogative indirecte, ce que n'est pourtant pas une marque de subordination, ce n'est pas un pur subordonnant.

Syntaxe : il assume normalement une fonction nominale dans sa phrase (ou ce que dans sa subordonnée) : COD, ou sujet réel, parfois attribut.

Sémantique : que est un représentant au sens large, comme tous les pronoms, mais pas un remplaçant ; il possède un référent non exprimé, inconnu : c'est donc un nominal, représentant une chose. On peut le paraphraser par quelle chose...? La question posée porte sur lui, sur son contenu.

II - CONJONCTION

1) Conjonction pure

Morphologie : invariable.

Contexte : elle introduit une subordonnée conjonctive, et se trouve donc en tête de celle-ci. C'est une marque de subordination.

Syntaxe : elle n'assume aucune fonction. Elle confère à la subordonnée une fonction nominale.

Sémantique : elle ne possède aucun référent, et n'a pas de valeur sémantique.

Transformation : on transforme la conjonctive en phrase en supprimant simplement la conjonction. S'il y a une contrainte modale, celle-ci disparaît.

Variante : la forme ce que fait partie d'une locution conjonctive prépositionnelle (à ce que, de ce que, sur ce que...) et la subordonnée est COI, ou parfois complément d'un adjectif. Exemples :

Il veille à ce que tout soit prêt / Il se plaint de ce que tout ne soit pas prêt / Il est fier de ce que tout soit prêt.

2) Élément d'une conjonction circonstancielle

Même analyse d'ensemble ; en morphologie, on précisera que ce n'est que l'élément final d'une locution conjonctive ; en syntaxe, on parlera de fonction circonstancielle pour la subordonnée, qu'il faudra préciser en sémantique (ex : temps, cause...) ; exemples : avant que, aussitôt que, au fur et à mesure que, parce que, si bien que, bien que...

3) Que remplace une conjonction circonstancielle

Même analyse que dans le paragraphe 2.

Exemple : Viens ici que je t'embrasse ! (que = pour que)

4) Dans la coordination

Lorsque deux conjonctives sont coordonnées, que remplace la conjonction précédente, quelle qu'elle soit. Même analyse que précédemment, en précisant qu'il s'agit de coordination.

Exemple : Si le ciel nous tombe sur la tête et que nous n'ayons pas de casque...

III - ADVERBE

Morphologie : invariable.

Contexte : ce n'est pas un subordonnant. Il n'est pas mobile.

Syntaxe : il n'assume pas une fonction essentielle, mais circonstancielle ; il est supprimable.

Sémantique : il ne possède aucun référent. Sa valeur sémantique est forte (à préciser).

1) Exclamatif

Il est en tête de phrase (contexte) ; il s'analyse par rapport au verbe, à un adjectif, à un autre adverbe, ou à la phrase entière (syntaxe) ; il correspond à un degré, une intensité, (sémantique), et donne la tonalité exclamative de la phrase. Variantes : ce que...! ou qu'est-ce que...!

Exemple : Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! (= très joli, très beau)

2) Interrogatif (rare)

Il est en tête de phrase (contexte) et a un sens circonstanciel (ex : que = pourquoi).

Exemple : Que ne lui avez-vous répondu plus tôt ?!

3) Ne... que

C'est une corrélation adverbiale (morphologie) de restriction (sémantique). C'est l'équivalent de seulement.

4) Élément d'une corrélation adverbiale de comparaison

Cette corrélation (morphologie) introduit un complément du comparatif (contexte).

Son analyse prête à discussion, car on peut l'analyser aussi comme une conjonction, avec une subordonnée elliptique (plus grand que son frère = plus grand que son frère n'est grand).

IV - CAS PARTICULIERS

1) Introducteur du subjonctif

ex : Qu'il entre !

Morphologie : invariable.

Contexte : ce n'est pas un subordonnant ; il n'est pas mobile. Il se trouve en tête d'une phrase injonctive (impérative) ou optative (souhait).

Syntaxe : il n'assume aucune fonction et n'en confère pas.

Sémantique : il ne possède aucun référent. Il confère à la phrase une valeur injonctive ou optative. Son utilisation, avec celle du subjonctif, permet de construire une tournure qui correspond à une 3ème personne de l'impératif, forme qui n'existe pas en Français.

2) Déterminant exclamatif

ex : Que d'erreurs dans vos copies !

Morphologie : invariable (origine adverbiale).

Contexte et syntaxe : ce n'est pas un subordonnant ; il n'est pas mobile. Comme tous les mots exclamatifs, il se situe en tête de phrase. Son rôle est de déterminer le nom qu'il précède, de lui permettre de se réaliser dans une phrase (généralement elliptique d'un verbe faible sémantiquement : il y a) et d'y assumer une fonction.

Sémantique : il actualise le nom. Comme les indéfinis, il exprime une notion de quantité, et donne en outre la tournure exclamative de la phrase. Variante : Combien de...!

3) Explétif

ex : Oh! que non! / peut-être que... / heureusement que... / Si j'étais que de vous...

Il est inutile, et renforce simplement l'expression. Aucune analyse grammaticale.

 

C – Quelques notions théoriques

Un élément déictique prend son sens dans la situation d'énonciation (définie par moi / ici / maintenant). Ce sont tous les pronoms de 1ère et 2ème personne, qui s'utilisent dans le dialogue direct, ainsi que les possessifs (mon / le mien...) faisant référence à ces personnes ; et des adverbes ou locutions qui s'utilisent en situation : ici, maintenant, hier, la semaine dernière... Le pronom je correspond au locuteur ; le pronom tu, à l'allocutaire.

Un pronom anaphorique est un pronom remplaçant, qui reprend un élément placé devant lui, son antécédent.

Un pronom cataphorique annonce un élément placé derrière lui : " Elle est belle, ma salade ! "

Un pronom remplaçant peut remplacer de manière totale (sa coréférence avec l'antécédent est dite actuelle) ou partielle (sa coréférence est seulement virtuelle) ; dans ce dernier cas, on précisera de quelle manière il est complété, par exemple par un complément du pronom (celle de mes voisins [la maison]), ce qui se produit entre autres dans le cas de certains pronoms cataphoriques : un de mes amis.

Un pronom nominal n'est pas un remplaçant, il fonctionne seul, comme un nom ; il peut être déictique (je, tu, nous, vous), ou représenter un élément inconnu (le pronom personnel on, les indéfinis rien, quelque chose, les interrogatifs qui...? que...?).