LES GRANDES INVASIONS
(Carte reconstituée. Sources : Dictionnaire Hachette Encyclopédique, Grand Larousse Universel, Encyclopaedia Universalis)
Quelques points de repère :
Aux IIème
et IIIème siècles, les Barbares effectuent dans l'Empire Romain
de nombreuses excursions, sans jamais cependant s'installer de façon
définitive. En général, les Romains remportent la victoire
et repoussent les envahisseurs. Ainsi, Trajan (règne : 98-117), poussant
l'offensive, conquiert la Dacie (actuelle Roumanie), l'Arabie (actuelle Jordanie),
l'Arménie et la Mésopotamie jusqu'à la Mer Rouge.
Cependant, l'Empire est trop vaste, les frontières sont trop éloignées. 350 000 soldats doivent défendre 10 000 kilomètres de frontières. Les Barbares franchissent régulièrement les limes, ces lignes fortifiées prolongées et consolidées par Hadrien, successeur de Trajan.
Au IIIème
siècle, les ennemis attaquent en même temps des points éloignés,
et franchissent les frontières. La présence de mercenaires germains
dans l'armée romaine explique en partie cette facilité. Le déclin
démographique de l'Empire et l'indifférence de la bourgeoisie
romaine à l'égard du métier des armes expliquent cette
«barbarisation» de l'armée. Alamans et Francs passent le
Rhin, et dévastent la Gaule. Sur le Danube, les Goths écrasent
les légions romaines, et tuent même l'empereur Dèce. En
270, les Alamans sont en Italie, ils y sèment la terreur, au point que
l'empereur Aurélien fait édifier en hâte un nouveau rempart
autour de Rome. A cette époque, les mouvements de troupes et les destructions
propagent une terrible épidémie de peste. Les brigands et les
pirates font aussi régner une grande insécurité, coupant
souvent les routes commerciales. S'ensuit une grave crise économique.
Les empereurs se succèdent au pouvoir, vite assassinés. Une rumeur
enfle : les dieux sont fâchés contre Rome. On en accuse
les chrétiens, qui ne les honorent pas. Ceux-ci sont donc persécutés,
à partir de 250. Plus tard, la réorganisation de l'armée
par Constantin (307-337) lui permet de contenir les invasions. Constantin autorise
le christianisme ; il veut même rassembler l'Empire autour du drapeau
du Christ. Il abandonne Rome, trop exposée, au profit de Constantinople.
Il y a désormais un deuxième empire : l'Empire Romain d'Orient.
A la fin du
IVème siècle, l'arrivée brutale en Europe des Huns
chassés d'Asie provoque une gigantesque migration de peuples. L'empire
goth est disloqué. En 376, les Wisigoths franchissent le Danube. Pendant
l'hiver 406, les tribus germaniques passent le Rhin gelé. Ce sont à
peine quelques milliers de guerriers, suivis de femmes et enfants, mais ce sont
de redoutables guerriers. En quelques années, la partie Ouest de l'Empire
est envahie par les Francs, les Goths, les Alamans, les Burgondes, les Vandales
; ces derniers parviennent même jusqu'en Afrique. Rome est prise et pillée
à trois reprises, en 410, 455 et 472. En outre, en 451, Attila et ses
Huns envahissent la Gaule et menacent l'Italie, avant de se retirer.
Les invasions
ont mis en place des royaumes barbares : Anglo-Saxons en Bretagne, Francs
et Burgondes en Gaule, Wisigoths en Espagne, Ostrogoths en Italie et Vandales
en Afrique du Nord.
En 476 meurt le
dernier empereur, Romulus Augustule, après avoir régné
(si l'on peut dire) à peine un an. En fait, les derniers empereurs ont
été les marionnettes des rois barbares. A l'Est, l'Empire Romain
d'Orient survit sous le nom d'Empire Byzantin, pour un millénaire
encore.
Aux VIIIème
et IXème siècles, ce seront en Europe les invasions normandes,
celles des pillards scandinaves, qui s'appelaient eux-mêmes vikings,
avec leurs flottilles de barques à faible tirant d'eau. Vers 834, les
Norvégiens colonisent l'Irlande et le nord de l'Ecosse. A la fin du IXème,
ils decouvrent l'Islande, puis le Groenland, le continent américain,
où ils ne s'installent pourtant pas. Les Danois, eux, ravagent chaque
année les côtes d'Angleterre, où ils s'établissent.
A la mort de Charlemagne, ils remontent les fleuves du royaume franc, pillent
les villes et les abbayes. En 911, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte,
Charles III le Simple leur permet d'occuper la «Normandie»,
en échange d'une reconnaissance de suzeraineté. La conquête
de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066 (bataille d'Hastings)
est considérée comme une des dernières manifestations de
l'esprit viking.